Senegal
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Différend avec la RTS, Affaire PAN, 3e Mandat : Mamadou Ibra Kane devant le jury populaire

Le Directeur général du groupe Emedia Invest, Mamadou Ibra Kane a asséné ses vérités sur des questions relatives au différend avec la Rts, le cas Pape Ale Niang et le 3e mandat de Macky Sall, entre autres. Il était l’invité du Grand oral sur Rewmi Fm.

La prestation des lions du Sénégal au Mondial. A quoi s’attendre pour le prochain match ?

 Retenir la belle victoire. Les Lions ont bien réagi en battant le Qatar, pays organisateur. A part ce but encaissé, mais bon il ne faut pas nier le mérite du Qatar qui avait aussi à cœur de défendre ses chances. L’équateur est le prochain adversaire, c’est une équipe qui ne lâche rien et il faut chercher les 3 points car seule une victoire nous qualifiera. Je me souviens de ce fait en 2002. Le Sénégal avait rencontré L’Equateur en match de préparation et Bruno Mesut avait mis en expérience son schéma face à la France. On bat l’Equateur par 1 but à 0 avec Aliou Cissé, l’actuel coach, positionné devant la défense. Aliou Cissé connaît bien L’Equateur et il va sortir un schéma tactique. Justement vous avez suivi les matchs des Lions. Qu’est-ce que vous avez envie de leur dire. Le mental a changé car l‘équipe nationale A du Sénégal a un gros problème de mental. On perdait juste à quelque 5 minutes de la fin du match. On se contentait du peu pratiquement et il faut dire que c’est avec Peter Schnittger que la reconversion mentale a commencé. Metsu est arrivé et a été dans cette dynamique. Il connaissait bien les joueurs. Là, le Sénégal joue sans Sadio Mané. On a manqué d’ambition car on a trop misé sur le match nul face aux Pays-Bas. Si on avait opté pour un jeu offensif, ce serait bien. Je pense que le déclic vient d’avoir lieu avec ce match gagné contre le Qatar. Si on gagne face à L’Equateur, chaque match sera une finale et tout peut arriver.

Conflits Rts et Emedia, la partie est loin d’être finie avec le signal coupé ?

 Oui c’est vrai que c’est un combat de principe car nous avons la conviction que nous avons acquis ces droits et que de manière injuste, on nous les arrache. « Le fokhati » comme on dit en wolof. Pourquoi cette conviction ? Ce qu’il s’est passé, c’est que le Fifa est le titulaire des droits et a commis une agence qui s’appelle MBS qui commercialise ses droits. Et les répartissant en lots selon les pays. Quand la Fifa l’a fait, il y a eu un appel d’offre au Sénégal dont la Rts, Tfm, Sen Tv et Itv. Chacun a donné ses arguments avec un dossier. Au terme de cela, après dépouillement, l’offre de Itv a été retenue. Et cela a été confirmé par une lettre de la FIFA que nous avons reçue et c’est ce que nous avons envoyé à toutes les chaînes, y compris la Rts. Un contrat a été signé entre New World Tv qui est le détenteur des droits en Afrique subsaharienne. Un contrat a été signé entre les deux parties avec un certain nombre de conditions et des avantages. Droits terrestres exclusifs, mais aussi bien sur Itv et sur E-Radio, les fans zones à Dakar, Saint-Louis, Thiès Ziguinchor et les résumés dont 28 matchs pour plus d’un million de dollars. Emedia n’a pas cet argent dans ses comptes ou ses caisses. Comme cela se passe une fois que vous avez cela, vous faites un dossier et vous vous rapprochez de la banque, sur la base d’un business plan et des prévisions de recettes et des garanties, dont des lettres de manifestation d’intérêt d’annonceurs de la place. Orange, Sococim etc…sont crédibles aussi. Et ces sociétés ont fait des lettres et des engagements sur des montants. Il est arrivé que la banque nous a dit que les contrats sont validés. Elle nous a demandé l’avis du Cnra. Mais on leur a dit que le Cnra est informé avec un document. Le 11 août, nous les avons saisis et Babacar Diagne a dit qu’Emedia n’a jamais rapporté la preuve des acquisitions des droits. Je vous lis le mail que je lui ai envoyé. « Cher président veuillez recevoir un courrier attaché comme convenu une copie des droits de transmission TV… » B. Diagne est resté sans réagir jusqu’au 15 août, jour férié. Il nous appelle au téléphone pour nous dire qu’il y a problème. J’ai reçu votre contrat mais la Rts dit en avoir le même contrat et va payer dans les 48h. Mais je lui ai dit que la Rts a été battue et éliminée comme le Qatar et qui revient dans la compétition. Sauf s’il y a eu fraude de la part de New World et qui a continué à discuter avec la Rts et qui a usé de manœuvres pour avoir les droits. Le Cnra nous a dit que New world avait résilié le contrat. Nous n’avons rien reçu de New World à part la notice de paiement sans aucun délai. C’est le 18 août que vous avez reçu cette lettre disant que le contrat était annulé avec une lettre antidatée et signée le 1 er août. Nous avons été bloqués à la banque pour que nous n’obtenions jamais ce crédit. La Rts n’a pas acquis ses droits. C’est l’Etat qui a payé. Nous sommes dans un champ concurrentiel. La commission de concurrence de l’UEMOA interdit les aides d’État. Ce traité de l’UEMOA interdit les avis de positions dominantes et le cas de la Rts mais aussi une rupture abusive du contrat de la part de New World. La commission de l’UEMOA a estimé que notre requête était recevable en la forme et a saisi toutes les parties de rapporter toutes les preuves qui attestent qu’elles ont agi dans la légalité. Nous sommes victimes d’une injustice de la part de la Rts qui a usé de manœuvres frauduleuses. L’Etat du Sénégal aussi a agi de manière abusive.

