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Soutenir la reconversion des sportives de haut niveau

Cela fait maintenant un an qu’Alexia Dubié a quitté les parquets du basket pour se consacrer à sa reconversion professionnelle, dans le domaine de la mode. Elle a lancé son site de vente en ligne de prêt-à-porter féminin, bijoux et objets du quotidien en mars 2022. Prochain objectif : ouvrir une boutique physique, d’ici un à deux ans.

C’est pour être accompagnée dans ce parcours d’entrepreneuse qu’elle a décidé de suivre le programme de mentorat tout juste créé par la Banque Palatine, destiné aux sportives de haut niveau préparant leur reconversion.

« Comme l’entrepreneur, un athlète a besoin de s’entourer d’une bonne équipe »

« Le sport féminin est sous-médiatisé par rapport aux compétitions masculines, regrette Patrick Ibry, directeur général délégué de la Banque Palatine. Cette situation est un peu le miroir de la vie professionnelle, où les femmes dirigeantes sont encore minoritaires. »

Le constat se vérifie aussi dans les reconversions des sportives. « Les hommes parviennent à mieux se reconvertir que les femmes, relève l’ancienne cycliste professionnelle Séverine Desbouys, qui a cocréé le programme aux côtés de Patrick Ibry. Les sportives ne valorisent pas autant leur parcours de haut niveau que les sportifs. Je ne sais pas s’il s’agit d’un frein culturel mais de fait, nous avons conçu ce programme pour “oser” avec et pour elles, pour que leurs parcours et compétences constituent le socle de réussite de leur projet », poursuit celle qui a créé DSC, cabinet de conseil en stratégie et intelligence économique.

Alexia Dubié fait partie de la première promotion. « L’entrepreneuriat m’a toujours fait envie, se souvient-elle, mais la mise en pratique est compliquée, et je ressens le besoin de bénéficier de l’expérience de mentors et d’acquérir des compétences. »

Au menu de ces neuf mois de mentorat : bilan de compétences, ateliers collectifs sur les bases de l’entrepreneuriat, rencontres individuelles pour approfondir et communiquer sur son projet, tisser son nouveau réseau professionnel… Pour Séverine Desbouys, le parallèle entre le monde sportif et l’univers de l’entreprise est très parlant. « Comme l’entrepreneur, un athlète a besoin de s’entourer d’une bonne équipe, et tout se joue pour lui dans l’action, sur le terrain. Les deux ont aussi besoin de savoir rebondir après un échec. »

Acquérir les codes de l’entreprise

La sprinteuse internationale Coralie Gassama, n’a pas encore, elle, raccroché les chaussures. « L’entrepreneuriat, je ne savais pas ce que c’était il y a deux ans, mais je réalise que cela correspond très bien à ma personnalité et à ma formation en management du sport. Je veux tout optimiser, pour maximiser mes chances au plus vite », raconte cette athlète qui a créé des semelles de protection pour pointes d’athlétisme.

Chaque sportive bénéficie des conseils des mentors du programme. Anne-Flore Maman Larraufie en est une. Cette saint-cyrienne reconvertie dans le civil, qui accompagne aussi d’anciens officiers, sait de quoi elle parle. « Dans l’armée, on vous dit quoi faire, comment et à quel moment… Quand vous vous retrouvez dans un monde plus “classique”, vous vous sentez un peu démuni, moins entouré. Sans parler des codes de la création d’entreprise… », témoigne celle qui est aujourd’hui directrice de SémioConsult et directrice académique à l’ESSEC.

Acquérir les codes de l’entreprise, c’est indispensable, renchérit une autre mentor, Françoise Derolez, du cabinet de recrutement et de conseil Grant Alexander. « Il faut savoir comment arriver sur un marché, adapter son projet si les premiers résultats ne sont pas à la hauteur… » Un esprit de transmission qui « parle » aux sportives.