Tunisia
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Ma vie: Travailleur journalier avec 01 enfant de Sidi Ali Ben Oun

Tunisie Numérique a mené une série d’interviews auprès des familles tunisiennes pour savoir comment elles gèrent leurs budgets en ces temps de crise que traverse le pays.

Ces tunisiens proviennent de différentes classes sociales, sont d’âges différents et habitent dans des quartiers aussi bien huppés que populaires. Ils ont accepté volontairement de répondre de manière spontanée et anonyme aux questions de Tunisie Numérique. Les récits ont été retranscrits tels quels.

Lamjed a 45 ans. Il est travailleur journalier

Sa femme, Assila a 50 ans. Elle est ouvrière agricole saisonnière.

Le couple a s’est marié en 2014. Assila et Lamjed ont un fils unique, Omar qui a 5 ans et demi.

Lamjed se confie à nous : « Je travaille en tant que porteur dans un des marchés de la ville de Sidi Ali Ben Oun. Nous louons une petite maison dans la campagne. Pourtant mon père possède des hectares de terres agricoles fertiles ! »

Lamjed continue : « Je me déplace avec ma 103 pour aller travailler et faire mes courses au centre-ville. J’emmène également avec moi, tous les jours, mon fils Omar qui est en première année primaire ».

Vivre au jour le jour

Lamjed nous parle de son travail : « Je n’ai pas de revenu fixe. Mon salaire dépend de l’activité du souk mais dans tous les cas je ne gagne pas plus que 400 dinars par mois. Vous imaginez déjà la précarité dans laquelle on vit. Que peut-on faire avec uniquement 400 dinars par mois : payer le loyer, l’électricité, la nourriture …. C’est impossible ».

Assila intervient : « J’essaie d’aider mon mari autant que je peux. Je travaille en tant qu’ouvrière agricole dans les fermes avoisinantes. Lamjed ne veut pas que je prenne les camions de la mort pour aller travailler plus loin. Cela réduit mes chances de trouver du travail ».

Assila nous dit ne gagner que 170 dinars par mois en moyenne. Durant la récolte des olives son salaire passe de 10 dinars à 15 dinars par jour.

Lamjed est originaire de la délégation de Sidi Ali Ben Oun, il est porteur dans le marché des fruits et légumes depuis plus de 10 ans.

Lamjed nous dit : « On vit au jour le jour. Je ne peux pas me permettre de ne pas travailler. Si je tombe malade, on n’aura pas de quoi manger. Même si mon gosse est encore petit, les dépenses quotidiennes sont insurmontables. La société est impitoyable ».

Un mariage, un enfant et pas plus

Lamjed continue : « Je loue un taudis misérable au bon milieu de nulle part. Je ne peux pas m’offrir plus. Mon père possède plusieurs hectares de terres agricoles fertiles mais il ne veut pas m’aider. Ma famille m’a renié depuis que j’ai décidé d’épouser Assila ».

Lamjed peiné nous dit : « J’ai été tout simplement banni de la famille. Parce que j’aimais Assila ma famille ne me parle plus. Même ma mère ne veut plus entendre parler de moi ».

Lamjed nous confie son rêve : « Je rêve d’avoir une maison, même avec une seule pièce. Je me sens comme un clochard sans domicile. Je veux qu’on soit stables ».

Assila prend la parole et dit : « En me mariant avec Lamjed, je voulais avoir au moins 2 garçons. Avec la pauvreté dans laquelle nous vivons, un seul garçon suffit. On fait beaucoup de sacrifices pour Omar mais c’est dur. On se prive de tout pour lui ».

Assila est originaire de la même délégation. Elle est de la famille éloignée de Lamjed. Elle nous confie à ce sujet : « Au début, je ne voulais pas me marier avec Lamjed car il était plus jeune que moi. Mais il a insisté et finalement on s’est mariés en 2014 ».

Assila continue : « je n’ai jamais pensé à travailler jusqu’en 2017 quand nous avons eu notre garçon Omar. L’argent que Lamjed gagnait ne suffisait plus. Il fallait que je sorte travailler et aider mon mari ».

Assila lance un long soupir et dit : « La famille de Lamjed n’a pas branché. C’est comme si on n’existait plus. Omar ne connaît pas ses grands-parents vous rendez-vous compte ! ».

Assila lance : « Maintenant je dois travailler dans les fermes et me faire exploiter contre quelques dinars. Je ne serais pas dans cette situation si j’avais fait des études ».

La santé de Omar avant tout

Le couple possède un carnet de soins dans la filière publique mais ils sont souvent obligés d’aller vers des structures privées.

Assila nous dit à ce sujet : « Aller à un hôpital public est un calvaire. Quand le petit est malade, on ne peut pas attendre. Les rendez-vous s’éternisent et en plus les hôpitaux n’ont plus de médicaments. Les équipements sont rudimentaires dans les hôpitaux de la région. Nous sommes obligés d’aller au privé. On est plus rassurés sur la qualité des soins et ce sont souvent bizarrement les mêmes médecins qu’on trouve dans le publique ! ».

Le budget familial

  • Loyer de la maison : 80 dinars ;
  • Facture de la STEG : 40 dinars ;
  • Pas d’Internet ;
  • Frais de transport : 150 dinars ;
  • La famille dépense 200 dinars en moyenne en produits alimentaires et d’entretien. Mounir ramène souvent des légumes et fruits invendus ;
  • Argent de poche de Lamjed : 70 dinars ;

La famille achète les vêtements de l’Aïd pour le petit du marché hebdomadaire.

Le mouton du sacrifice est offert pour la famille de Assila

La famille n’a ni compte postal, ni bancaire.

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