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Trafic de drogue : Anvers, la porte d'entrée de la cocaïne en Europe

Laura Van Lerberghe 08h19, le 05 octobre 2022

En Belgique, l'un des plus grands ports du monde voit défiler douze millions de conteneurs par an. Au fil de son expansion, il est devenu une véritable passoire et une porte d'entrée pour toute sorte de produits illégaux. Exceptionnellement, Europe 1 a pu s'y rendre accompagné d'un ancien trafiquant de drogue.
REPORTAGE

La Belgique est-elle devenue la Colombie d'Europe ? Des trafics de drogue dignes de Pablo Escobar, une violence inouïe qui ne cesse d'augmenter depuis des années et qui s'est accentuée ces dix derniers jours. À tel point que le ministre de la Justice a dû être placé sous haute protection, caché pour ne pas être à la merci des narcotrafiquants. Pour se rendre compte de l'ampleur du trafic, entre 2013 et 2021, la quantité de cocaïne saisie dans le port a été multipliée par quatorze. Pour comprendre comment une telle situation est possible, Europe 1 s'y est rendu avec un ancien trafiquant, membre d'une bande dont le business a été évalué à 700 millions d'euros.

Aucune caméra et seules quelques dizaines d'employés

Le rendez-vous est donné vers 9 heures dans le port d'Anvers. Paul Meyer le connaît sur le bout des doigts. Il a passé trente ans de sa vie en tant que trafiquant de drogue. En prison pendant douze ans, il est sorti il y a tout juste trois ans. La cigarette à la bouche, les verres de lunettes légèrement bleutés… Dès les premières secondes, il se montre loquace. "J'ai commencé très jeune et c'est devenu de plus en plus grand. La police m'a attrapé avec 80 tonnes, mais toutes les cinq semaines, nous en faisions 20", raconte-t-il.

À bord de sa voiture, direction le quai de déchargement, il n'a rien oublié et montre le chemin. Le port s'étend sur plus de 129 kilomètres carrés. Une surface plus grande que la ville de Paris. À chaque terminal, des panneaux "défense d'entrer". Aucune caméra. Seules quelques dizaines d'employés… qui ne remarquent pas notre présence. "Comment c'est possible que nous puissions conduire ici ? C'est interdit et pourtant j'accède au bateau !", nargue l'ancien trafiquant.

Une corruption des agents assumée

Dans la zone portuaire s'étendent des conteneurs à perte de vue et des marchandises de tout type rangées dans des hangars. "Si je veux faire quelque chose, je sais quelle compagnie c'est et je peux voir où je peux acheter ces produits, mettre quelque chose dans ces produits et laisser le bateau me l'amener", décrit-il.

Après quinze minutes, toujours aucune remarque de la part des agents présents. Paul Meyer discute avec l'un d'eux. "Le port est-il étanche ?", plaisante-t-il. Et pour les trafiquants, s'attirer leurs services est presque devenu monnaie. "Sont-ils corrompus ? Je dis toujours qu'ils sont humains. Les bénéfices sont énormes dans la cocaïne", fait remarquer l'ancien trafiquant. 

Seul 2% des containers vérifiés par an

À Anvers, le trafic de cocaïne est estimé à 50 milliards d'euros par an. C'est un port très vaste, très étendu et difficile à surveiller. Il représente une grande demande en Europe. La cocaïne qui est vendue en Europe est vendue plus cher que dans d'autres pays", explique Florence Angelici, porte parole du Service public fédéral des finances et de la douane.

Mais seuls 2% des conteneurs sont vérifiés par an. Pour renforcer les contrôles, le gouvernement prévoit un investissement de 70 millions d'euros.