France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Sortir de l’engrenage de la guerre : difficile mais vital !

« Les habitants (des quatre territoires ukrainiens annexés) deviennent nos citoyens pour toujours ! » proclama Vladimir Poutine devant un public en extase, scandant « Russia ! Russia ! ». En franchissant ce nouveau seuil de l’inacceptable, le président russe vient de rendre encore plus difficile le chemin vers l’indispensable cessez-le-feu. Comme il fallait s’y attendre, Volodymyr Zelensky a aussitôt répliqué que « l’Ukraine ne négociera pas avec la Russie tant que Poutine en sera le président », ajoutant qu’il allait signer une « demande d’adhésion accélérée à l’Otan » – deux objectifs qui, à leur tour, compliquent sérieusement la donne.

L’Ukraine dans l’Otan ? Le seul fait d’en évoquer l’hypothèse apporte inutilement de l’eau au moulin du courant le plus belliciste en Russie. Quant à l’attente d’un autre président de la Russie pour entamer des négociations, elle laisse plus que sceptiques maints observateurs des relations internationales en général et de la Russie en particulier. Ainsi, un responsable politique peu susceptible de faiblesse vis-à-vis de Moscou rappelait-il récemment que, « à chaque fois que l’Occident a voulu changer les régimes en place, ce fut une catastrophe » (1). Cela vaut pour la Russie, où, dans le contexte actuel, un éventuel remplaçant de Poutine n’apporterait pas la solution, car ce sont les nostalgiques de l’Empire, bien plus que les partisans de la paix, qui ont malheureusement le vent en poupe.

Le président français a, quant à lui, choisi ce moment pour réaffirmer que « la France se tient aux côtés de l’Ukraine pour (…) recouvrer sa pleine souveraineté sur l’ensemble de son territoire ». Disant cela, Emmanuel Macron a fait écho à l’ambition affichée il y a peu par son homologue ukrainien : « reconquérir tous les territoires occupés par la Russie en Ukraine », y compris la Crimée. En droit, il n’y a rien de plus légitime. Dans les faits, faire de cet objectif le préalable à l’arrêt des combats et à l’ouverture de discussions revient à s’installer dans la perspective d’une guerre longue, extrêmement coûteuse en vies humaines, aux multiples ramifications mondiales et à l’épilogue incertain, le pire ne pouvant être exclu.

À l’opposé de cette stratégie, il apparaît plus responsable de reconnaître que nous avons à faire face au problème le plus inextricable, néanmoins vital, d’un conflit dont la portée dépasse désormais largement le cadre russo-ukrainien : sortir coûte que coûte de l’engrenage de la guerre avant que la situation ne devienne totalement immaîtrisable. Cette option maintiendrait intact l’objectif de la défense de la souveraineté de l’Ukraine, dans un cadre global prenant en considération la sécurité de tous les pays du continent, mais par la voie politique et non militaire. Les grands perdants de cette stratégie seraient les ultranationalistes de tous bords, qui se nourrissent de la guerre pour assouvir leurs fantasmes. À l’inverse, on peut raisonnablement penser que le retour du politique pourrait progressivement rouvrir un espace à des forces progressistes aujourd’hui réduites au silence, à Moscou et ailleurs. « La paix a ses victoires, non moins célèbres que la guerre (2). »