France
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Suppression des vols intérieurs en France : « complètement absurde », dénonce le patron d'IATA

La décision de la Commission européenne aura-t-elle un impact significatif pour l'écologie ? Il est permis d'en douter, selon Willie Walsh, directeur général de l'Association internationale du transport aérien (Iata). Cinq jours plus tôt, la Commission européenne a validé la suppression de vols intérieurs français lorsqu'un trajet en train de moins de 2 heures 30 est possible, point emblématique de la loi climat de 2021. Cette mesure, qui se traduit dans les faits par l'interdiction des vols entre Paris-Orly d'une part et Bordeaux, Nantes et Lyon d'autre part, doit encore être formalisée dans un décret.

Mais, pour Willie Walsh, c'est « complètement absurde », a-t-il dénoncé, ce mercredi. « Si on éliminait tous les vols de moins de 500 km en Europe, typiquement visés pour les remplacer par des liaisons en train (...) on supprimerait 24% des vols en Europe. Mais les émissions de CO2 (du secteur aérien) ne baisseraient que de 3,84% », a-t-il plaidé, citant un rapport de l'organisme de surveillance du trafic aérien Eurocontrol. « Ces dirigeants politiques disent que la solution est de supprimer les vols courts : c'est complètement absurde », a-t-il ajouté face à des journalistes au siège de l'Iata à Genève. Les chiffres qu'il cite sont en accord avec ceux cités par l'ONG Transport & Environment (T&E), qui a estimé mardi que « l'interdiction des vols [courts] en France est une mesure symbolique qui n'aura malheureusement que très peu d'impact sur les émissions ». « Les gouvernements européens continuent d'ignorer la principale source d'émissions de l'aviation, à savoir les vols long-courriers, qui ne sont toujours pas tarifés ni réglementés », a déploré T&E, en plein débat à Bruxelles sur les émissions du secteur aérien et leur taxation.

Pour les opposants à la suppression des vols intérieurs, Paris a bel et bien reculé

Un « ciel unique européen »

Willie Walsh plaide plutôt en faveur du « ciel unique européen ». Cette réforme entamée il y a près de 20 ans, mais qui se heurte aux résistances de certains Etats, permettrait de passer d'un système d'organisation du trafic aérien épousant les frontières nationales à une zone cohérente où les trajectoires des avions se rapprocheraient de la ligne droite. En d'autres termes, de mutualiser les systèmes de contrôle à la circulation aérienne afin de les rendre plus efficaces. « Cela réduirait les émissions de 10% du jour au lendemain », a martelé celui pour qui le débat sur les émissions de l'aérien « doit être fermement ancré dans la réalité des données ». C'est, en effet, le chiffre mis en avant par la Commission européenne : « 10% de carburant pourrait ainsi être économisé sur chaque trajet, les temps de vol seraient raccourcis et le gain financier se situerait entre 2 et 3 milliards d'euros par an ». L'institution souligne d'ailleurs que les Etats-Unis « contrôlent un espace aérien de même taille, avec un trafic plus dense, pour un coût presque deux fois moins élevé ».

Interrogé lors du Paris Air Forum organisé par La Tribune et ADP en juin 2022, Willie Walsh avait également avancé la solution du carburant durable. « Alors que le carburant durable est 2,7 fois plus cher que le kérosène, les compagnies sont très intéressées, la preuve, elles s'arrachent la totalité du carburant durable produit. Il s'agit d'en produire plus. Et les compagnies pétrolières doivent s'y mettre », avait-il rappelé. Les solutions à base d'hydrogène ou d'électricité ne peuvent, elles, se concevoir que pour des vols court et moyen-courriers, dont le patron d'Iata avait réaffirmé la nécessité.

(Avec AFP)