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« The Walking Dead » : Les zombies vont-ils enfin connaître le repos éternel (et nous avec) ?

La fin du monde, c’est long, surtout sur la fin. L’apocalypse zombie narrée dans la série culte The Walking Dead touche à sa fin. La troisième et dernière partie de la onzième et dernière saison (vous suivez ?) débute dimanche (et dès lundi 3 sur OCS). Sera-t-on pour autant débarrassés des morts-vivants ? Pas sûr. Déjà, la franchise The Walking Dead a fait plein de petits.

Il y a eu le spin-off World Beyond - mort né après 2 saisons - et Fear The Walking Dead, qui reviendra nous hanter en 2023 avec une saison 8. Et puis il y aura bientôt une autre série centrée sur le duo de personnages Carol et Daryl, et aussi une série d’anthologies, Tales of The Walking Dead. L’invasion zombie est donc loin de s’achever. Quand on vous disait que la fin du monde serait longue…

All-In sur les zombies

Mais surtout, l’ancienne série la plus piratée de tous les temps (elle a depuis été battue par Game of Thrones, série mettant elle aussi en scène des zombies…), qui faisait l’événement à chaque épisode à ses débuts, a été un phénomène de société aux répercussions bibliques. On exagère à peine…

Films, séries, BD, jeux, goodies… La mode des zombies a tout emporté sur son passage. Depuis le lancement de The Walking Dead en 2010, le zombie est devenu une valeur refuge pour tous les créateurs. Prenons l’exemple du jeu de plateau Zombicide…

Les zombies sur un plateau

A l’origine destiné à un petit cercle de collectionneurs de figurines de zombies, le jeu participatif (tous les joueurs jouent contre les zombies) est devenu un jeu culte qui a connu de multiples extensions et une toute nouvelle édition au design et aux règles améliorées.

Les figurines du jeu Zombicide mettent aussi en valeur les survivants, et pas seulement les zombies
Les figurines du jeu Zombicide mettent aussi en valeur les survivants, et pas seulement les zombies - Asmodée

A travers des appels à financements participatifs, les créateurs ont mobilisé des millions de joueurs (et de dollars). Pourtant pas forcément destiné au tout public (tout comme The Walking Dead d’ailleurs), Zombicide est encore parmi les jeux les plus vendus au monde en 2022.

Une autre apocalypse est possible

Avec ces succès mastodontes et les milliers d’autres créations qui mettent en scène des zombies, va-t-on finir par se lasser des morts-vivants ? Après tout, l’émission District Z sur TF1 a été un flop. Et Netflix a été contraint d’annuler la série Resident Evil après une première saison catastrophique

« On sort d’une décennie marquée par The Walking Dead et des licences créatives qui exploitent les zombies. Je pense que ça va continuer mais en termes de créativité, je me demande si on n’a pas fait le tour, estime Anthony Bruno, responsable de la communication chez Black Book Editions, éditeur de jeux de rôle. Il y a plein de jeux qui racontent l’apocalypse d’autres manières plus originales. »

Zombies, un nouvel espoir

Dans sa romance Veggy vs Zombies, l’autrice Lydie Wallon a voulu donner une nouvelle chance à la figure du zombie et a imaginé une mise en abyme avec un personnage de zombie féminin geek… « Je suis née dans les années 1980 et j’ai toutes ces références à la pop culture que j’ai données à mon personnage : Tolkien, les comics, Jurassic Park… J’ai imaginé un personnage de zombie, geek et autiste, qui résiste à ses instincts cannibales et veut aller vers l’autre, s’intégrer. Le zombie est pour moi le prétexte à parler de différence, d’acceptation, et d’autres sujets de société. Chez moi, le virus zombie se transmet par la viande par exemple. »

« Il est bien pratique le zombie, confirme Karim Berrouka, auteur du roman Le club des punks contre l’apocalypse zombie. Ce n’est pas un personnage très intéressant parce qu’il incarne la terreur pure et qu’on ne peut pas en faire grand-chose. Mais c’est un super bon faire-valoir pour raconter plein de choses. Dans mon roman, j’ai choisi un groupe de survivants pas du tout intéressés par la survie, par le fait de se choisir un chef et d’organiser la lutte. Les punks, ils s’en foutent de tout ça. No future ! Pour eux, la fin du monde est une chance à saisir. »

