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« The Last of Us » ou comment faire du neuf avec du mort-vivant

Adaptation impeccable d’un très bon jeu vidéo, la série de zombies signée HBO figure déjà parmi les incontournables de 2023, séduisant critique et public.

Par Benjamin Fau
Pedro Pascal (Narcos, Oberyn dans Game of Thrones, The Mandalorian...) et Bella Ramsey (decouverte dans Game of Thrones) se glisse a merveille dans les Converse de la jeune Ellie.
Pedro Pascal (Narcos, Oberyn dans Game of Thrones, The Mandalorian…)  et Bella Ramsey (découverte dans Game of Thrones) se glisse à merveille dans les Converse de la jeune Ellie. © HBO

Temps de lecture : 4 min

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Avant son lancement il y a deux semaines, on pouvait décemment émettre des doutes sur The Last of Us. Tout d'abord, il s'agissait d'une adaptation de jeu vidéo, pratique éminemment casse-gueule qui nous a donné beaucoup plus de Mortal Kombat I et II ou de Resident Evil (n'importe lequel) que de Arcane (chef-d'œuvre d'animation sorti l'année dernière sur Netflix) ou même de Silent Hill. Ensuite, et peut-être plus inquiétant encore : The Last of Us est une histoire de zombies. Et en 2023, après deux années de pandémie anxiogène et une cohorte sans fin de productions médiocres et dépourvues d'originalité, les histoires de zombies ne sont plus à la mode. Résultat ? Deux épisodes, deux masterclass. On a du mal à y croire tellement c'est réussi. Et, en plus, beaucoup de potentiel pour la suite.

Pourtant, sur le papier, l'histoire de The Last of Us ne fait plus forcément rêver en 2023 : un homme meurtri dans un monde post-apocalyptique dominé par un régime militaire et la crainte des « infectés », une adolescente qu'il est chargé à contrecœur d'escorter à travers le pays vers un avenir incertain, une lutte perpétuelle pour la survie, face au danger représenté par l'épidémie mortelle, mais aussi, et peut-être surtout, contre ce qu'il reste de l'humanité. Car, on ne l'a que trop bien compris après plus de dix ans de The Walking Dead (qui vient de tirer sa révérence), l'homme est le pire des loups pour l'homme, etc.

Rien de neuf côté ingrédients, donc, même pour qui n'a pas joué au jeu vidéo. Et pourtant, la magie opère. En à peine deux épisodes, The Last of Us s'affirme bel et bien comme la nouvelle référence du genre. L'œil le moins exercé est, comme souvent chez HBO, immédiatement frappé par la qualité générale de production. The Last of Us sait garder le meilleur du jeu dont il est tiré : ses décors souvent grandioses, comme ceux de la ville en ruine de l'épisode 2, sont magnifiés ; la musique envoûtante, signée du compositeur argentin Gustavo Santaolalla, est parfaitement réutilisée.

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Quant aux acteurs, ils font rapidement oublier leurs modèles vidéoludiques : Pedro Pascal (Narcos, Oberyn dans Game of Thrones, The Mandalorian…) change décidément en or tous les projets auxquels il participe (bon OK, sauf Wonder Woman 84 !) et Bella Ramsey (découverte dans Game of Thrones) se glisse à merveille dans les Converse de la jeune Ellie, parfois badass, parfois agaçante juste comme il faut. Et en attendant Nick Offerman (Parks and Recreation) annoncé pour l'épisode 3, la trop rare Anna Torv (Fringe, Mindhunters) joue à la perfection sa partition de second rôle de luxe, d'une intensité de chaque instant, jusqu'à un final d'épisode qui risque bien de rester dans pas mal de mémoires un peu traumatisées.

Autant d'émotion que de grand spectacle

Ce qu'il y a peut-être de plus fascinant avec ces deux premiers épisodes, c'est de sentir à quel point The Last of Us en garde encore sous la pédale. Certes, dans les grandes lignes, le récit est jusqu'à présent demeuré très proche de celui du jeu vidéo, y compris dans ses clichés. Mais le potentiel du monde que l'on devine hors champ semble immense, et, pour l'instant, les changements remarquables par rapport au récit original sont tous pour le meilleur. Ainsi de l'utilisation du mycélium particulièrement repoussant d'un champignon ultra-invasif comme vecteur de l'apocalypse, ou de quelques allusions encore cryptiques à la situation extérieure (celle du frère de Joel, notamment). Le récit restera très certainement centré, comme celui du jeu, sur la relation complexe et touchante entre Joel et Ellie, mais il est très probable que la série, forte des neuf épisodes annoncés pour sa première saison, nous réserve des surprises et emprunte des chemins de traverse inédits.

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Une des grandes forces de The Last of Us (le jeu) était sa capacité à nous briser le cœur, à nous le retirer de la poitrine, à le découper en petits morceaux et à nous le faire déguster avec des fèves et un excellent chianti. Faisons confiance aux deux showrunners de la série, Neil Druckmann (scénariste et coréalisateur du jeu original) et Craig Mazin (Chernobyl) pour marier le meilleur des deux mondes : la puissance de l'émotion intime et le spectaculaire propre à la grammaire sérielle, dans son rythme et son imagerie. Mais, dès à présent, il est difficile de ne pas être optimiste. On aura rarement eu autant l'impression, au bout de deux petits épisodes, qu'une série nous dit : ce n'est que le début et, croyez-moi, « vous n'êtes pas prêts pour ce qui va arriver ».

Depuis le 16 janvier, The Last of Us est disponible en France tous les lundis sur Prime Video, à raison d'un épisode par semaine.

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