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Afrique et Amérique latine: des progrès en santé menacés par les crises, PMNCH et EWEC-LAC appellent à l’action

PMNCH, la plus grande alliance mondiale pour la santé et le bien-être des femmes, des enfants et des adolescents vient d’organisation l’édition 2022 de son Petit Déjeuner annuel sur la Redevabilité. Événement majeur tenu en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, le « Accountability Breakfast » en anglais a été coorganisé par l’initiative Chaque femme, Chaque enfant Amérique latine et Caraïbes (EWEC LAC).

Les participants ont été appelé les dirigeants du monde à agir maintenant pour inverser les restrictions sur les services de santé de base pour les femmes, les enfants et les adolescents occasionnées par le COVID-19, les conflits et les changements climatiques. Ci-dessous un large extrait du communiqué de presse parvenu à notre rédaction.

Cette année, The Accountability Breakfast organisé par PMNCH a mis un accent particulier est mis sur les questions de santé et de bien-être des adolescents en Amérique latine et les Caraïbes (LAC). Toutefois, les questions abordées et les leçons à tirer s’appliquent au monde entier, y compris l’Afrique de l’Ouest. « Les citoyens doivent absolument être entendus aux plus hauts niveaux du gouvernement et des dirigeants. Les dirigeants doivent comprendre ce que les gens veulent, et jouer leur rôle de champions dans la création de systèmes de santé et de communautés robustes et réactifs », a déclaré très honorable Helen Clark, présidente du conseil d’administration de PMNCH et ancienne première ministre de la Nouvelle-Zélande.

Au cours des deux dernières décennies, des efforts concertés à l’échelle mondiale ont permis d’améliorer la vie de millions de femmes, d’enfants et d’adolescents. La proportion de filles scolarisées dans le monde, par exemple, est passée de 73 % en 1995 à 89 % en 2020 ; le nombre de mariages d’enfants a diminué de 15 % au cours de la dernière décennie, ce qui a permis d’éviter environ 25 millions de mariages ; et il y a eu une baisse de trois millions de naissances d’adolescentes par an depuis 2000. Ces progrès, et bien d’autres encore, sont aujourd’hui mis à mal par le COVID-19, les changements climatiques et les conflits.
Les données de l’OMS et de l’UNICEF montrent que pour la seule année 2021, 25 millions d’enfants n’ont pas reçu le vaccin de base contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche, un indicateur de la couverture vaccinale en général. Il s’agit de la baisse la plus importante et durable des taux de vaccination systématique des enfants depuis une génération, ce qui pourrait réduire à néant 30 ans de progrès. En 2022, 274 millions de personnes auront besoin d’aide humanitaire et de protection. Ce chiffre est en forte augmentation par rapport aux 235 millions de personnes de l’année dernière, qui était déjà le chiffre le plus élevé depuis des décennies.
Quelques tendances en Afrique
L’Afrique de l’Ouest et Centre compte l’une des plus grandes populations de personnes déplacées en Afrique, avec quelques 5,6 millions de personnes déplacées à l’intérieur, 1,3 million de réfugiés, 1,4 million de rapatriés qui ont encore besoin d’aide et 1,6 million d’apatrides. Dans la région du Sahel, les conflits armés et les attaques contre les civils ont causé le déplacement de près de trois millions de personnes, près d’un million depuis janvier 2019.
Le Burkina Faso, par exemple, a connu une convergence de crises, notamment des violences interethniques, des conflits armés, la pauvreté, les inégalités, l’insécurité alimentaire et les changements environnementaux. En conséquence, plus de 1,4 million de personnes ont fui leur foyer en quête de sécurité, ce qui a engendré l’une des crises de déplacement et de protection dont la croissance est la plus rapide au monde. L’instabilité a également créé des mouvements transfrontaliers.
Depuis janvier 2021, plus de 17 500 personnes ont fui vers les pays voisins (Niger, Mali, Bénin et Côte d’Ivoire), ce qui a presque doublé le nombre total de réfugiés et de demandeurs d’asile burkinabè en six mois seulement. Malgré ces troubles internes, le gouvernement du Burkina Faso continue d’accueillir plus de 22 700 réfugiés et demandeurs d’asile, la plupart venant du Mali.
Une étude systématique a révélé que les filles et les jeunes femmes réfugiées, migrantes et déplacées en Afrique n’ont généralement pas accès aux informations sur la santé sexuelle et reproductive, alors qu’elles sont exposées à un risque élevé de violence basée sur le genre (VBG), notamment de violence sexuelle.
La COVID-19 a entraîné une hausse des prix des denrées alimentaires et une augmentation générale du coût de la vie dans de nombreux pays d’Afrique de l’Est, d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest, ainsi que dans d’autres régions, ce qui a limité l’accès à la nourriture et à d’autres produits de première nécessité (même si la nourriture est disponible à des prix plus élevés sur les marchés locaux). Les régions fragiles où le taux de pauvreté est déjà élevé et les infrastructures économiques précaires ont été frappées beaucoup plus lourdement que les autres par la pandémie.

