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Textile : l’industrie bretonne recrée des emplois mais a du mal à recruter

Des vêtements aux voiles de bateaux en passant par les accessoires de mode, les usages du textile sont multiples. Après des décennies de désindustrialisation, la filière se relance et profite de l'évolution du comportement d'achat des consommateurs. Portée par les leviers du « Made in France » et de l'innovation, l'industrie textile, cuir et habillement en Bretagne fait remonter d'importants besoins en emplois.

Fort de plus de 3.000 salariés répartis dans près de 350 entreprises, le secteur représente moins de 2% de l'emploi industriel breton et 0,4% des effectifs salariés totaux, mais connaît un rebond : entre 2015 et 2021, il affiche une hausse de 16% de ses effectifs. Sur la même période, le nombre de TPE/PME a grimpé de 9%, plus forte hausse enregistrée en France après la Corse.

« Ce sont 400 salariés supplémentaires par rapport à 2015 » relève une étude de la CCI Bretagne, publiée fin novembre et menée en juin auprès de la filière avec le concours de Mode Grand-Ouest.

« Dans ce contexte favorable, 95% des dirigeants d'entreprises interrogés anticipent une croissance ou une stagnation de leur activité. Sur l'ensemble de la filière, pas moins de 1.164 projets d'embauche sont recensés dans les 24 prochains mois » ajoute la CCI.

Les problématiques d'augmentation des coûts de l'énergie, d'approvisionnement et des transports ne freinent pas ces objectifs.

Difficultés de recrutement, une entrave au développement

 « Bien que moins marquées en juin au moment de l'enquête, les questions d'inflation dans l'énergie ou l'approvisionnement, ne changent pas fondamentalement les prévisions » assure à La Tribune, Nathalie Boursier, cheffe de service Information économique et territoires de la CCI Bretagne.

« Elles avaient déjà engendré des réflexions sur des sujets comme la rentabilité, la relocalisation de certaines activités, les stratégies d'approvisionnement...Les besoins en main d'œuvre de la filière sont portées par une hausse d'activité. La problématique de recrutement est prioritaire pour ces entreprises. C'est le premier frein au développement de leur activité. »

78% des besoins recensés concernent la fonction de production. Alors que la filière, très majoritairement composée de TPE, devra embaucher près de 450 couturiers dans les 24 prochains mois, les métiers de coupeurs, couturiers, piqueurs ou encore maroquiniers sont particulièrement en tension. Malgré un niveau d'étude attendu ne dépassant pas le baccalauréat (CAP et BEP compris), ils attirent peu de candidats.

La chaussure en plein boom à Fougères

Pour les attirer, la filière textile bretonne, dont l'image souffre d'une localisation géographique entreprises souvent éloignée des centres urbains, mise sur la formation professionnelle, initiale et continue, sur une intensification des relations avec les établissements scolaires et les universités et sur une meilleure structuration interne.

Dans un paysage où seulement 2% des établissements comptent plus de 100 salariés mais 50% des effectifs, cette croissance des emplois est portée par l'industrie du cuir et de la chaussure (+158,1% en 7 ans).

« La part des fabricants d'articles de voyage, maroquinerie et sellerie (chaussures, ceintures portefeuilles, sacs...) dans l'emploi total de la filière a doublé en 6 ans passant de 14% à 30% » relève l'étude.

Spécialisées dans le luxe, les entreprises Ateliers de Vitré et Bagages France Luxe, en cours de recrutement à Fougères et Liffré, emploient plus de 100 personnes.

Selon la CCI Bretagne, la zone d'emploi de Fougères est l'une des deux plus actives en Bretagne. Avec celle de Quimper, elle concentre, 51% des effectifs salariés de la filière textile, pour 18% des établissements. C'est en Finistère que sont établies les entreprises et gros employeurs de l'habillement, à l'image d'Armor Lux, Guy Cotten, mais aussi d'Orca Accessoires et des Ateliers Fim (prêt-à-porter de luxe).

Impression 3D sans déchet et le retour du lin

De plus petite taille, les usines des fabricants de textile (voiles de navires, coussins, bâches, linge de maison...) n'excèdent pas 100 salariés. L'étude recense 176 établissements pour 730 emplois parmi lesquels des marques connues comme À l'aise Breizh et d'autres entreprises telles North Sails et la jeune société 3D-Tex.

Installée à Saint-Malo, la PME d'une trentaine de personnes se positionne sur un marché de la mode en expansion avec l'objectif de relocaliser en France une partie de la production textile de pulls et bonnets. Tricotés en 3D, ils sont sans couture et donc quasiment sans déchets.

3D-Tex a fabriqué plus de 50.000 pièces cette année pour un chiffre d'affaires d'environ 1,4 million d'euros. Afin de satisfaire sa clientèle nationale (Bonobo, Eram, Auchan, Le Slip français, Décathlon), elle ambitionne de tripler ou quadrupler sa production et compte employer 80 à 100 personnes à l'horizon 2025.

En parallèle, de nouveaux projets émergent comme celui des deux jeunes entrepreneurs, Xavier Denis et Tim Muller, qui viennent de créer Linfini, nom d'une future filature de lin établie près de Morlaix. Alors que la France ne compte que trois filatures de lin, communément exporté pour être filé, les entrepreneurs souhaitent relocaliser ce savoir-faire afin de produire des filets pour les légumes, du textile pour l'hôtellerie, des sacs.

Linfini pourrait filer 600 tonnes de lin en 2024, 900 tonnes en 2027 et employer au minimum 23 personnes. Dans un premier temps, la matière végétale proviendrait du teillage normand puis de teillages locaux.