Senegal
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Passation de service et folklore : Faut-il revoir le modèle sénégalais ?

M. Fall, reporter d’images : « Chacun cherche à montrer ses capacités de mobilisation »

M. Fall est un reporter d’images dans une chaîne de télévision privée. Il a couvert trois passations de services depuis la formation du nouveau gouvernement. Mais constate-t-il pour le regretter, « les passations de service sont devenues des moments folkloriques où chacun cherche à montrer ses capacités de mobiliser. » 

M. Fall regrette le fait que la plupart du temps, « les militants se mobilisent en masse et occupent les premières rangées de la salle et chacun crie son appartenance, allant même parfois jusqu’à perturber la quiétude des gens, empêchant ainsi les journalistes de faire leur travail convenablement ». Dans ces cas de figure, M. Fall sur un ton très taquin, va au-delà en proposant la délocalisation des passations de service au Grand Théâtre de Dakar. Un constat largement partagé par certaines populations et même dans les réseaux pour s’indigner de telles pratiques.

Souleymane Ndéné Ndiaye, ancien PM : « Il y a deux moments de la passation de service »

Pour l’ancien Premier ministre sous le régime libéral, Souleymane Ndéné Ndiaye, il faut distinguer les moments de la passation de service que sont : le moment solennel et le moment folklorique. Il ne trouve aucun mal par rapport au modèle de passation de service auquel on assiste.Même s’il dit n’avoir jamais été confronté à ces cas pratiques dans les fonctions qu’il a eu à occuper au sein du gouvernement de Abdoulaye Wade.  

« Je voudrais qu’on distingue d’abord deux moments de la passation de service : le moment solennel de la passation de service entre les deux ministres en présence d’un inspecteur d’État dans le bureau du ministre et le moment folklorique qui se passe en dehors du bureau. Maintenant le ministre entrant c’est souvent celui qui vient avec ses souteneurs et le ministre qui part, généralement ne fait pas appel à ses souteneurs. Mais ce sont ses souteneurs qui viennent d’eux-mêmes pour lui manifester leur solidarité », a rappelé l’actuel PCA d'Air Sénégal S.A

« Il n’y a pas à fouetter un chat »

Par ailleurs, Souleymane Ndéné Ndiaye ne trouve aucun mal à ce que des gens se mobilisent pour exprimer leur soutien à leur mentor qu'ils ont longtemps soutenu et accompagné. Car estime-toujours l’ancien directeur de cabinet du président Abdoulaye Wade, le ministre exerce des fonctions politiques. « Je pense qu’il n’y a aucun mal que les souteneurs de quelqu’un qui quitte un gouvernement viennent lui manifester leur soutien. Parce que les gens on ne peut pas les empêcher de venir manifester leur soutien à une personne qu’ils ont aimé et accompagné. 


Vous ne pouvez pas mobiliser des policiers et pour jeter des lacrymogènes sur des gens qui viennent spontanément dire au revoir à quelqu’un qu’ils ont longtemps soutenu par rapport à l’exercice de ses fonctions. C’est dans ce sens-là qu’il faut comprendre les mobilisations dans les passations de service. Il n’y a pas à fouetter un chat, parce que le ministre exerce des fonctions politiques. Sinon pourquoi si une autorité est jugée au tribunal ses souteneurs se mobilisent pour venir le soutenir ? Est-ce que le tribunal n’est pas plus solennel que partout ailleurs ? Mais chacun à son style. Il n’y a rien à changer dans ce cas à mon avis… » Tout pour dire que les passations de service notées ces derniers jours ont suscité des vagues d’indignation par rapport à la manière dont elles se sont déroulées. Reste à voir si le chef va s’autosaisir pour rappeler à l’ordre ses troupes…