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Un cauchemar éveillé

Reprise Dans cette adaptation du roman de Franz Kafka, Orson Welles critique le totalitarisme avec une imagerie expressionniste.

Le Procès, d’Orson Welles, 1 h 59, 1962

Sortie en 1962, la version cinématographique du Procès s’offre une seconde jeunesse. Le réalisateur de Citizen Kane et d’ Othello retranscrit l’absurde histoire de Joseph K., traduit en justice pour d’obscures raisons et plongé dans un dédale bureaucratique incompréhensible et violent. Sur les notes de lAdagio d’Albinoni, le protagoniste se débat tant bien que mal face à ce système répressif aux fondements inintelligibles. Un récit ubuesque porté par un casting de rêve, composé entre autres de Jeanne Moreau, Anthony Perkins et Romy Schneider, sublimé par une imagerie expressionniste aussi angoissante que poétique. La gare désaffectée d’Orsay et les paysages soviétiques de la Yougoslavie offrent à Welles un terrain de jeu immense, propice à sa mise en scène audacieuse, retranscrivant le sentiment d’écrasement de Joseph K. face à l’imposant système qui se dresse devant lui. Le cinéaste se réapproprie ainsi l’œuvre originale de l’écrivain austro-hongrois par une critique du totalitarisme moderne, évoquant la Shoah en filigrane. « Je voulais peindre un cauchemar actuel, un film sur la police, la bureaucratie, la puissance totalitaire de l’appareil, l’oppression de l’individu dans la société contemporaine », déclarait ainsi le réalisateur à propos de ce qu’il estimait être son film le plus personnel, et le plus réussi.