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Violences faites aux femmes : «Parler ouvre la voie vers la déculpabilisation»

Comment bien se soigner, bien vivre, bien vieillir ? Rendez-vous à Caen, les 9 et 10 décembre au MoHo avec le LibéCare pour débattre avec médecins, intellectuels et experts. En attendant l’événement, réalisé en partenariat avec la région Normandie, la MGEN et l’ADMD, Libération publiera dans un espace dédié articles, tribunes et témoignages.

«On est en lien avec le département de Seine-Saint-Denis. Elbeuf vient d’être reconnue comme la dixième maison des femmes cette année. En 2009, j’étais chef de service aux urgences et on a créé des unités pour répondre aux besoins des patients, une structure d’accueil et de prise en charge des violences intrafamiliales. Cinquante pages ont été publiées lors du Grenelle des violences en 2019. Les députés ont décidé de faire le tour des régions, d’organiser une structure spécifique par région pour prendre en charge les femmes victimes de violences.

«On a été validés comme structure pilote pour les hôpitaux. On dispose d’une partie psychiatrique, d’une psychologue et demie, de quatre médecins, dont deux légistes, de deux secrétaires et d’une assistante sociale. Les légistes font le constat des violences ou des agressions sexuelles. On a passé une convention avec le procureur d’Evreux et celui de Seine-Maritime. On reçoit également des hommes victimes des femmes, des hommes victimes des hommes et 20% de mineurs victimes d’agressions et de harcèlement. Le gros du travail, c’est le suivi psychologique. On les renvoie dans un Centre médico-social à Evreux.

«Il faut travailler en réseau, afin que la culpabilité des femmes s’inverse. C’est toujours la “faute de madame”. Le fait d’en parler ouvre la voie vers la déculpabilisation. Les femmes se sentent moins honteuses et moins coupables. Depuis que tout le monde évoque ces agressions, la parole se libère. Les femmes se sentent moins honteuses. Elles comprennent que ce n’est pas de leur faute. Souvent, même après avoir été victimes, les femmes repartent avec leur conjoint. C’est toujours compliqué. En revanche, quand l’homme commence à être violent avec les enfants c’est le départ total de la famille…

«On a des structures d’hébergement qui marchent très bien, des groupes de parole animés par des psychologues et des assistantes sociales. Les femmes se reconnaissent et se sentent moins seules. Personne n’est jugeant. Elles racontent leurs histoires, se redonnent de la dignité : c’est fondamental. On a une femme ceinture noire de karaté qui va leur apprendre à se défendre, une autre à se maquiller. S’il y a une chose commune dans ces violences faites aux femmes, c’est la perversité des agresseurs, et le phénomène d’emprise dans lequel ils mettent la femme. Sortir de cette emprise constitue un énorme boulot.»