France
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Sur la dette comme sur le déficit budgétaire, le léger mieux prouve surtout que la baisse d’impôt augmente les recettes fiscales

La France a tout intérêt à continuer à donner des signes d’amélioration de la compétitivité et de l’attractivité.

© PHILIPPE HUGUEN / AFP

Atlantico Business

Les chiffres de la croissance ne sont pas nuls, le déficit de l’État et l’endettement global reculent. Donc tout va mieux mais ça prouve seulement qu’il faut continuer la prescription. Quoi qu’il en coûte politiquement.

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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Les chiffres de la macroéconomie publiés hier, un peu avant le démarrage de la manifestation contre la réforme des retraites, prouvent quune chose :  le président de la République na aucun intérêt à céder sur ses projets de réforme. Peut-être améliorer la posologie mais pas la prescription.

Les résultats de lexercice 2022 sont bons. Enfin, ils sont meilleurs que ce qui était prévu par Bercy, ils sont surtout meilleurs que ce quon craignait.  Ils permettent despérer 1% de croissance en 2023 alors que la Banque de France annonce une performance plus faible 0,8%. Comme la Banque de France na jamais débordé doptimisme, ça reste mieux que ce quon attendait. Enfin, plus exactement moins pire.

Même si lannée 2022 a été traversée par un choc inflationniste en retour du rebond de l'après covid, par la guerre en Ukraine, par un choc sur l’énergie et une hausse des taux dintérêt, la croissance économique est restée positive… Mais surtout, les deux indicateurs qui sont les véritables signaux dalerte de la situation dans la maison France se sont légèrement améliorés :

- Le déficit budgétaire sest inscrit à 4, 7%. Le gouvernement garde sa prévision à 5% qui sera aussi confirmée pour 2023. Le déficit budgétaire est annoncé en baisse à 158 Milliards en 2023. Et  Bruno Le Maire vient de confirmer lengagement pris de tout faire pour revenir à la norme de 3% en 2027 .

- Sur lendettement, selon les chiffres publiés par lInsee, la dette publique s'est résorbée à 111,6% du produit intérieur brut en 2022, ne dépassant pas le seuil de 3.000 milliards d'euros. Là encore, rien de glorieux mais cest mieux que ce qu’on craignait.

Au gouvernement et notamment à Bercy, on a donc raison de se réjouir des améliorations qui indiquent une tendance. Le pouvoir politique ne manque pas dexplications.

Il est évident que la politique du « quoi quil en coute » pendant le Covid a porté ses fruits en protégeant les actifs de production qui ont pu redémarrer très vite dès la sortie du confinement. Le système et les entreprises ont donc su profiter de la reprise et surtout du rattrapage. D’où le rebond . Et cest ce rebond qui a été cassé par linflation, que la reprise dans le monde  a dailleurs boostée.
Cela étant, laction du gouvernement, la solidarité de l’Union européenne et la résistance des entreprises : cette combinaison explique lamélioration des résultats.

Mais tout  cela reste fragile quand on se compare à nos voisins et partenaires de l’Union européenne. Fragile parce que la structure des dépenses publiques et la dette restent très lourdes. Rien quen trésorerie, la dette  coute plus de 60 milliards en frais financiers.

Au niveau des dépenses de l’État, le montant des crédits alloués pour 2023 est encore de  480 milliards deuros ( éducation, santé et défense se taillent la part du lion).

Les recettes de l’Etat  seraient de 320 Milliards ( doù un déficit probable de 160 milliards ). Quand on entre dans le détail, on constate que les dépenses ont moins augmenté ( très légèrement ), que les recettes dimpôts ont bondi alors que les taux dimposition nont pas bougé, sauf pour les entreprises où les taux ont baissé.

Alors que les taux dimposition sur les bénéfices des entreprises ont historiquement baissé de 33% à 25% (et c’était effectif sur l'exercice 2022 ); les rentrées fiscales liées à l 'IS ont atteint 62 milliards deuros.

Deux fois ce quil représentait avant le Covid. Mais 62 milliards, cest le taux le plus élevé de lhistoire de la France moderne.

En bref, limpôt sur les bénéfices des entreprises redevient un des impôts stratégiques avec la TVA (dont le montant est indexé sur la consommation intérieure). 

Du coté de la consommation, pas dexploit parce que la consommation sest tassée.

Du côté de limpôt sur le revenu, pas de mystère. Le rendement de lIRPP a augmenté grâce à linflation qui a poussé un peu les salaires mais là encore pas de miracle. Le rendement de lIRPP a augmenté parce que le taux demploi a augmenté.

Plus de croissance, cest plus demplois donc plus de salaire et par conséquent plus de prélèvements sociaux et plus dimpôts.

Globalement, l’équation budgétaire reste déséquilibrée doù la nécessité de continuer à emprunter mais à des conditions soutenables.  Le taux dintérêt nest pas pénalisable.

La crédibilité de la France sur les marchés financiers reste forte pour des raisons quil va falloir protéger et même renforcer.

1 ; ladhésion à l’impôt reste très forte. Nous sommes en Europe ceux qui payons le mieux et le plus dimpôt alors que nous sommes a priori les plus allergiques à l’Etat et à son administration. En dépit des cris et des pleurs, nous payons l’impôt. Ce qui nest pas vrai partout en Europe.

2 . La baisse du taux de fiscalité pour les entreprises a enrichi les moteurs de la création de richesses.  Les entreprises sont plus nombreuses, elles produisent, embauchent et gagnent plus quavant la baisse historique de lIS a 25%, doù les recettes accrues de lEtat.  

Conclusion :  la France a tout intérêt à continuer à donner des signes damélioration de la compétitivité et de lattractivité. Elle a tout intérêt à contribuer à soutenir sa crédibilité sur les marchés pour pouvoir continuer à emprunter de largent. Le soutien de la crédibilité passe par un assainissement de ses dépenses budgétaires. Quitte à lever 230 milliards deuros par an, mieux vaut essayer de le faire le moins cher possible avec une garantie de retour en croissance.  

- Dune part , dépenser moins, sans doute, encore quil faudrait surtout transférer les dépenses sur linvestissement plutôt que de continuer à les entasser sur le fonctionnement.  Cest très certainement plus créateur de richesses et demploi.

Dautre part, donner des garanties tangibles de réformes structurelles génératrices de croissance ou d’économie de dépense. Ressortir les courbes de Laffer et générer plus de rentrées fiscales en imposant moins et engager une politique systématique de désengagement de l’État.  La réforme des retraites était un test. Cest la raison pour laquelle lexécutif ne peut pas labandonner. Abandonner la réforme des retraites aurait couté beaucoup plus cher que le déséquilibre actuel et futur du système.  

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