Guinea
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L’Autoroute « Le Prince » militarisé par la Junte : "Nous vivons dans la psychose permanente...", dénoncent des citoyens

CONAKRY-Suite aux manifestations meurtrières du 28 et 29 juillet 2022, l'axe le Prince a été de nouveau militarisé (comme au temps d’Alpha Condé, déchu le 05 septembre 2021). Les autorités de la transition ont réquisitionné l’armée qui a monté la garde à différents endroits de l’autoroute qui traverse la commune de Ratoma.

Une opération spéciale dite de démantèlement des zones considérées comme criminogènes est également en cours. Mais celle-ci, menée conjointement par la police, la gendarmerie et l’armée, ne se passe pas sans anicroches. Se disant « terrorisés », de nombreux citoyens dénoncent des cas d’exactions.

Le 30 juillet dernier, le ministre de l'Administration du territoire et de la décentralisation a, dans un communiqué pris la décision de réquisitionner l'armée. En prenant cette décision, Mory Condé a fait savoir que c'est suite à l'organisation sur la voie publique des réunions, cortèges et défilés non autorisés causant des atteintes à l'intégrité physique des citoyens, des agents de maintien de l'ordre et des dégâts matériels, en dépit des interdictions formelles des autorités en charge de l'ordre public.

Depuis cette date, des forces mixtes de sécurité sont déployées sur l'autoroute le Prince. Depuis le retour des militaires, gendarmes et policiers sur cet axe réputé favorable aux mouvements de protestation, beaucoup de citoyens se plaignent d'exactions de leur part.

Militaires déguisés en civils

Mamadi Camara habite le quartier Hamdallaye dans le secteur Samba Diallo, où un homme avait été tué par balle le 28 juillet dernier. Il affirme que depuis près d'une semaine des citoyens de ce quartier, surtout les jeunes vivent dans une sorte de terreur.

"Nous subissons des menaces de la part des forces de l'ordre. Nous assistons chaque jour à une descente des agents de l'armée déguisés en civils. Ils entrent dans les quartiers sous prétexte qu'ils cherchent des temples où se réfugient les malfrats. De pures contrevérités", dénonce M. Camara.

Nous vivons dans une psychose permanente

"Nous sommes terrorisés dans nos quartiers. Avant les manifestations de ces derniers jours, nous jeunes du secteur, on se regroupait devant nos cours pour faire du thé mais actuellement c'est impossible. A chaque fois que vous voyez une voiture venir, qu'elle soit civile ou pas vous prenez la fuite pensant que ce sont les militaires. Pour votre information, le monsieur qui avait reçu la balle sur la tête l'a reçu dans notre secteur et depuis ce jour nos parents vivent dans une psychose", regrette cet habitant de l'axe.

Début août 2022, la Gendarmerie appuyée par l'armée, a déclenché une vaste opération de démantèlement des zones considérées comme criminogènes à Conakry. Il est question de procéder à une intensification des patrouilles nocturnes et diurnes pour assurer la sécurité des « paisibles population », selon le chef d'État-major des armées, Colonel Sadiba Koulibaly. 

Depuis plus de dix jours, l'axe de Hamdallaye à Kagbelen est militarisé. A chaque 100 mètres des forces de police, ou des forces militaires armées jusqu'aux dents sont positionnées. Que font-ils ? Habib Diallo, est habitant de Bambéto Magasin, il décrit un quotidien lamentable.

Nous avons la trouille dans le ventre

"Ce qui se passe, dès 18h 30, ils (agents) commencent à faire des tirs en l'air dans les quartiers, surtout là où les jeunes sont assis en train de faire du thé. Ils viennent pour arrêter certains, intimider d'autres ou nous disperser. Chaque jour, c'est comme ça et c'est avec la peur au ventre que nous vivons sur l'axe de Hamdallaye jusqu'à Kagbelen", dénonce cet habitant.

Les jeunes de 15 à 35 ans sont les plus visés. Les agents arrêtent arbitrairement certains et frappent d'autres avant de les relâcher, dénonce notre interlocuteur. 

Soit on vous arrête, ou bien on vous matraque

" S'ils vous trouvent assis, c'est soit on vous arrête et on vous amène ou ils utilisent leurs matraques, ils vous mettent dans leurs véhicules et vous tapent 20 ou 50 coups. Si la personne a de la chance, ils la libèrent sinon, ils l'embarquent pour l’amener dans un camp ou dans un commissariat. Actuellement aucun jeune n’ose rester dehors après 18h" a-t-il expliqué. 

Des jeunes arrêtés et des engins retirés

"J'ai cinq de mes amis qui ont été arrêtés depuis une semaine de cela. Ils sont toujours détenus au PM3. Ils sont venus les trouver en train de faire du thé, ils les ont arrêtés. Ils étaient au nombre de sept (7) avec une moto.  Et jusqu'à ce jour (8 août) ces jeunes et la moto sont retenus au PM3", a-t-il expliqué. 

Face aux agissements des agents dont ils sont victimes, Habib Diallo lance un appel à l'endroit du CNRD qui avait promis de rompre avec les abus du passé. 

Le 5 septembre 2021 le colonel Mamadi Doumbouya a dit que nous allons rompre avec l'ancien système mais aujourd'hui il est en train de refaire la même chose. Nous demandons l'arrêt des violences exercées contre les jeunes de l'axe. Je rappelle que les jeunes de l'axe ne sont pas des ennemis du CNRD, ils ont juste soif de justice, de liberté et d’indépendance dans notre pays. Nous demandons humblement au Président Colonel Mamadi DOUMBOUYA, son ministre de l'Administration du territoire et de la décentralisation de dire aux agents de cesser de rentrer dans les quartiers pour arrêter les jeunes et traumatiser nos parents", plaident ce jeune habitant de l'axe.

Siddy Koundara Diallo 

Pour Africaguinee.com 

Tel: (00224) 664 72 76 28