La bataille judiciaire sera engagée et vous allez porter plainte ?

 Oui c’est fait car la Commission de l’UEMOA a réagi et nous avons saisi l’Etat du Sénégal et New World pour que le dossier soit examiné dans le fond. Il y a une première victoire. La Rts n’a plus le droit de transmission des matchs. Mais puisque c’est la force de l’Etat et en complicité avec le Cnra, la Rts diffuse des matchs auxquels elle n’a pas droit. Dans un pays de droit, c’est déplorable, car dans un pays où on reconnaît le jeu libre de la concurrence, l’Etat paie pour la Rts, qui surenchérit. Il y a des matchs que nous ne voyons pas. 28 matchs sur 64 pour plus d’1 milliard, c’est une catastrophe et c’est un scandale. La Rts signe un accord avec Canal qui n’est pas gratuit. Dernier chose, la Rts avec le Ministère des sports et une société privée du nom de SD consulting une convention tripartite pour 65 fans zone réparties à travers les 45 départements du pays. Même des mairies qui sont des institutions ne peuvent pas organiser des fans zones qu’elles ne paient pas.

Mais la Rts a une gestion financière autonome !

 La Rts pour une mission de service public est une société avec une autonomie. Mais E-media est une société de service public aussi. Mais on l’écarte pour la Rts et on pense que c’est normal. Non. C’est un combat de principe. On fait l’effort face à de la concurrence. Je veux dire qu’il faut savoir que c’est du secteur privé du pays. On ne doit pas laisser les choses de cette façon. Ce pays est de plus en plus important et économiquement intéressant avec toutes les ressources à exploiter dont le Pétrole et le Gaz. C’est la survie du secteur des médias qui est en question et c’est pourquoi je suis gêné par le silence des hommes et dames avec les investissements. Ils ne doivent pas être silencieux. Allons au-delà et mettons sur la table aujourd’hui des arguments qui sont solides pour que cette façon de combattre les médias cesse et que le Cnra arrête d’intervenir de cette façon en ruinant des investissements à milliards consentis. Le Cnra ne devrait même plus exister. Il faut plus de sérénité. Les dégâts sont faits et le signal a été coupé.

Alors vous allez poursuivre ce bras de fer ?

 Nous restons déterminés pour aller jusqu’au bout de cette affaire. Nous avons déjà fait le nécessaire. Le premier match a été diffusé et c’est pour montrer que nous étions logiques avec nous-même et cela n’a pas changé. Le Signal a été coupé. Mais nous n’allons pas suivre le Cnra dans sa logique de surenchère car ces actes ruinent les efforts consentis. Son acte est prémédité et il dit : « Le signal est suspendu dès que Emedia ou Itv diffuse le match. Le Cnra n’a pas d’état d’âme. Le Cnra veut nous couler. C’est désolant. Il faut que cela cesse. Quand ce pays se trouve en situation et que les médias ne sont pas professionnels, crédibles et forts, la situation serait extrêmement grave. C’est arrivé ailleurs. Cela signifie que nous ne sommes pas à l’abri. Il faut dire stop aux agissements du Cnra et de la Rts. La Rts ne doit pas participer à cette compétition de diffusion de matchs. Aujourd’hui elle a raflé toute la publicité.

Mais on vous reproche de n’avoir pas porté ce combat quand d’autres étaient victimes ?

