Tunisia
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3 ans au Japon: L’éducation au pays du Soleil-Levant, on ne change pas une équipe qui gagne

Dans la conscience collective, tunisienne et mondiale, l’éducation rime bien avec le Japon. Les miracles économiques de l’archipel aux ressources limitées sont une preuve de l’investissement humain intense et efficace.

On se pose alors naturellement la question sur les fondements de cette éducation, ses principes, sa pratique sur terrain et ses défis.

Dans le cadre de mon travail, j’ai collaboré avec mes collègues sur plusieurs projets destinés aux écoles primaires, collèges et lycées avec comme thème le multiculturalisme et les langues étrangères. Avec certaines écoles, nous avons travaillé plusieurs jours en plein été et même préparé des exercices ludiques avec des petits cadeaux pour les gagnants.
Ce contact m’a permis de découvrir le système éducatif japonais de l’intérieur, à travers la direction de l’école, les enseignants et les élèves. Il est difficile de résumer cette expérience dans un article, mais voilà ce que je retiens:

L’école, un espace de vie qui ne se rompt pas durant les vacances:
Qu’elle soit située en zone rurale ou urbaine, l’école est extrêmement bien équipée. Les enfants peuvent pratiquer le sport, la musique et bien d’autres hobbies. Ils entretiennent eux-mêmes l’école, nettoient les salles et même les toilettes et cultivent le jardin. Durant les vacances, le contact avec l’école est toujours aussi fort. Ils continuent à s’occuper de l’hygiène de l’espace, suivent des cours supplémentaires, préparent les spectacles du Festival de fin d’année et participent aux compétitions sportives régionales et nationales.

Plus c’est mieux, même au détriment de l’épanouissement individuel:
La “désindividualisation” commence très tôt au sein de la famille et se renforce à l’école. Pour ce faire, on n’encourage pas la parole et les débats d’idées. On apprend à être précis, rapide et efficace. Pour ce faire, on cultive les compétences techniques à travers différents ateliers, on propose des examens qui excluent la rédaction et note l’information (Genre une centaines de questions auxquels il faut répondre dans un temps limité) et surtout on ne laisse pas le temps aux enfants de “s’égarer” (ils sont trop fatigués pour s’intéresser à quoi que ce soit). Durant les vacances, on leur confie des dizaines de pages d’exercices à faire chez soi. Pas question de se lâcher, d’avoir du temps pour regarder une série animée ou un film américain. J’ai carrément eu l’impression de revenir à une autre époque au sein de ces écoles. Tous en uniforme, ignorant presque tout du monde extérieur, sages et disciplinés comme des petits soldats en caserne.
L’individu seul est une menace, un individu qui réfléchit autrement perturbe l’harmonie du groupe, l’individu ne doit pas exister en dehors du groupe. Au Japon, c’est un peu ce que l’on pense et qu’on ne dit pas.

La responsabilisation précoce:

L’une des plus grandes vertus du Japon est la sécurité. Il n’est pas rare de voir un ou des écoliers prendre les transports en commun sans aucun accompagnateur adulte, rentrer à pied tard le soir ou rouler à vélo très tôt le matin. Certains enfants, pour étudier dans le collège ou le lycée le mieux classé dans la région, font plusieurs heures de route chaque jour ( d’où les fameuses photos des japonais toujours endormis dans les trains ou les bus) ou même vont louer des petits studios dans des villes voisines, délaissant ainsi l’école du quartier à quelques minutes de chez soi pour satisfaire l’ambition de leurs familles d’intégrer un institut scolaire de renom.
A un âge très jeune, garçon ou fille, ils ont déjà appris à l’école comment cuisiner, recoudre, faire le ménage et parfaitement vivre en autonomie.

Le civisme:
Ce n’est pas un hasard si les meilleurs protocoles de QHSE (Qualite, Hygiene, Securite, Environnement) sont japonais. Les japonais adorent légiférer sur tout, suivre les codes sociaux, appliqué à la lettre les règles et exclure naturellement toute personne incapable d’en faire autant. La pression sociale est énorme et l’on peut facilement devenir la cible de harcèlement scolaire si l’on s’habille différemment, si l’on a une couleur de cheveux différente (même si c’est la couleur naturelle!), ou parfois si l’on parle très bien l’anglais (on juge la différence qu’elle soit positive ou négative!). Il faut toujours être dans la norme, se fondre dans la masse, se faire discret et faire comme tout le monde. L’école pendant les premières années se focalise sur l’inculcation et l’application des règles sociales d’où l’absence de redoublement.

Ma conclusion:
Mon expérience au Japon m’a appris à faire très distinctement la différence entre civisme et culture, connaissances et compétence technique, technologie et modernité, savoir et information. L’éducation japonaise est capable de produire des futures citoyens disciplinés, rigoureux, méthodiques et respectueux qui cependant n’existent pas en dehors d’un système bien défini. L’éducation en Tunisie est tout le contraire, elle forme le meilleur comme le pire dans un chaos presque magique. Les moins brillants alimentent le chaos, les plus brillants agissent en loups solitaires, réussissent dans des domaines extrêmement diversifiés, en Tunisie ou partout dans le monde dans des pays très variés, comme s’ils devaient tous dérouter systématiquement tous les systèmes! En voilà deux visions de l’éducation et plus, de la vie, aux antipodes. N’y a-t-il pas de juste milieux?

Par : Nahed Belkhiria

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