Peur d’aujourd’hui, zombie d’hier

Pour les deux romanciers, le zombie mérite mieux que la seule incarnation post-Romero à l’œuvre dans The Walkind Dead. « On ne peut pas se lasser des zombies ! C’est un personnage un peu grotesque mais merveilleux, c’est un porte-plat pour parler des pires défauts de l’être humain, explique ainsi Lydie Wallon. Il permet par exemple une critique de la société de consommation : le zombie n’a qu’un seul but, manger sans satiété. Il évoque notre société qui nous abreuve de tant d’images et d’informations qu’on en oublie de penser. »

Les zombies de The Walking Dead font leurs adieux dans la saison 11
Les zombies de The Walking Dead font leurs adieux dans la saison 11 - AMC

Karim Berrouka analyse aussi la force de la figure du zombie à l’aune de l’actualité de nos peurs : « Plus on se méfie des autres, plus le zombie a du succès… Le zombie, c’est le voisin louche dont tu te méfiais et qui devient un monstre. Les histoires de zombies racontent notre rapport à l’altérité, la peur de l’étranger. »

Les morts-vivants aiment les mauvaises nouvelles

L’été caniculaire 2022 est aussi un climat propice à l’expansion de la pensée zombie, selon Anthony Bruno, de Black Book : « On traverse une décennie où la notion de fin du monde, qui a longtemps été considérée comme un délire de science-fiction, avec des mondes post-apocalyptiques à la Mad Max, est devenue plus… réelle. Le changement climatique fait que parler d’effondrement de la civilisation et d’écroulement de nos modèles, c’est devenu une sorte d’évidence. Le zombie est une expression symptomatique de ça. Là où c’était original et transgressif d’utiliser cette figure, c’est aujourd’hui banal. »

Et oui, qui dit nouvelles angoisses existentielles (montée des extrémismes, péril climatique…) dit avenir radieux pour les zombies qui peuvent incarner toutes les peurs liées, par exemple à l’invasion de l’Ukraine par la Russie ou aux pandémies…

Jeu du chat et du zombie

A part les parents peu inspirés au moment de déguiser leurs gosses pour Halloween, il y a quelqu’un d’autre qui se réjouit de cette survivance du zombie. Paul Chiozzotto est le co-créateur des événements Zomb’in the Dark, une « course d’orientation en territoire zombie. » Depuis 2014, l’entreprise a grossi et organise plusieurs événements par an, réunissant 650 participants à chaque fois. Le principe : une sorte de jeu du chat et de la souris géant avec une partie des joueurs grimés en zombie, dans des lieux désaffectés et angoissants à souhait.

Une participante à la Zomb'in the dark (qui ferait bien d'aller chez le dentiste)
Une participante à la Zomb'in the dark (qui ferait bien d'aller chez le dentiste) - Arnaud Marie

« On est les enfants de la vague énorme de popularisation de la figure du zombie., reconnaît Paul Chiozzotto. On a eu la chance d’arriver au bon moment avec la bonne idée. Pour être honnête, on ne pensait pas que ça durerait, on pensait que les gens se lasseraient des zombies… »

Des zombies walks au zombie woke

Misant, comme pas mal de productions culturelles post-The Walking Dead, sur un subtif mélange entre peur et humour, les Zomb’in the Dark « visent le très grand public là où les zombie walks et la production contre-culturelle autour de la figure du zombie étaient destinées à un public averti, voire expert. »

Le zombie a ainsi réussi l'exploit de réconcilier les membres de la grande famille de la pop culture : les nerds experts, les ados connectés, les boomers gênants… En témoigne l’enthousiasme généralisé autour de l’adaptation en série du jeu vidéo d’auteur (mais à succès) The Last of us.

Pour Paul Chiozzotto, « le zombie permet une représentation de l’altérité moins problématique que les méchants russes ou les méchants améridiens » des œuvres du passé. « Le zombie est un ennemi fictif, si proche et si loin de nous… Je ne sais pas s’il existe une figure qui puisse autant se renouveler. »