 Ah si. Moi j’étais vice-président du Cdeps. Chaque fois qu’une radio ou une télé a été coupé, on a réagi. Lors des émeutes de mars, je l’ai dit. Couper le signal de la Sentv et de la 2stv était anormal et je l’ai toujours dit. Je n’ai pas attendu que le nôtre soit coupé pour réagir. Même si des erreurs ont pu être commises, il ne faut pas être dans cette division qui arrange des gens. Il faut être autour de l’essentiel aussi. On espère que ces questions seront résolues lors des assises des médias ? Il est important de discuter. Par rapport à cette historique des assises des médias. Bamba Kassé a émis l’idée quand on remettait le cahier de doléances au Président de la République. Je faisais partie de la délégation. Bamba Kassé a dit que le Synpics va organiser les assises de la presse. Il y a eu une ouverture et le Cdeps qui n’était pas associée à la démarche a dit non. On ne peut pas parler des assises des médias. C’est une affaire d’écosystèmes. Je dis souvent qu’il ne faut pas opposer les travailleurs des entreprises de la presse et les acteurs des médias. Les intérêts sont les mêmes. Et il y a eu ce blocage et le constat a été rétabli. Il y a eu le conclave de Toubab Dialaw avec un accord pour des assises aussi qui restent inclusives. Pape Alé Niang sous mandat de dépôt.

Votre analyse sur cette affaire ?

 C’est une affaire très regrettable pour moi. Cela ne souffre d’aucun doute. Pape Alé est en prison dans le cadre de l’exercice de son métier. Moi je l’ai dit lors de la marche. J’ai assisté aux réunions de la Cap. On se retrouve pour des initiatives et qui ont été salutaires d’ailleurs. J’ai dit que si Pape Alé avait tenu des propos qu’on lui reproche dans un meeting politique, moi je ne serais pas là à le soutenir. Pape Alé a un organe qui s’appelle Dakar-Matin où il a relevé un certain nombre d’informations et d’ailleurs la Cap qui a été très inspirée a montré qu’il y a une contradiction. On ne peut pas dire diffusion de fausses nouvelles et reprocher à Pape Alé des documents confidentiels. Soit ce que ces documents contiennent est vrai ou faux. Alors pourquoi le condamner. Le Secret Défense existe. Nous le savons tous. Et nous faisons notre travail en en tenant compte. Mais parlons du contrat d’armement entre le ministère de l’Environnement et un trafiquant ou marchand d’armes qui fait l’objet d’une interdiction de séjour dans certains pays africains, dont de la Sous-région. Si on nous dit que ce contrat d’une valeur de 45 milliards est destiné à l’achat d’armement pour nos forces et défense dans un contexte justement de radicalisme, d’insécurité et d’enjeux économiques importants qui vont davantage exposer le Sénégal avec l’exploitation du pétrole et le gaz, mais quel citoyen sénégalais, y compris le journaliste, trouverait à redire. Personne. Cette affaire a été révélée par un consortium de journalistes et d’ailleurs une des journalistes se trouve au Sénégal, l’a documenté pour dire que ce contrat a des choses bizarres qui accréditent la thèse d’une surfacturation. 45 milliard de FCFA c’est l’argent de tous. Si cet argent avait été utilisé pour acheter des armes pour les agents des eaux et forêts, les gendarmes ou la police pas de problème. Mais il ne faudrait pas se cacher derrière le secret défense pour s’enrichir sur l’argent public. Et si l’Etat estime que ces informations qui ont été publiées sont fausses, pour moi, il doit user des mêmes moyens de communication pour dire que ce qui a été dit est archi faux. Les Sénégalais sont des gens censés. Ils savent distinguer de la bonne graine de l’ivraie. Pape Alé Niang aujourd’hui, on l’emprisonne. Quid des autres qui ont révélé, des personnalités politiques qui ont fait des déclarations avant PAN. Ousmane Sonko qui a violé le secret de l’instruction a dit qu’il devrait être arrêté.

Pourquoi on ne le fait pas?

Pape Alé doit être l’agneau du sacrifice on dirait ! Il y a eu des réactions que la Cap a regrettées de la part des autorités mais je pense qu’il y a eu une rencontre entre la Cap et le ministre de la Communication qui s’est ressaisi car sa déclaration avait fait mal. Les deux parties ont échangé et on va vers une situation d’apaisement. C’est à saluer et à encourager. Il faut libérer PAN. Ce qu’il a fait pour moi ; même si d’aucuns disent qu’il fait de la politique, c’est un droit aussi. Il faut que cela soit juste et légal et Pape Alé aussi est victime d’une situation d’injustice.

Alors êtes-vous convaincu que cette affaire Pape Alé est liée à la disparition des deux soldats dont l’un a été retrouvé au large du Cap manuel ?

 Là moi je fais très attention. Je donne ma langue aux chats. Car je ne peux pas dire si cette affaire est liée ou pas à celle de Pape Alé Niang. Je n’ai pas d’éléments pour le faire.

