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PEOPLE: INTERVIEW AVEC PATRICK DE LA SERIE IMPACT

Quand un taiseux se met à parler, il faut tendre l’esprit pour ne pas écouter qu’avec les oreilles. Et pour cause, les mots qui sortent des longs silences réfléchis sont toujours porteurs de sens, en fait, plus que d’autres. L’invité de votre page people est un livre qui, ouvert, est encré de leçons de vie et de métier dont la partage avec la générosité qu’il y met est une chance pour nombre d’acteurs en devenir. Pour avoir été derrière et face caméra, dans l’acting et le writing des scénarii, Patrick est une voix autorisée pour tracer la voie à ceux qui veulent intégrer le milieu.

Silence on tourne, parle l’artiste… 

PARLEZ-NOUS DE VOUS ! 

Je m’appelle Papa Ousmane Gningue, scénariste, musicien, slameur, et maintenant acteur. A la base, j’étais appelé à évoluer dans le domaine de l’électricité, mais un jour, j’ai plus ou moins lâché tout ça pour me concentrer sur mes passions. A vrai dire  à l’époque, j’en avais surtout marre des études et je fréquentais déjà un peu certaines scènes de Dakar et de Saint-Louis. Cette voie m’a semblé plus attrayante, je l’ai suivie, et me voilà ici aujourd’hui (rire).

VOUS AVEZ ETE REVELE AU PUBLIC DANS LA SERIE L’OR DE NINKI NANKA AVEC LE PERSONNAGE DE XEL. APRES SUIVRA IMPACT. COMMENT L’AVEZ-VOUS INTEGREE ?

Pour la petite histoire, j’avais fait une petite blague à Momo Sylla, créateur de la série, par ailleurs scénariste de la première saison et acteur qui interprète le rôle d’Issa Diouf, en lui demandant de me créer un rôle dans sa série. Il m’a pris au mot et m’a directement dit qu’il avait un rôle pour moi, et que le personnage s’appelait Patrick, ce que je n’avais pas pris au sérieux. Quelques mois après, un peu avant le début des tournages, je le lui rappelle en riant et il m’a confirmé que le rôle m’était déjà attribué. Il ne restait plus qu’à convaincre le directeur général de Marodi de me laisser jouer, en parallèle avec le travail de scénariste que je faisais d’abord au sein de la boîte. And the rest is history.

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ÉTAIT- CE FACILE POUR VOUS DE RENTRER DANS LA PEAU DU PERSONNAGE ?

Il existe beaucoup de similitudes entre ce personnage et moi. Le côté un peu geek et introverti de Patrick, assez calme et réfléchi. Ce qui fait que pour la plupart des scènes, c’était assez simple pour moi. Le plus difficile c’était quand il fallait jouer des moments où le personnage devait être très expressif. Mais c’est un cocon qu’on est arrivé à finalement casser, enfin plus ou moins.

QUID DE KARMA ? 

Je faisais partie des scénaristes de la deuxième saison. Et en créant le personnage de Ziggy, avec les collègues scénaristes, je me suis mis à faire des exemples de dialogues à haute voix, et un collègue du nom d’El Hadj a trouvé que je faisais bien ce personnage.  Autant ce personnage me ressemble beaucoup moins, autant j’ai beaucoup plus de facilité à le jouer. Enfin, pas qu’il ne me ressemble pas (dit-il comme pour s’expliquer),  mais c’est plutôt une facette de ma personne vraiment poussée à l’extrême. Le côté sarcastique teinté d’une certaine insolence… J’admets qu’il y a une part de moi qui est légèrement comme ça, mais quand même beaucoup plus respectueuse que ne l’est Ziggy, avec beaucoup plus de scrupule, de limites, je pense… J’espère.

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VOUS FAITES MAINTENANT VOTRE PETIT BONHOMME DE CHEMIN DANS LE MONDE DU CINEMA. COMMENT LE TROUVEZ-VOUS ?

