Edward Snowden et Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, sont sans aucun doute les personnes que Washington aimerait le plus récupérer. Les Américains auront peut-être Assange, pour lui faire payer l’opprobre qu’il a jeté sur les USA en 2010 ; mais pour Snowden ce sera beaucoup plus compliqué vu que la Russie, où il se planque depuis 2013, vient de le naturaliser…
Le président Vladimir Poutine a bien choisi son moment pour délivrer la nationalité russe, «à sa demande», au lanceur d’alerte et ancien employé de la NSA américaine, en vertu d’un décret paru hier lundi 26 septembre. Rappelons que Snowden était contractuel pour la NSA, il avait provoqué un émoi mondial en déballant sur la place publique les techniques d’espionnage scandaleuses de l’administration américaine au temps de Barack Obama.
Snowden, 39 ans, est traqué depuis par les autorités américains pour avoir remis à la presse des dizaines de milliers de documents secrets de l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA), une affaire qui avait ébruité le degré de surveillance électronique orchestrée par Washington. Les révélations avaient provoqué des remous entre les Etats-Unis et leurs alliés ; et Poutine avait flairé le coup en accordant le statut de réfugié à l’employé de la NSA, ce qui avait ulcéré les Américains…
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué à l’agence Ria Novosti que Snowden a été naturalisé à sa demande pour faciliter les visites de sa femme, une Américaine…
Rappelons que la demande de Snowden est sur la table depuis 2020, si Poutine ne l’a agréée que maintenant c’est certainement pour faire un pied de nez au président américain, Joe Biden, lui qui vient de le menacer du pire s’il va jusqu’au bout de son projet d’annexion de quatre régions ukrainiennes. Aux yeux du maître du Kremlin Snowden est juste une arme, comme le sont ses milliers de têtes nucléaires, et il les brandira jusqu’au bout pour toucher son vrai adversaire, les USA.
«Après des années à être séparés de nos parents, mon épouse et moi-même n’avons aucune envie d’être séparés de nos fils (…). Après deux ans d’attente et près de dix ans d’exil, un peu de stabilité fera une différence pour ma famille», a déclaré Snowden après avoir appris l’heureuse nouvelle…
La réaction a été beaucoup plus tiède du côté du département d’État américain. Son porte-parole a déclaré que Snowden, toujours sous le coup d’une inculpation aux États-Unis, est toujours un citoyen américain, donc un justiciable comme tous les autres. «Je n’ai pas connaissance d’un quelconque changement de citoyenneté (…). La seule chose qui a changé est qu’en conséquence de cette citoyenneté russe, apparemment il pourrait maintenant être mobilisé pour combattre dans cette guerre irresponsable», a-t-il ironisé…
Ce à quoi l’avocat russe du lanceur d’alerte a répliqué que n’ayant jamais fait son service militaire dans le pays, Snowden n’est pas concerné par le décret de mobilisation signé par Poutine dernièrement…
A noter que l’épouse de Snowden a également décidé de faire sa demande de naturalisation.
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