Tunisia
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L’absence de la zone de libre-échange menace la part de la Tunisie dans le marché libyen (1/2)

Le retard de la création d’une zone de libre-échange avec la Libye au sud réduit les chances de la Tunisie de développer ses échanges commerciaux organisés avec son voisin, alors que d’autres puissances économiques se taillent leur part du gâteau libyen.

Plus de 10 ans après avoir annoncé la mise en place d’une zone de libre-échange dans la ville de Ben Guerdane à la frontière tuniso-libyenne, le projet n’a pas encore dépassé la phase des études techniques.

Un projet qui peut tomber en désuétude

En 2012, la Tunisie a annoncé la création d’une zone de libre-échange et logistique dans la ville de Ben Guerdane, près de la frontière libyenne.

L’objectif était de développer les zones frontalières du sud-est et d’intégrer les acteurs économiques informels, mais le projet n’a pas encore vu le jour alors que le marché parallèle se développe dans la région, privant le pays d’importants revenus nécessaires à son économie.

Des observateurs estiment que des perturbations au niveau de la décision politique centrale empêchent l’avancée du projet de zone de libre-échange avec la Libye, ce qui pourrait faire perdre à ce projet son utilité avec l’avancée de la partie libyenne dans la création de projets similaires, d’autant plus que les tensions politiques et les connexions régionales des dirigeants tunisiens au cours des dix dernières années ont rendu le développement de la région presque impossible, d’autant plus que la Tunisie n’a pas les capacités ou l’expertise pour gérer la zone de libre-échange.

Ben Guerdane et la structure hiérarchique du secteur du commerce parallèle

La région frontalière tuniso-libyenne dépend du commerce transfrontalier informel, car les autorités ont toléré pendant plus de deux décennies le transit de marchandises de contrebande entre les deux pays dans une région appauvrie.

Cependant, les « révolutions » tunisienne et libyenne ont perturbé l’économie frontalière. L’insécurité en Libye, l’érosion des chaînes d’approvisionnement et les dures mesures de sécurité aux frontières ont touché de plein fouet les échanges transfrontaliers.

D’après une note récente de l’UNDP intitulée « Enjeux de développement et sécurité à la frontière sud-est de la tunisie », à Ben Guerdane, le commerce informel suit une structure pyramidale dans laquelle 5000 à 6000 personnes travailleraient directement ; la hiérarchie serait dominée par un cercle restreint d’environs 30 puissants notables et 5 opérateurs de change majeurs après lesquels agissent 60 grossistes, 350 distributeurs, 250 à 300 agents de change, 1200 détaillants, faisant travailler chacun entre 3 et 4 personnes et s’appuyant sur 600 transporteurs.

Bien qu’informelle, la note précise que cette activité commerciale est donc solidement structurée autour d’une organisation hiérarchisée.

La Tunisie tente de reconquérir une part du marché libyen avec la baisse des échanges économiques, qui s’élevaient à la fin de l’année dernière à 185 millions de dollars, selon les données officielles, tandis que la fermeture récurrente des frontières en raison du conflit libyen et les mesures de lutte contre le Covid-19 ont sapé l’économie informelle qui alimente le tissu économique du sud tunisien.

La Libye est considérée comme l’un des partenaires économiques les plus importants de la Tunisie, car elle était le premier partenaire commercial au niveau maghrébin et arabe et le cinquième au niveau international. La Tunisie est toujours une destination principale pour les Libyens pour le tourisme et les soins, avec environ 1,5 million de visiteurs libyens chaque année.

Le marché libyen représente le marché d’exportation le plus important pour les produits agricoles tunisiens, avec 60% des produits fruitiers de saison, et des centaines d’entreprises travaillant à l’exportation vers le marché libyen.

Les observateurs économiques considèrent que le commerce parallèle dans le sud tunisien est devenu comme un vrai lobby difficile à contrôler en raison de la complexité et de la bonne organisation des réseaux de contrebande.

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