En raison des changements climatiques, les nouveau-nés au Mali risquent d’être confrontés à 9,9 fois plus de mauvaises récoltes au cours de leur vie que leurs aînés. Alors que le taux de retard de croissance au Mali a régulièrement chuté de 36% depuis 2000, la situation nutritionnelle des populations et notamment des nouveau-nés et des jeunes enfants est menacée par les changements climatiques.

La situation en Amérique latine et dans les Caraïbes

Le rapport EWEC-LAC indique que malgré les grands progrès réalisés par les pays d’Amérique latine et des Caraïbes au cours des dernières décennies pour améliorer les systèmes de santé, les inégalités persistent. Malgré l’introduction de nouvelles politiques en matière de santé et de droits sexuels et génésiques (SDSG) et les progrès réalisés dans la prestation de services, 24 millions de femmes de la région LAC ont un besoin non satisfait de contraception moderne, tandis que le taux de natalité chez les adolescentes est le deuxième plus élevé au monde, après l’Afrique subsaharienne.

Collectivement, les Amériques sont parmi les plus durement touchées par la pandémie de COVID-19, avec plus de 7,1 millions de cas et 1,7 million de décès en juin 2022, ce qui représente 25 % du total des infections mondiales mais moins de 8 % de la population mondiale. Les adolescents de la région LAC ont également été touchés de manière disproportionnée. La région connaît la plus longue période ininterrompue de fermeture d’écoles au monde en raison des mesures d’atténuation du COVID-19, avec plus de 165 millions d’élèves non scolarisés.

Les adolescents de la région LAC sont incroyablement vulnérables à la violence et aux problèmes de santé mentale. La région a le taux d’homicide le plus élevé au monde, les jeunes hommes (15 à 29 ans) d’Amérique centrale sont tués quatre fois plus que la moyenne mondiale. Une grande partie des homicides est liée au crime organisé et aux gangs locaux et transnationaux. Combiné à la pauvreté, cette situation a conduit de nombreuses familles de la région à fuir leur foyer et à chercher la sécurité dans d’autres pays.

Dans le monde, on compte aujourd’hui environ 470 000 réfugiés et demandeurs d’asile originaires du seul « Triangle du Nord » d’Amérique centrale (Salvador, Guatemala et Honduras), soit une augmentation de 33 % par rapport à 2018. Le mariage précoce est beaucoup plus répandu dans le Triangle du Nord que dans les autres pays d’Amérique latine et des Caraïbes. Au Guatemala, le taux est de 30 % et au Honduras de 34 %, contre 12 % dans l’ensemble de la région LAC.

La région LAC a été affectée de manière disproportionnée par les changements climatiques et les catastrophes naturelles. Au cours des 50 dernières années, l’Amérique latine a connu 4 500 catastrophes naturelles qui ont entraîné la mort de 600 000 personnes et en ont blessé trois millions. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime que, d’ici à 2050, il pourrait y avoir jusqu’à 17 millions de migrants climatiques internes en Amérique latine.

« Les enfants et les adolescents de notre région risquent de devenir la génération qui n’a pas bénéficié de la santé, de l’éducation et des opportunités économiques dont ils avaient besoin pour atteindre leur plein potentiel », a déclaré le Dr Carissa Etienne, directrice de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS). « L’Amérique latine et les Caraïbes ont fait des progrès remarquables au cours des dernières décennies pour réduire la mortalité infantile et élargir l’accès aux services de santé. Nous devons donc nous appuyer sur ces expériences passées et recentrer nos efforts alors que nous nous reconstruisons après cette pandémie », a-t-elle alerté. Avant d’appeler à « agir maintenant pour protéger l’avenir de notre région. Et nous savons comment faire ».

Les délégués présents au PMNCH Accountability Breakfast sur la Redevabilité le 22 septembre demandent aux gouvernements d’Amérique latine et des Caraïbes de prendre des mesures immédiates. Ils demandent la mise en œuvre rapide de plans d’intervention et de redressement en cas de pandémie afin de rétablir les services de santé aux niveaux pré-pandémiques, et d’investir dans un financement durable et dans des programmes, politiques et services complets, fondés sur des données probantes et équitables, afin d’améliorer les résultats en matière de santé chez les adolescents et leurs familles, en particulier les plus vulnérables. L’augmentation des investissements dans la couverture sanitaire universelle (CSU), associée aux services de protection sociale, favorisera l’émergence de sociétés plus cohésives et pacifiques.

« Nous devons augmenter le financement de programmes adaptés aux personnes qui en ont le plus besoin, en particulier pour relever les défis auxquels sont confrontés les adolescents de la région, notamment en matière de santé mentale, de grossesse chez les adolescentes et d’accès à l’éducation. C’est à ce travail urgent que nous devons nous atteler aujourd’hui, afin de pouvoir, en fait, célébrer les progrès à l’avenir », a déclaré S.E. Kersti Kaljulaid, l’avocate mondiale du Secrétaire général des Nations unies pour Chaque femme, Chaque enfant, ancienne présidente de l’Estonie. Elle appelle à plus de responsabilité, et à davantage de preuves que les femmes, les enfants et les adolescents sont la priorité des gouvernements et des organisations.