C’est un milieu qui peut être très fun, plein de gens intéressants, atypiques, créatifs. Puis… c’est toujours sympa de gagner sa vie avec ses passions. Mais il peut aussi être très ingrat. Les gens me connaissent surtout en tant qu’acteur, mais je suis principalement scénariste, depuis bientôt 5 ans. J’ai eu à écrire pour Pod & Marichou, Golden, L’or de Ninki Nanka, Impact, MDHM, Karma, Yoon…  Du coup, je vois beaucoup plus le monde du cinéma à travers ce regard de créatif, qu’à travers un regard d’interprète. Et oui ! Il peut être assez ingrat. Toujours dans l’ombre, quand tout va bien, tu es celui qu’on félicite le moins, quand tout va mal, le premier à être blâmé. 

L’acteur a beaucoup plus de facilité à se faire remarquer pour son travail parce qu’il est au-devant de la scène. Et le fait d’expérimenter ces deux perspectives, cette différence de traitement, m’a fait réaliser à quel point notre cinéma a encore du chemin à faire, pour encore plus valoriser ces « métiers de l’ombre ».

On avance, on s’améliore, mais ce n’est pas encore assez. Il faut plus de compétitivité, plus de formations, autant du côté technique, que créatifs. Il nous faut de meilleurs scénaristes, de meilleurs réalisateurs, de meilleurs acteurs, de meilleurs producteurs… Mais à part ça, c’est un monde où l’on s’amuse bien. On travaille, mais on s’amuse bien ( finit-il de préciser). 

LE CINEMA VOUS A-T-IL ENRICHI ?

Pas encore ! Sur ce plan-là aussi, il peut être assez ingrat. A vrai dire, il ne paie pas tant que ça, en tout cas pour la plupart des productions purement sénégalaises, du moins pour l’instant. Mais ce que ça permet par contre, c’est de valoriser son image, ce sur quoi on peut capitaliser après. Donc peut-être qu’il peut permettre de s’enrichir, indirectement, mais en lui-même, le cinéma d’ici n’enrichit vraiment qu’une poignée de personnes (comparativement au nombre d’actifs dans le milieu)

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UNE MAUVAISE EXPERIENCE A PARTAGER ?

Quelques frustrations par ci par là, mais ça, ça arrive partout, et à tout le monde. Je ne pense pas avoir eu de véritable mauvaise expérience dans mon travail. Pas en tant qu’acteur en tout cas.

 UN PETIT CONSEIL AUX JEUNES QUI AIMERAIENT SE LANCER ?

C’est peut-être un peu prétentieux de donner des conseils alors que je n’ai pas vraiment accompli grand-chose, non (dit-il sourire aux lèvres avant de répondre) ?  Je dirais qu’il est important de savoir tout d’abord qu’il faut certes un certain talent, ou au moins le potentiel, mais il faut aussi et surtout énormément de chance. Moi j’étais déjà dans le milieu, accès simple aux projets et ceux qui les faisaient, c’est ça ma chance. Mais à côté, il y en a des milliers et des milliers, qui en veulent, et qui essaient d’intégrer le milieu. Alors, si c’est vraiment leur passion, et qu’ils ne le font pas juste par effet de mode, le seul conseil que je peux donner, c’est de s’accrocher et continuer à essayer jusqu’à ce que ça marche. La compétition est rude, et les standards augmentent chaque jour.  On ne sait jamais où et à quel moment notre tour arrive, mais il faut s’assurer d’être prêt quand ce moment se présente.

 DES PROJETS EN VUE ? 

Oui, forcément. Mais plus en tant que créatif, scénariste, qu’interprète, acteur. Idéalement créer ma propre série, mes propres films, les réaliser, c’est vers ça que je me dirige. Un peu de musique aussi. Plein de choses déjà en préparation et qui seront de grandes réalisations in shaa Allah.

ANNA THIAW