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55 milliards de dollars : les superprofits d'ExxonMobil préfigurent ceux de TotalEnergies

De quoi donner un coup de projecteur anticipé sur les résultats financiers de TotalEnergies le 8 février qui s'annoncent historiques, et relancer le débat sur une taxation des superprofits encore plus lourde que la contribution de solidarité sur les bénéfices des groupes énergétiques décidée l'an dernier par Bruxelles. Profitant du bond du cours des hydrocarbures lié à la reprise de la demande et au tarissement de l'offre russe, son rival américain ExxonMobil a annoncé ce mardi avoir réalisé un bénéfice net record de 55,7 milliards de dollars en 2022. Soit un peu plus d'un milliard de dollars de profits par semaine.

« Nos résultats ont clairement bénéficié d'un marché favorable, mais les investissements anticycliques réalisés avant et pendant la pandémie ont fourni l'énergie et les produits dont les gens avaient besoin lorsque l'économie a commencé à se redresser et que les approvisionnements se sont amoindris », a indiqué Darren Woods, le PDG d'Exxon, cité mardi dans un communiqué.

A partir du 5 février, l'embargo sur le pétrole russe va mettre la pression sur le diesel

Des bénéfices historiques en vue pour TotalEnergies

Les résultats de TotalEnergies seront également stratosphériques. Sur les 9 premiers mois de 2022 déjà, le résultat net du groupe français s'élevait à plus de 17 milliards de dollars, en hausse de 69% par rapport à la même période de l'an dernier. L'annonce des résultats le 8 février risque une nouvelle fois de faire polémique, dans un contexte de grogne sociale liée au projet de réforme des retraites et d'inflation. Et ce, même si la major multiplie les gestes en faveur de ses clients. Après la ristourne TotalEnergies a récemment annoncé qu'il contribuera à hauteur d'un rabais de 100 euros par mégawattheure (MWh) au dispositif prévu par Bercy pour contenir la facture d'électricité des très petites entreprises (TPE).

Contribution de solidarité sur les profits

Pas plus tard qu'hier, Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies a indiqué dans le quotidien belge l'Echo que le montant de la contribution de solidarité sur les profits des groupes énergétiques va, au titre de l'année 2022, « dépasser les deux milliards » d'euros dans l'Union européenne et au Royaume-Uni. En octobre, le groupe avait déjà estimé « à un milliard d'euros l'impact de la taxe de solidarité européenne » en 2022, en précisant que cette taxe de solidarité européenne serait due dans six pays de l'UE: la France, l'Allemagne, la Belgique, le Luxembourg, principalement sur ses activités de raffinage, ainsi qu'aux Pays-Bas et au Danemark pour les activités d'exploration et production.

« Le raffinage a perdu de l'argent pendant des années, et maintenant l'année où nous commençons à gagner de l'argent, il est surtaxé comme un superprofit, alors que ce n'est qu'un profit », a regretté le Patrick Pouyanné.

Le géant français ne contestera toutefois pas cette contribution au niveau européen. Par contre, il en tirera « les conséquences » : « au Royaume-Uni, nous investirons moins », a-t-il résumé. Patrick Pouyanné a par ailleurs précisé que son groupe paierait « 33 milliards de dollars » en taxes et impôts à travers le monde en 2022. « Nous sommes dans les 10 plus gros contributeurs au monde », dit-il.

Patrick Pouyanné s'attend à ce que le débat sur les « superprofits » des compagnies pétrolières et gazières ressurgisse à l'occasion de publications de leurs résultats annuels.

« Je comprends qu'il y a là un sujet sociétal, collectif, compliqué. Et je comprends comme vous le dites que ça fâche », a-t-il dit à notre confrère belge.

La Commission européenne avait indiqué fin septembre qu'elle voulait réclamer une « contribution temporaire de solidarité » aux producteurs et distributeurs de gaz, charbon et pétrole qui réalisent des bénéfices massifs grâce à la flambée des cours consécutive à la guerre en Ukraine. Elle doit être fixée à 33% de la part des superprofits de 2022, c'est-à-dire des bénéfices supérieurs de plus de 20% à la moyenne des années 2019-21, tout en tenant compte des mesures prises par les États taxant déjà ces bénéfices. La France l'a transposée dans son budget 2023.

La Commission a pris soin de ne pas utiliser le mot « taxe" car toute disposition fiscale nouvelle à l'échelle européenne aurait requis l'unanimité des Vingt-Sept, procédure plus compliquée et risquée qu'une adoption à la majorité qualifiée.