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Ukraine: les cinq régions annexées par la Russie depuis 2014

La Russie a désormais annexé tout ou partie de cinq régions d'Ukraine, à l'issue de référendums dénoncés par la communauté internationale (Illustration)

La Russie a désormais annexé tout ou partie de cinq régions d'Ukraine, à l'issue de référendums dénoncés par la communauté internationale (Illustration) © EYEPRESS NEWS / EYEPRESS VIA AFP

Europe 1 avec AFP 16h40, le 30 septembre 2022
La Russie a désormais annexé tout ou partie de cinq régions d'Ukraine, à l'issue de référendums dénoncés par la communauté internationale. Ces zones occupées font l'objet de combats acharnés entre la Russie et l'Ukraine bien avant le début de la guerre en février 2022. 

De la région industrielle du Donbass (nord-est) à la péninsule de Crimée (sud), la Russie a désormais annexé tout ou partie de cinq régions d'Ukraine, à l'issue de référendums dénoncés par la communauté internationale. Quelques éléments clés sur ces zones occupées, qui représentent 19,4% du territoire ukrainien, dont 11,9% conquis depuis l'offensive russe lancée le 24 février, selon les estimations du groupe de réflexion américain ISW (Institute for the Study of War).

Lougansk et Donetsk 

Ces deux régions majoritairement russophones constituent le Donbass, bassin industriel de l'Ukraine. Entre 2014 et 2022, un conflit y opposait les forces ukrainiennes à des séparatistes pilotés par Moscou. En février 2022, Vladimir Poutine a reconnu l'indépendance des séparatistes, qui contrôlaient alors 3% du territoire ukrainien, et justifié l'invasion du 24 février par la nécessité de sauver des populations russophones d'un prétendu génocide.  

La région de Lougansk comptait avant la guerre quelque 2,1 millions d'habitants. Elle est frontalière de trois côtés avec la Russie et, selon l'ISW, plus de 99% du territoire est sous contrôle de Moscou depuis l'offensive russe du printemps et du début de l'été. Des quatre régions ayant tenu de prétendus référendums ces derniers jours, c'est celle où le contrôle russe est le plus total, mais il s'est fait au prix de lourdes pertes militaires.

Depuis la contre-offensive ukrainienne de début septembre qui a libéré une grande partie de la région voisine de Kharkiv, les forces ukrainiennes grignotent aussi du terrain à Lougansk. La région voisine de Donetsk comptait 4,1 millions d'habitants avant-guerre et sa capitale éponyme est la troisième plus grande ville du pays.

Avant l’invasion russe, environ la moitié de la région était sous contrôle séparatiste. Aujourd'hui, environ 58% du territoire est tenu par Moscou et ses alliés, notamment la ville portuaire de Marioupol, ravagée par le siège et les bombardements des forces russes. Des combats meurtriers s'y poursuivent, et l'Ukraine y a connu des avancées en septembre.  

Zaporijjia

Cette région bordée par la mer Noire abrite la plus grande centrale nucléaire du pays, sur le fleuve Dniepr, et comptait avant la guerre 1,63 million d'habitants. Selon l'ISW, 72% de sa superficie est occupée par Moscou et son administration militaire.

Sa plus grande ville, appelée également Zaporijjia, est tenue par les forces ukrainiennes, mais son plus grand port, Berdiansk, est entre les mains de la Russie.  La gigantesque centrale nucléaire qui s'y trouve a été prise par l'armée russe dès mars. Depuis, les deux camps s'accusent de bombarder ses environs au risque de provoquer un accident nucléaire. Les appels à démilitariser se sont multipliés, sans succès jusqu'ici. Des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) y assurent une présence depuis début septembre.

Kherson

Quelque 88% de cette région, la plus à l'ouest de la zone contrôlée par Moscou, et sa capitale éponyme sont passés sous contrôle russe dans les premiers jours de la guerre. La région, très importante pour l'agriculture ukrainienne, est stratégique pour Moscou car elle est frontalière de la péninsule de Crimée, annexée en 2014.

Sa prise, associée à celles des côtes de Zaporijjia et Donetsk, permettent donc à la Russie de constituer une continuité territoriale de toutes les régions qu'elle contrôle en Ukraine et du territoire russe à proprement parler.   L'Ukraine y mène une contre-offensive et a revendiqué quelques succès ces derniers mois. Elle a notamment endommagé des ponts enjambant le Dniepr aux alentours de la ville de Kherson pour rompre les lignes de ravitaillements des forces russes.

En outre, les attentats visant des responsables russes et pro-russes s'y multiplient et plusieurs d'entre eux ont été tués.

Crimée

Annexée par la Russie en 2014, après un référendum jugé illégal par Kiev et les Occidentaux, cette péninsule touristique et viticole a empoisonné les relations entre Kiev et Moscou après la chute de l'URSS en 1991. Peuplée majoritairement de russophones, la Crimée avait été "donnée" en 1954 à l'Ukraine soviétique par Nikita Khrouchtchev, alors maître du Kremlin, lui-même d'origine ukrainienne.

Mais le 27 février 2014, un commando pro-russe s'empare du Parlement local, où des députés convoqués à la hâte élisent un gouvernement favorable à Moscou. Le 16 mars 2014, lors d'un prétendu référendum dénoncé par la communauté internationale, 97% des habitants se prononcent "pour" le rattachement à la Russie, selon Moscou. L'annexion est entérinée deux jours plus tard par un traité paraphé par le président Vladimir Poutine.

Depuis 2014, nombre de critiques de la Russie y ont été arrêtés. Sur les deux millions d'habitants de Crimée, 59% sont Russes, 24% Ukrainiens et 12% Tatars, une communauté de tradition musulmane installée depuis le XIIIe siècle. En reprenant la Crimée - qui représente 4,5% du territoire ukrainien -, la Russie a aussi récupéré le grand port de Sébastopol, où elle a installé sa flotte militaire depuis le XVIIIe siècle, et qui lui offre une porte de sortie vers la mer Noire et par là, vers la Méditerranée et le Proche-Orient.

Depuis mai 2018, la péninsule est reliée à la Russie continentale par le pont de Kertch, de 19 kilomètres de long. Utilisée comme base arrière logistique par la Russie et longtemps à l'écart des combats, la Crimée a été frappée depuis août par plusieurs explosions dans des aérodromes militaires ou des dépôts de munitions. L'Ukraine a par la suite reconnu avoir mené ces attaques.