France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

50 bêtes tuées par les loups en novembre : recrudescence d'attaques en Margeride et sur le Larzac, les éleveurs en colère

À l'initiative de l'association aveyronnaise Cercle 12, des éleveurs de onze pays européens se réunissent en Isère ce mardi 29 novembre pour demander le déclassement du loup dans la Convention internationale de Berne, ce qui autoriserait plus de tirs de défense.

Des éleveurs de toute l'Europe crient au loup. Venus de 11 pays européens, ils se réunissent ce mardi 29 novembre dans l'Isère (à Saint-Jean-de-Bournay), pour dresser un état des lieux des pertes liées aux attaques de loup et demander que l'animal soit mieux régulé, c'est-à-dire moins protégé.

L'idée est de faire pression sur les instances européennes au moment se réunit en parallèle la 42ème réunion du comité permanent de la convention de Berne. C'est cette convention qui classe encore le loup dans les espèces très protégées. Compte tenu de la hausse régulière du nombre de loups recensés dans certains pays et du nombre croissant d'attaques sur les troupeaux, sept pays demandent le déclassement des loups dans la Convention Internationale de Berne et la Directive Habitats de l’Union Européenne.

50 bêtes tuées en région en moins de trois semaines

"Le Conseil de l’Union Européenne, sur proposition de la commission européenne, demande à la commission permanente de la convention de Berne de rejeter cette proposition au motif que l’état de conservation des loups ne serait pas satisfaisant au niveau européen", s'insurge Mélanie Brunet. L'éleveuse aveyronnaise est aussi présidente de l'association Cercle 12, à l'origine de ce rassemblement européen, et qui regroupe des éleveurs aveyronnais, héraultais et gardois.

Après une accalmie estivale, elle évoque sur le terrain une situation locale redevenue critique en termes d'attaques de troupeaux sur le Larzac et en Margeride avec 50 bêtes tuées ou euthanasiées : "Depuis le 4 novembre, on recense 17 bêtes tuées en Margeride, quatre attaques sur le Larzac côté Aveyron, deux côté Hérault avec 12 bêtes tuées à Saint-Maurice-Navacelles. Ce n'est pas une situation tenable pour les éleveurs."

A lire aussi : "J'ai vu un des loups à 50 m de moi" : le troupeau de cet éleveur lozérien attaqué sous ses yeux

Tirs renforcés dans l'Hérault mais manque de matériel

Un couple de loups avait notamment été aperçu sur le Larzac en début d'année, ce qui rendait possible la création d'une meute. Devant cette situation, le Préfet de l'Hérault avait autorisé des tirs renforcés sur les secteurs du Larzac et du Caroux. Très réglementés, ces tirs autorisent l'abattage d'un seul spécimen par des tireurs accrédités et en général professionnels. Des associations de défense des animaux s'étaient alors insurgées contre une mesure jugée excessive.

A lire aussi : Occitanie : cette autorisation de tirer sur les loups du Larzac qui fait bondir les défenseurs de la nature

"Ces autorisations n'ont rien donné pour le moment car les louvetiers n'ont toujours pas reçu le matériel à visée nocturne", déplore Mélanie Brunet.

158 loups déjà abattus en France en 2022

Les éleveurs voudraient que ces tirs renforcés soient multipliés pour améliorer la défense des troupeaux, d'où la demande de déclassement du loup en annexe 3 (protection simple) et non plus en annexe 2 de la Convention de Berne. Sur une population estimée à un peu moins d'un millier d'individus en France, 158 loups ont déjà été abattus cette année (sur un total de 174 autorisés), essentiellement dans les Alpes.

PIXABAY
PIXABAY

"Malgré cela, la population de loups continue de croître de 10% chaque année et selon nos statistiques, nous flirterons avec les 12 000 bêtes tuées cette année en France contre 11 000 ces dernières années" s'alarme Mélanie Brunet, qui rappelle que les indemnisations ne couvrent pas tous les préjudices, notamment psychologiques pour les éleveurs.

Ce rassemblement inédit d'éleveurs de onze pays européens (Allemagne, Autriche, Suisse, Italie, Pays bas, Espagne, Slovénie, Norvège, République tchèque, Belgique, France) doit montrer "que les ravages du loup sont une réalité dans l'ensemble de l'Europe et qu'il y a une unité dans cette lutte contre la prédation."

One Voice attaque l'arrêté préfectoral

L'association de défense de l'environnement One Voice a attaqué l’arrêté préfectoral de tirs renforcés dans l'Hérault sur le secteur du Caroux. Elle a déposé un référé-suspension qui sera audiencé à 14 h 30 ce mercredi 30 novembre au tribunal administratif de Montpellier. Cela pourrait suspendre l’application de l’arrêté. En parallèle, One Voice a aussi déposé un recours en annulation, jugé ultérieurement, et qui tranchera sur la légalité de celui-ci.

Cet arrêté avait été pris l'été dernier suite à des attaques sur un troupeau de Fraisse-sur-Agout déclaré non protégeable. Mais l'association souligne qu'aucun tir de défense simple n’a été autorisé au préalable et que l'arrêté ne remplit donc pas les conditions requises de graduation des mesures prises. Le 16 novembre, One Voice avait été débouté par le tribunal administratif de Nîmes dans une requête similaire contre un arrêté de tir de prélèvement d'un loup par les préfets de Lozère et de Haute-Loire.