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Transition climatique, le rôle crucial de la presse

Les Français qui vont chercher l’information sur le changement climatique auprès des grands médias généralistes ont une meilleure connaissance des enjeux et sont plus disposés à changer de comportement que ceux qui sollicitent les réseaux sociaux. Tel est l’un des enseignements d’une étude pour la Fondation Descartes, intitulée « Information et engagement climatique », présentée ce lundi 28 novembre.

L’auteur, Laurent Cordonier, chercheur à la fondation et docteur en sciences sociales, a conçu un questionnaire qui porte à la fois sur les pratiques d’information des citoyens et les effets que celles-ci produisent. Réalisée durant l’été auprès d’un échantillon de 2 000 personnes représentatif de la population, l’enquête révèle le rôle de la presse classique. « Le fait de s’informer fréquemment sur le climat via les médias généralistes est positivement corrélé avec le fait d’obtenir un score de connaissance élevée », souligne Laurent Cordonier. Les questions posées portent par exemple sur les principales sources d’émission de CO2 ou sur le niveau d’élévation des océans.

La moitié des Français intéressés

À l’inverse – toutes choses égales par ailleurs –, les personnes qui vont souvent se renseigner sur les réseaux sociaux affichent un score faible de connaissance. En toute hypothèse, cela expose les internautes à des « contenus manipulatoires, trompeurs ou erronés », souligne l’auteur.

L’étude souligne que la consultation régulière de l’actualité climatique (tous canaux d’information confondus) pousse les Français à adopter de nouveaux comportements tels que baisser le chauffage, éviter de prendre sa voiture ou d’acheter des produits venus de pays lointains.

L’enquête apporte aussi un éclairage intéressant sur les attentes des Français, qui se révèlent particulièrement fortes. Près de la moitié des sondés se disent « très » ou « extrêmement intéressés » par l’information sur le dérèglement climatique. 47,5 % disent que, pour s’informer sur le climat, ils consultent souvent ou très souvent les médias généralistes. La canicule estivale aurait pu engendrer un phénomène de saturation sur ce sujet qui faisait quotidiennement la une. Il n’en est rien : seules 18,1 % des personnes interrogées durant l’été trouvent que les médias parlent trop du climat.

Cette appétence pour l’information n’empêche pas les critiques. L’information est trop « anxiogène » pour 51 % des sondés, trop « catastrophiste » pour 46 %. Des chiffres certes élevés, mais pas aussi massifs qu’on pourrait l’imaginer, relève Laurent Cordonier. On peut y voir le signe d’une lucidité sur la gravité de la situation, avec toutefois une exception : les personnes proches de la droite ou de l’extrême droite jugent davantage l’information trop alarmiste ou orientée.

La responsabilité des grands médias

En revanche, les Français estiment à 72,2 % que les grands médias ne sont pas assez constructifs, en ne proposant pas assez d’informations tournées vers les solutions. Cette critique se retrouve de manière assez homogène au sein de la population.

Pour Laurent Cordonier, cette enquête souligne la responsabilité des médias dont le public attend un effort de pédagogie, de précision et de solution. « Les Français semblent accorder un peu plus de crédit sur les questions climatiques aux journalistes scientifiques », souligne-t-il en outre dans ses conclusions, suggérant « une montée en compétences » des professionnels.

Les grands médias doivent aussi veiller à ne pas être trop alarmiste, au risque de perdre de l’audience et l’intérêt d’une partie de la population, comme c’est le cas aux États-Unis où le climatoscepticisme est devenu extrêmement prégnant chez les républicains. « Le risque à terme serait en effet d’aboutir à un clivage radical de la société » sur ces enjeux, prévient le chercheur.