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Sur sa feuille de route, la CGT veut panser ses plaies

Une déflagration qui révèle la profondeur des débats qui traversent la CGT. Mardi, les congressistes ont rejeté le rapport d’activité par 50,32 % des voix. Une première depuis l’après-guerre, alors que la Confédération est à la pointe de la contestation contre la réforme des retraites. Ce mercredi, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), les délégués mesuraient la situation inédite dans laquelle est plongée la centrale, à l’ouverture des discussions sur le document d’orientation. La première réponse à cette situation a consisté à désamorcer progressivement les tensions en laissant s’installer un débat ouvert entre la tribune et la salle sur les amendements, y compris ceux qui avaient été de prime abord écartés. « Ce 53e congrès est celui de nos syndicats, et non des fédérations ou des unions départementales (UD), observe Frédérique Lehu, de la CGT services publics. La CGT ne se résume pas à son secrétaire général, mais aux valeurs et aux batailles que nous partageons. »

La mesure 29 au cœur de la discussion

Ce premier jour du débat d’orientation, qui se prolonge ce jeudi, a permis d’éclaircir la nature des questions qui ne font pas consensus dans la CGT. Notamment sur le collectif Plus jamais ça, regroupant des associations environnementales comme Greenpeace et Alternatiba, aux côtés de la CGT, autour de 34 mesures pour un plan de sortie de crise durant le Covid. Au cœur des discussions, la mesure 29 qui indique : « Aucun investissement public ou garanti par l’État ne doit soutenir le secteur des énergies fossiles, ni le développement de nouveaux projets nucléaires et des industries fortement polluantes. » « Nous sommes tous pour respirer un air sain, et les salariés des industries sont les premières victimes de la pollution. Mais l’écologie punitive nous impacte quand une activité ferme », mesure Christophe Claret. Le syndicaliste de la CGT des ports & docks de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) fait écho au sort de la centrale à charbon de Gardanne, en dénonçant le « mutisme de la direction confédérale » au moment de sa fermeture en 2021. «  Derrière Plus jamais ça, le débat posé est celui de notre syndicalisme, confie Olivier Mateu, secrétaire général de l’UD des Bouches-du-Rhône. La réflexion sur l’arrêt d’une filière industrielle doit s’accompagner de celle sur une transition, sinon les travailleurs choisiront entre mourir avec des poumons noirs ou mourir le ventre vide. » Plus largement, le prétendant à la succession de Philippe Martinez affirme que la direction sortante a « versé dans le syndicalisme d’accompagnement et de lobby ». Pour Olivier Mateu, la démarche de discussion avec des associations de la société civile « n’est pas problématique », mais celle de s’exprimer d’une même voix avec l’ONG entraîne, selon lui, la CGT à « ne plus être elle-même ».

Le problème n’est pas « le quoi faire mais le comment »

Le désaccord avec l’engagement de la CGT dans Plus jamais ça est également pointé par Sébastien Menesplier, qui déplore le manque de débats à ce sujet au sein de la centrale. « Nous ne disons pas qu’il ne faut pas s’ouvrir aux autres, mais pour y arriver, il faut une orientation partagée et discutée », déclare à l’Humanité le secrétaire général de la CGT mines-énergie. En plein mouvement social, la Confédération est plongée dans un exercice pratique grandeur nature, alors que la prochaine date de mobilisation de l’intersyndicale est fixée au 6 avril. « Que faisons-nous durant dix jours ? » interroge Sébastien Menesplier, dont le syndicat, avec quatre autres fédérations (cheminots, ports & docks, verre & céramique, chimie), a impulsé des reconductions de la grève depuis le 7 mars. Mardi, Philippe Martinez a relayé la proposition de l’intersyndicale d’une médiation avec le gouvernement. Un choix qui a fait réagir parmi les intervenants au congrès. Pour Bertrand Hammache, de la CGT RATP, le problème n’est pas « le quoi faire mais le comment. Il ne peut pas y avoir de conquête sans conquérant ! a lancé le syndicaliste. Face à un gouvernement qui nous a déclaré la guerre, chaque jour, nous la menons pour la gagner ». Pour le secrétaire général de la CGT mines-énergie, « jusque-là, notre mot d’ordre était de ne pas aller dans les ministères. Une rencontre avec Élisabeth Borne, on peut en discuter. Mais sur quelle base » ? Critique sur la démocratie interne, Sébastien Menesplier souligne le travail « remarquable » de la commission sur le texte d’orientation. Signe d’une retombée des tensions, le débat s’est déroulé dans une ambiance fraternelle et apaisée, mercredi, aboutissant à l’adoption à 78,3 % des voix de la première partie du texte d’orientation. Dans la soirée, le comité confédéral national (CCN) devait se réunir pour définir un exécutif, composé de 60 à 66 noms, à soumettre au vote des congressistes, ce jeudi.