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Valenciennes: une sortie scolaire annulée sous les pressions de l’extrême droite

Des pressions de l’extrême droite auront eu raison d’une banale sortie scolaire. A Valenciennes, une professeure en classe préparatoire littéraire au lycée Watteau s’était lancée dès juin 2021 dans l’organisation d’une excursion à Calais avec ses étudiants. Prévue le 2 décembre 2022, elle a finalement été annulée à la dernière minute. En cause : une levée de boucliers et menaces de militants d’extrême droite sur les réseaux sociaux, comme le révèle La Voix du Nord mercredi.

Le projet pédagogique, intitulé «exil et frontières», était simple : «C’est dans le cadre du programme d’une classe préparatoire littéraire, qui se déroule entre septembre 2022 et juin 2023, et regroupant trois disciplines : théâtre, culture antique et philosophie. Les questions abordées sont celles de l’exil et de la citoyenneté», explique auprès de France 3 l’enseignante à l’origine de la sortie scolaire. Concrètement, le groupe d’élèves en classe préparatoire Hypokhâgne devait se rendre à Calais, aux abords d’un camp de migrants, afin d’y rencontrer notamment une association de soutien aux exilés.

Menaces et diffamation

Une sortie scolaire qui n’a pas échappé à l’extrême droite. Le 28 novembre, le réseau «Parents vigilants» - proche du parti Reconquête ! mené par l’ex candidat à la présidentielle Eric Zemmour - a diffusé les détails du programme de cette journée sur le site «Protégeons nos enfants». A quelques jours seulement de la date de sortie prévue, les pressions de l’extrême droite se sont ainsi multipliées.

Toujours avec les mêmes méthodes virulentes, les militants se sont emparés du sujet, faisant gonfler la polémique. Le délégué départemental de Reconquête !, Simon Flahaut, s’est empressé de critiquer sur Twitter le «combat idéologique» de l’enseignante. Un communiqué de la délégation locale du parti a également suivi, dans lequel les délégués locaux qualifient la professeure de «militante pro-immigration» qui «impose son idéologie avec une sortie scolaire auprès des migrants de Calais». Eric Zemmour a lui-même vidé son sac sur Twitter, estimant que les étudiants sont «instrumentalisés par leur professeur».

Côté Rassemblement national, des élus des Hauts-de-France n’ont pas hésité à se lancer dans un discours similaire à celui de Reconquête !, à base de messages évoquant une «propagande pour l’immigration». Sur le plateau de Public Sénat, le député RN Sébastien Chenu insiste : pour lui, la professeure aurait agi «en militante et pas en éducatrice».

Un déferlement de réactions étant même allé jusqu’à «différentes menaces personnelles» à l’encontre de l’enseignante, qui a été «largement diffamée», déplore le rectorat.

Dépôt de plainte

Face à ces «réactions violentes», le rectorat indique dans un communiqué avoir pris la décision, conjointement avec l’établissement Watteau, d’annuler cette activité éducative et pédagogique, «les conditions de sécurité n’étant pas réunies». Suite à ces événements, le «bénéfice de la protection juridique du fonctionnaire a été accordé à l’enseignante», précise la rectrice, qui «condamne fermement les menaces portées à son égard et porte plainte». Selon La Voix du Nord, la professeure a elle aussi indiqué qu’elle saisit la justice.

En réaction, le PS et les écologistes fustigent le parti Reconquête sur les réseaux sociaux. «Cette histoire est édifiante. Le parti de Zemmour utilise les mêmes méthodes et intimidations que les islamistes radicaux pour faire pression sur les enseignants», dénonce le premier secrétaire du PS Olivier Faure sur Twitter, y voyant une «légitimation de la violence» qui s’est soldée «par un assassinat» dans le cas de Samuel Paty il y a deux ans.

De son côté, le député écologiste Benjamin Lucas a demandé dans un communiqué «la dissolution du mouvement» de Zemmour, dénonçant les «mêmes procédés terrorisants que les islamistes, en faisant déferler en raid menaces et injures». Il appelle le gouvernement à «protéger les personnels éducatifs, les élèves et la communauté scolaire».