France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Une rencontre mise en échecs

Andrea Romano 9eme étage droite, 16 mn, France

Comédien de formation, le Turinois Andrea Romano, installé à Paris depuis sept ans, signe une œuvre en forme de thriller sensible dans le huis clos d’un appartement. Il incarne Lorenzo qui s’apprête à accueillir Marvin, pour une rencontre rendue possible par une appli géolocalisée. La soirée frivole prend un tour inattendu lorsque l’invité débarque avec un SDF. Il insiste pour que Lorenzo laisse prendre une douche à son acolyte imprévu.

[video :https ://youtu.be/3PniSNvnACc]

Quelle est la genèse de votre film ?

J’ai toujours eu envie de réaliser mais j’avais un peu peur. Et je n’avais pas trop le temps. Je suis acteur. J’avais besoin d’une activité pendant le confinement. Je me suis remis sur un texte que j’avais écrit. Je l’ai proposé au producteur Benjamin Bonnet. Il m’a invité à le réécrire pour HLM sur court, un concours organisé par l’union social pour l’habitat. J’ai gagné la sélection sur scénario. Elle impliquait de rendre le film fini en six mois. Le timing était assez serré. Mais c’était chouette pour une première réalisation. J’étais juste content d’avoir dépassé cette peur de le faire et d’assumer de jouer dedans. Puis les bonnes nouvelles sont arrivées les unes après les autres. France Télévision a acheté le film, je suis sélectionné à Clermont…

Comment analysez-vous l’attitude de Marvin, invité attendu qui provoque l’inattendu, à la fois bon samaritain et prédateur ?

Je voulais raconter quelqu’un d’ambigu. Dans un court métrage, on doit comprendre les enjeux rapidement parce qu’on a 15 minutes. Je ne voulais pas condamner un personnage à être le méchant de l’histoire.  En lui permettant cette ambiguïté, j’aimais l’idée que d’une générosité et d’un altruisme presque naïfs, puissent naître des gestes déplacés ou méprisants.

A quoi correspond ce personnage de SDF ?

Je voulais représenter trois milieux sociaux différents. Marvin, malgré cette générosité, est directeur d’une start-up. Sa montre coute des milliers d’euros. Il a réussi. Lorenzo est un immigré italien qui rame un peu mais il fait partie de cette immigration blanche qui a quelques privilèges comme celui d’avoir obtenir un logement social. Son boulot lui permet de s’en sortir. Puis il y a quelqu’un qui ne s’en sort pas et s’est perdu. Je voulais raconter ce qu’ils pourraient advenir de la rencontre de ces trois milieux sociaux qui n’ont rien en commun et d’ordinaire ne se rencontre jamais.

La lutte des classes s’invite dans cet appartement…

C’était l’une des idées motrices du film, essayer de provoquer une rencontre qui ne réussit pas dans ce bâtiment qui ressemble à une ruche. A Paris, la mixité sociale est très rare. La plupart de mes amis bouge dans un milieu équivalent au mien. Les applis de rencontre basées sur la géolocalisation permettent cette mixité plus que les rencontres normales.

Quel champ ces applis de rencontre ouvrent-elles dans l’écriture cinématographique ?

C’est une chance et un piège. J’ai vu beaucoup de films à thématique LGBTQIA+ sur les rencontres avec beaucoup de clichés. J’avais très peur d’un film parlant uniquement à ceux qui utilisent les applis de rencontres. Comme tous les outils de la modernité, l’usage qu’on en fait est déterminant. Depuis des années, j’ai fait des rencontres surprenantes qui ont complètement modifié mon point de vue sur l’autre et la rencontre.