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Politique – Conflit israélo-palestinien : des juifs plus en sécurité à Djerba qu’à Jérusalem

Aux yeux des Israéliens, les combattants palestiniens commettent le crime impardonnable de démontrer que les juifs sont plus à l’abri dispersés dans le monde ainsi qu’ils l’ont toujours été, que réunis en Israël, sur une terre dirigée par un Etat qui ne veut pas ou ne sait pas vivre en paix.

Par Dr Mounir Hanablia *

Comme de coutume, les images en provenance de Palestine et de Gaza sont insupportables de souffrance et de cruauté infligées aux populations civiles palestiniennes soumises à des bombardements sauvages par l’artillerie et l’aviation israéliennes.

C’est devenu une habitude établie depuis longtemps de voir les gouvernements israéliens successifs se livrer à des actes de provocation en assassinant des résistants qualifiés de terroristes, lancer leur armée suréquipée à l’assaut de Gaza et des villes et villages palestiniens à chaque échéance électorale israélienne, ou bien pour envenimer des discussions en cours, et en l’occurrence il s’agit des négociations sur le traité de non prolifération nucléaire en cours avec l’Iran, que l’Etat Hébreu ne désire pas voir aboutir, à moins que ce ne fût pour préparer le terrain à l’annexion de nouveaux territoires, et on pense en particulier aux mosquées de Jérusalem que les colons chauvinistes juifs tiennent absolument à effacer de la carte afin de reconstruire le temple supposé de Salomon.

Mais on ne peut pas ignorer non plus la prochaine mise en exploitation par les Israéliens du champ gazier de Kimmich situé au large du Liban et dont le Hezbollah a fourni la preuve qu’il pouvait en atteindre les plateformes ainsi que les navires en attente de chargement, si les revendications libanaises n’étaient pas prises en ligne de compte.

Déferlement d’une violence israélienne programmée

C’est dans ce contexte tendu que le président Joe Biden s’était rendu en Israël il y a deux semaines et avait, par la déclaration dite de Jérusalem, renouvelé l’engagement américain de se tenir politiquement, militairement, économiquement, financièrement, à ses côtés, et de garantir ses intérêts, sa sécurité, et ses frontières.

Les Palestiniens eux n’avaient obtenu que quelques millions de dollars, une aumône, pour améliorer leurs hôpitaux.

Face à ce déferlement de violence programmée, les Palestiniens n’ont eu d’autre choix que de se défendre en lançant contre le territoire israélien des missiles dont quelques-uns ont bien occasionné des dégâts, malgré le Dôme d’Acier établi pour les intercepter. 

Peut-on le leur reprocher alors que le rapport de force militaire leur est si défavorable et que la proportion des pertes se monte à 200 contre 1 à leur détriment ? La seule arme véritablement à leur disposition grâce à laquelle ils surclassent leurs adversaires, c’est leur capacité à encaisser les coups. Et en ce sens leurs missiles sont là pour dire à leurs adversaires que leur volonté de recouvrer leurs droits est toujours intacte et que leur capacité combattante ne cesse de s’améliorer d’un conflit à un autre.

Il reste la logique israélienne qui elle est invariable et qui n’évalue pas les accords dits d’Abraham sous l’égide des Américains avec des Etats arabes, en termes de relations pacifiques, mais plutôt comme une reddition des vaincus conférant à leurs vainqueurs le droit de faire ce qu’ils entendent sans restriction.

Un Etat colonial irrespectueux des traités internationaux

Ce qui se passe actuellement à Jérusalem sur l’esplanade des mosquées en constitue la manifestation la plus éclatante. Dans ces conditions, on pourrait se poser la question de savoir s’il existe bien une utilité à établir des relations diplomatiques avec un pays qui n’aura de cesse une fois cela accompli, de tenter de les violer à son bénéfice. Et c’est un fait, l’État juif n’a jamais eu la réputation de se montrer particulièrement respectueux des traités internationaux.

La deuxième constante sous-tendant la politique israélienne est le caractère juif de l’Etat dont, avec l’accroissement de la population palestinienne, le seul moyen de le pérenniser est le recours à la politique d’apartheid et d’oppression. Or, en dépit de la propagande sioniste, la terre de Canaan n’a jamais été la propriété exclusive du peuple juif; il suffit de lire l’Ancien Testament pour s’en convaincre.

Le troisième volet de la logique israélienne est le plus contredit par les évènements actuels, celui de la terre d’Israël foyer du peuple juif rendu nécessaire par l’antisémitisme et la tragédie de la Shoah; en réalité ce dernier et avec raison a beaucoup plus tendance à s’installer en Amérique et même à se fondre parmi les goys, et c’est peut-être cette dernière réalité qui rend nécessaire aux yeux des rabbins sionistes l’existence d’un Etat juif.

Cependant, la prolifération des armes et des missiles, et l’accession des différents pays, à l’instar de l’Iran, aux moyens les plus sophistiqués de la technologie militaire, n’assure pas la sécurité du peuple juif, bien au contraire. Aujourd’hui les Juifs ne se sentent pas menacés d’anéantissement à New York comme ils le sont à Tel Aviv ou à Haifa lorsque les sirènes retentissent et que les populations courent se réfugier dans les abris.

Ce serait facile d’en connaître les raisons véritables mais les dirigeants sionistes préfèrent mettre cela sur le compte du fanatisme musulman. Si donc ces derniers exigent aujourd’hui la destruction de l’Iran par les gros bras américains, ce n’est pas parce qu’il constitue une menace atomique crédible, mais parce qu’en réalité il commet le crime impardonnable de démontrer que les Juifs sont plus à l’abri dispersés dans le monde ainsi qu’ils l’ont toujours été, que réunis sur une terre dirigée par un Etat qui ne veut pas ou ne sait pas vivre en paix.

* Médecin de libre pratique.