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« Tours de force », une série élégante de contre-attaques

Dans la revue « Mémoire universelle », le styliste Benoît Bethume et le photographe Marc Hibbert détournent avec malice les images des guides d’autodéfense.

Coup de poing, clé de bras, croche-pattes… « Tours de force », une série photographique réalisée par le styliste belge Benoît Bethume et le photographe britannique Marc Hibbert, a été pensée en plusieurs saynètes illustrant chacune une situation d’autodéfense. Elle vient de paraître dans la dernière édition de Mémoire universelle, une drôle de parution lancée par Benoît Bethume en 2012. Tirée à environ 500 exemplaires par numéro, imprimée en Belgique au format d’un beau livre, elle ne paraît qu’une seule fois tous les deux ans (sauf en 2020 en raison de la pandémie) et à chaque fois autour d’un thème choisi par lui seul : l’amour, l’animalité, l’imagination…

« Parodier avec des vêtements de mode des situations d’autodéfense aurait semblé à beaucoup un projet idiot. » Marc Hibbert, photographe

Pour le cinquième numéro, titré « Le grand large » et qui s’intéresse aux audaces et aux prises de liberté, le styliste a inventé une série de mode détournant l’imagerie des guides d’autodéfense. « J’en avais vu traîner de ce genre, datant des années 1960 et 1970, où des femmes se faisaient attaquer et répliquaient. Mais je ne voulais pas les imiter au premier degré », retrace Benoît Bethume. Alors que les stages d’autodéfense féministes ont connu un regain depuis cinq ans, dans le sillage du mouvement #metoo, il cherche à s’éloigner d’un positionnement trop sociétal ou idéologique, leur préférant une esthétique et un message « statutaires et intemporels ». Pour cela, il sollicite Marc Hibbert, un trentenaire autodidacte rencontré en 2014, dont l’une des marques de fabrique est un fond neutre et texturé avec un noir et blanc contrasté.

« Benoît est aussi intelligent qu’énigmatique : il m’a fait part de son idée en quelques phrases qui tiennent sur un coin de table, raconte Marc Hibbert. Parodier avec des vêtements de mode des situations d’autodéfense aurait semblé à beaucoup un projet idiot, mais je savais qu’avec lui nous n’aurions pas de mal à y injecter de l’élégance. » En guise de références, le styliste lui montre quelques clichés de guides vintage, ainsi que des images de 1895 signées Eadweard Muybridge captant des exemples de prises d’autodéfense « pour gentlemen ».

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A l’automne 2021, dans un studio de Bruxelles, ils mettent enfin en scène leur série après avoir préparé une dizaine de situations story-boardées, volontairement décalées. « Je voulais des personnages paranos », dit Benoît Bethume, des élégants à cran qui dégoupillent au quart de tour.

Une seule griffe : Lemaire

Au final, un homme demandant son chemin se fait illico attraper par la jambe, une mère qui tend trop timidement un billet de 5 euros à sa fille se fait dare-dare tordre le bras, un homme offrant à une femme un bouquet de fleurs se fait broyer le poignet en un clin d’œil… « Afin que l’on comprenne l’avancée des situations, on a décomposé les mouvements et tout chorégraphié », explique Hibbert.

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Pour habiller le casting hétéroclite signé William Lhoest et qui rassemble des comédiens, un danseur, un chanteur, un professeur de karaté, un adepte du taekwondo ou un bodybuildeur, Benoît Bethume a choisi une seule griffe : Lemaire. Les deux acolytes la connaissent bien, puisque Bethume y est consultant et a déjà signé avec Hibbert des campagnes pour la marque.

Pour eux, Lemaire a accepté – une rareté – d’ouvrir grand ses archives, prêtant des pièces récentes et d’autres dont la création remonte quelquefois à une quinzaine d’années. « Les collections de Christophe Lemaire et de Sarah-Linh Tran ont de légères références aux années 1970 et aux arts martiaux, avec des inspirations orientales, des cols marqués et des jeux de ceinture. Mais elles parviennent à toujours rester intemporelles. Pour cette histoire, on ne pouvait pas rêver mieux. » Ni davantage convaincre qu’on peut être très à l’aise dans des vêtements haut de gamme.

Le site de Mémoire universelle

Valentin Pérez

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