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Voyage du pape en RD-Congo : François plaide pour la réconciliation d’un pays fracturé

Le jour se lève sur l’aéroport de Ndolo, à Kinshasa. L’air est déjà chaud et moite dans la capitale congolaise. Il n’est pas 6 heures du matin et le terrain où le pape doit célébrer la messe à 9 h 30 est quasiment plein.

Plus de 1 million de personnes, selon les autorités, sont arrivées dans la nuit pour voir François, mercredi 1er février, au deuxième jour de son voyage en République démocratique du Congo. Dans la lumière du petit matin, la foule patiente, dans une joie communicative, en entonnant les chants à la suite des 700 choristes, diffusés dans d’immenses enceintes de part et d’autre de l’unique piste d’aéroport.

Pressée contre une barrière, avec l’espoir de voir de près le pape en papamobile, Patricia, 33 ans, a passé une bonne partie de la nuit ici. Éducatrice dans une école catholique, elle est arrivée à une heure du matin avec son petit Rovic, 1 an. Si elle, qui vit à Kinshasa, a tenu à venir prier ce matin, quitte à dormir sur le tarmac, c’est pour prier pour son pays.

Désir de paix

« Nous voulons la paix, dit-elle. Des gens meurent tous les jours. Quand on regarde la télé, on voit les violences à l’est du pays. Nos frères et nos sœurs s’entretuent. On voit comment les gens meurent, comment ils sont massacrés, violés et affamés. » Dans ses bras, le bébé attend placidement que le temps passe, tandis que des militaires en treillis, Kalachnikov à la main, patrouillent devant elle. La jeune mère poursuit : « Ça me rend un peu folle. » Patricia veut croire que la visite du pape va changer les choses, et que ses appels à la réconciliation porteront.

La guerre qui fracture la RDC semble dans tous les esprits, ce matin, comme elle l’est sur les panneaux tenus par certains fidèles, qui réclament eux aussi la paix à l’est du pays. Marie Mingombo, 72 ans, est d’ailleurs née dans l’une des régions frappées par les violences, le Kivu. « Mais le pardon est difficile », dit cette dame élégante, en boubou aux couleurs de la « Fraternité Pax », dont elle fait partie, et qui vit à Kinshasa. Son cousin, soldat, est mort il y a quelques semaines. « Souvent, nous cherchons la vengeance, la rancœur. Et c’est très difficile de ne pas y céder », confie-t-elle.

Et comme il l’avait fait la veille devant les autorités locales, c’est bien en faveur de la réconciliation et du pardon que François a une nouvelle fois plaidé devant cette foule immense. Après un tour en papamobile comme il n’en avait pas connu depuis 2015, lorsqu’il avait célébré la messe devant six millions de personnes, aux Journées mondiales de la jeunesse de Manille, aux Philippines.

« Dépose tes armes, embrasse la miséricorde »

Au cours de cette messe, célébrée en rite congolais, qui accorde une grande place à la danse et aux chants, y compris des célébrants, le pape François a exhorté les fidèles à ne pas céder au découragement. « Nous appartenons à Jésus, nous ne pouvons pas laisser la tristesse l’emporter sur nous, nous ne pouvons pas laisser la résignation et le fatalisme s’installer », a-t-il insisté.

« À toi le Seigneur dit : ” Dépose tes armes, embrasse la miséricorde” », a lancé François. « (Jésus) Connait tes blessures, il connaît les blessures de ton pays, de ton peuple, de ta terre !, a-t-il poursuivi. Ce sont des blessures qui brûlent, continuellement infectées par la haine et la violence, alors que le remède de la justice et le baume de l’espérance ne semblent jamais arriver. »

François a notamment appelé ceux qui l’écoutaient à « ne pas tomber dans les pièges du pouvoir et de l’argent », mais aussi à « ne pas céder aux divisions et aux flatteries du carriérisme qui rongent la communauté, aux fausses illusions du plaisir et de la sorcellerie qui renferment sur soi-même ». Des mots martelés sans relâche depuis son arrivée dans le pays, que François aura l’occasion de redire quelques heures plus tard, dans l’après-midi, devant des victimes des violences de l’est de la RD-Congo, qu’il doit rencontrer à la nonciature.

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