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“SOS” : le nouvel album de SZA est éclectique, ambitieux et “sans aucun faux pas”

L’attente fut longue. Cinq ans après un premier album, Ctrl, déjà acclamé, SZA revient, vendredi 9 décembre, enfin avec un second, SOS, qui a conquis la presse américaine et britannique. Dithyrambique, Pitchfork juge l’album “riche, somptueux et plein d’ambition”, et le considère comme le meilleur du moment.

Le site américain de référence pense que SZA, ou Solána Rowe de son vrai nom, “conforte sa position d’artiste parmi les plus talentueuses de sa génération qui parvient à transformer ses sentiments les plus intimes en instants indélébiles”.

Le magazine spécialisé Rolling Stone parle, pour sa part, d’un “registre bluffant de mordant – aux boucles rythmiques chargées de pirouettes acrobatiques”.

L’isolement et la mélancolie

Même enthousiasme de l’autre côté de l’Atlantique pour l’Américaine de 33 ans. Bien qu’il souligne la longueur de l’album – comptant 23 morceaux –, The Guardian est d’avis qu’“il n’y a rien de trop, puisque la qualité est au rendez-vous à chaque titre”.

La capacité de l’artiste à ne pas s’enfermer dans du R’n’B classique, et même à se jouer des codes et des limites des styles musicaux, fascine le quotidien de Londres. Le journaliste Alexis Petridis décrit un opus “très éclectique”, avec des “titres qu’on dirait taillés sur mesure pour l’été” et d’autres, “comme le très abstrait Low, qui semblent émerger de l’épais nuage de fumée d’un joint, au beau milieu d’une longue période de détresse”.

Ce qui frappe aussi, c’est la vulnérabilité de l’artiste. La pochette de l’album dit déjà tout : SZA y apparaît assise seule sur le plongeoir d’un yacht, la mer en fond. Une image inspirée du fameux cliché de la princesse Diana, évoquant le sentiment d’isolement de la star, relate The Guardian. Le quotidien rappelle que la chanteuse a maintes fois évoqué sa fragilité et la possibilité d’arrêter la musique, ne supportant pas la pression de la célébrité et des maisons de disques. Peut-être de quoi expliquer la durée de l’album – “bien plus d’une heure” –, analyse le journal.

“Comme si l’artiste n’avait cessé d’ajouter toujours plus de morceaux et s’était jetée corps et âme dans ce projet, poussée par l’impression qu’il pourrait s’agir du dernier.”

Aussi extraordinaire que complexe

Pour Pitchfork, SZA possède un “talent extraordinaire” et rivalise d’inventivité. D’où sa capacité à dépasser la dichotomie entre les figures de “la femme forte et de la jeune fille mélancolique” en se livrant complètement. “SZA maîtrise l’art du monologue intérieur et parvient à transformer des pensées très personnelles en morceaux somptueux qui paraissent tout à la fois très intimes et invincibles, auxquels on peut aisément s’identifier.”

Et de noter que Solána Rowe n’hésite pas à dévoiler ses contradictions. “Pendant quelques secondes, elle donne l’impression d’être surpuissante, capable de conquérir le monde, et l’instant d’après, elle renvoie l’image d’une femme dépressive, qui passe toujours au second plan et sacrifie son propre bonheur pour des salauds”, résume le site américain.

Une complexité qui pourrait expliquer son succès pour The Guardian, jugeant qu’elle “paraît à la fois forte et torturée”, avec des paroles “souvent pleines de découragement”, qui alternent “désir de solitude” avec celui de validation. Mais c’est ce “mélange précis de confiance et de vulnérabilité qui suscite tant d’engouement pour sa musique et son personnage”, constate Pitchfork.

Travailler avec acharnement

Rolling Stone observe toutefois qu’elle transcende sa dévalorisation d’elle-même par un féminisme revanchard, comme sur le morceau Kill Bill, en référence au diptyque éponyme du réalisateur Quentin Tarantino.

L’artiste est par ailleurs unanimement perçue comme une acharnée de travail, ce qui se ressent dans cet opus. “Il n’y a aucun faux pas”, estime Rolling Stone, qui encense notamment “la bestialité caustique de Shirt, dont l’accroche est un condensé de ce qu’on aime tant chez SZA : l’insolence, l’ambiguïté”.

Et si sa fragilité et la pression de l’industrie musicale risquent de venir à bout de sa carrière, “sa disparition serait une perte pour la pop au vu de cet album – tout difficile d’accès qu’il soit”, tranche The Guardian.