 Il existe aussi des zones d’ombres ?

 Ce n’est pas gênant que le Procureur fasse l’enquête. Est-ce que l’armée et la gendarmerie doivent se prononcer ! Ce n’est écrit nulle part. Pas forcément. Laissons le Procureur faire ce qu’il a à faire. Il sait mieux que nous ce qu’il doit faire en la circonstance. Mais aussi tenons compte des droits de la famille du sergent Fulbert. Il est dit qu’il n’y aura pas d’autopsie. La famille a le droit aussi pour qu’elle sache les circonstances de la disparition de son fils et d’être édifiée. Plutôt que de dire que son corps a été retrouvé et qu’il n’y aura pas d’autopsie d’autant plus que certains trouvent qu’il y a un lien entre l’emprisonnement de Pape Alé pour divulgation de rapport qu’a fait la gendarmerie sur l’affaire Sweet beauté. S’il y a des soupçons de cette nature et qui peuvent jeter le discrédit sur l’enquête en cours, on a tout intérêt que les choses soient éclaircies et que les Sénégalais soient édifiés. Il commence à y avoir trop de choses. Des gens qui meurent en garde à vue. Disparition de gendarmes dans des circonstances que nous venons de décrire. Il faut faire attention et comme je le dis-nous sommes dans un environnement très erratique tant au niveau national, sous régional qu’international. Il y a lieu de faire très attention.

On s’achemine vers la question du 3e mandat. Quelle devrait être notre attitude ?

 Très difficile d’y répondre. Le Sénégal est un pays démocratique. Il l’a prouvé avec deux alternances mémorables. En 2000 et en 2012. Nous sommes dans un contexte où on parle de coups d’Etat, de terrorisme. Deux élections ont été organisées. Les élections locales et législatives avec une assemblée qui a une configuration assez intéressante. Benno a perdu sa large majorité. Tout peut arriver. Je pense que dans un contexte comme ça, le Sénégal qui parvient à tirer son épingle du jeu est à saluer et encourager. Le Sénégal n’a pas le droit de reculer. Notre pays n’a pas le droit d’envoyer le mauvais signal sur la candidature à un troisième mandat dont l’intention est prêtée à Macky J’ai eu à dire par ailleurs que j’ai envie de porter témoignage sur deux déclarations majeures de deux grands universitaires, le professeur Babacar Gaye qui fait partie des rédacteurs de l’actuelle Constitution et Jean Mariel Nzouankeu, une autorité universitaire respectable et respectée. C’est-à-dire qu’il puisse y avoir une candidature de Macky Sall. Candidature qui peut être acceptée par le Conseil constitutionnel. Ça c’est du point de vue juridique et je ne veux pas me mêler de ce débat. Je le laisse aux juristes. Il y en qui disent qu’avec le « nul ne peut exercer deux mandats, la cause est entendue » et que Macky ne peut pas se présenter. D’abord on ne peut pas lui prêter une intention qu’il n’a pas lui-même déclarée. De ce point de vue, respectons cela. Mais moi je dis qu’il faut aller au-delà de la question juridique. Cette dimension politique, éthique et morale. Macky a dit, à plusieurs reprises, que s’il était réélu, ce serait son second et dernier mandat. On a eu second et dernier. Alors un pléonasme. Il a écrit et verrouillé davantage. Alors pour la dimension politique, on ne peut pas l’occulter aussi parce qu’il faut reconnaître qu’il fait partie de ceux qui ont combattu le régime de Wade en particulier sur le 3e mandat ou la 3e candidature. Tout cela, il va le mettre sur la table. Il va peser et soupeser et peut-être dire aux Sénégalais son intention véritable. Mais il ne faut pas négliger cette dimension politique et morale avec la parole donnée qui est importante dans notre société.

Macky doit-il se présenter ou non ?

 Je crois que ça lui appartient d’abord, cette décision. Je ne dirais pas ce qu’il doit faire ou ne pas faire. Par contre, je dirais qu’il doit tenir compte de cette parole donnée, tenir compte de son combat politique, plus particulièrement en 2012. Il doit aussi tenir compte de ce contexte qu’on vient de décrire. Un pays c’est un parcours, une histoire et qui dépasse l’histoire individuelle. Il y a les textes et il y a une vie après le pouvoir. J’ai dis qu’il peut même y avoir le pouvoir après le pouvoir. Le cas de Lula au Brésil. Partir puis revenir. Partir et se retrouver à la tête d’une grande institution internationale. Tout cela reste ouvert. Ce qui est important c’est que chacun de nous doit avoir à cœur la stabilité de ce pays, son histoire et également savoir qu’il est juste de passage. Les hommes et les femmes passent et les institutions demeurent.

Réalisée par MOMAR CISSÉ