Guinea
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Alhassane Makanéra : « dans le cadre de l’économie guinéenne, il est intéressant que la loterie soit le monopole de l’Etat »

Dans un décret récemment lu à la télévision nationale, le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya a créé l’Autorité de régulation du secteur des jeux et pratiques assimilées (ARSJPA) et fixé également les statuts de la LONAGUI SAU.

Ce qui pour bon nombre d’observateurs met fin désormais au monopole qu’il consacrait à la LONAGUI et ouvre le secteur à la concurrence.

Interrogé par Mediaguinee sur la question, Alhassane Makanéra Kaké, économiste, juriste et professeur d’université n’est pas totalement favorable à cette ouverture de la loterie à la concurrence en Guinée. Lisez !

Ça rentre dans le cadre des recommandations du FMI et de la Banque Mondiale dans les programmes d’ajustement structurels

« Par rapport au décret du président de la transition, c’est qu’il y a plus de monopole au niveau des jeux de hasard. C’est devenu un secteur concurrentiel où l’Etat peut créer des sociétés pour participer à faire concurrence comme des entreprises privées. Mais ce qui est aussi important, quand on dit entreprise privée, ça peut être nationale comme internationale. Donc juridiquement, c’est ce que cela veut dire. Ça rentre dans le cadre des recommandations du FMI et de la Banque Mondiale dans les programmes d’ajustement structurels. Mais ce qui est important, ce n’est pas parce que la Banque Mondiale a recommandé qu’on n’est obligé de le faire.

Si nous nous mettons dans le cadre de l’économie guinéenne, il est vraiment intéressant que ce secteur soit le monopole de l’Etat et que les rentes tirées de ce secteur soient investis dans les biens collectifs

Dans la gestion des services publics, il faut essayer de voir quels sont les services publics qui sont rentables pour l’administration. L’administration peut continuer à les garder et se débarrasser des services publics qui ne sont pas rentables et les mettre dans le secteur concurrentiel. Mais avec l’état de l’économie guinéenne et la structure d’accès qui dépasse le cadre juridique, l’analyse ne doit être que juridique. Donc si nous nous mettons dans le cadre de l’économie guinéenne, il est vraiment intéressant que ce secteur soit le monopole de l’Etat et que les rentes tirées de ce secteur soient investis dans les biens collectifs. Mais si c’est un privé qui prélève, cet objectif ne sera pas atteint.

Rien n’empêche aujourd’hui qu’une entreprise chinoise vienne bouleverser tout, ramasser tout et envoyer tout en Chine…

Est-ce qu’un privé va faire des routes pour tout le monde ? Or, quand on analyse bien, ça c’est l’argent frais. Et qui paye ? Ce sont les pauvres généralement. Si vous regardez, parmi ceux qui jouent, c’est les pauvres et la classe moyenne. Donc il faut voir la structure de l’économie. J’aurai souhaité par rapport à la structure économique que la loterie soit nationale en Guinée. Et qu’on ouvre la concurrence au niveau d’autres secteurs. Parce que rien n’empêche aujourd’hui qu’une entreprise chinoise vienne bouleverser tout, ramasser tout et envoyer tout en Chine, dès qu’on ouvre à la concurrence. Donc il ne faut pas voir la dimension nationale. Quand il y a l’ouverture de la concurrence, c’est la dimension internationale qu’il faut voir… »

Youssouf Keita

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