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À Bagdad, la rue des libraires, témoin de l’avant et l’après-Saddam Hussein

Anniversaire.

Considérée comme le phare culturel de Bagdad, la rue Al-Mutanabbi, cible d’un attentat ravageur en 2007, abrite des librairies qui ont connu l’époque du raïs, celle de l’invasion américaine de 2003 et les vingt ans d’instabilité qui s’ensuivirent. Des événements qui ont marqué la pierre et les esprits, raconte “Al-Jazeera”.

Des Irakiens déambulant, en décembre 2020, dans la rue Al-Mutanabbi, à Bagdad, où l’on trouve de nombreuses librairies.
Des Irakiens déambulant, en décembre 2020, dans la rue Al-Mutanabbi, à Bagdad, où l’on trouve de nombreuses librairies. PHOTO AHMAD AL-RUBAYE / AFP

À 89 ans, Haj Mohammed Al-Khashali sert encore le thé dans le café Shabandar, situé dans la célèbre rue Al-Mutanabbi, du nom du célèbre poète arabe du Xe siècle dont la statue y trône, non loin du centre de Bagdad.

Au fil du XXe siècle, cette rue est “devenue un symbole de la liberté intellectuelle, attirant écrivains, artistes et autres voix dissidentes”, rappelle Al-Jazeera au fil d’un reportage à l’occasion du 20e anniversaire de l’invasion américaine du pays sur l’ordre de George W. Bush.

Elle a également attiré les libraires, donnant naissance à un fameux adage dans le monde arabe qui dit : “Le Caire écrit, Beyrouth publie et Bagdad lit”, notamment dans cette rue “où les gens affluaient pour assouvir leur passion de la lecture”.

Cette rue, explique Al-Jazeera, “n’a pas été épargnée par la violence” durant l’invasion américaine de l’Irak en 2003 qui a renversé Saddam Hussein. Elle porte aussi les stigmates du “conflit communautaire” entre sunnites et chiites qui s’est ensuivi et qui a duré plusieurs années.

En 2007, un attentat suicide à la voiture piégée dévaste la rue. Il fera 30 morts. Haj Mohammed Al-Khashali y perdra quatre fils et un petit-fils.

“C’est encore une cicatrice ouverte dans mon cœur qui ne guérit pas […] Ils ont renversé un dictateur et mis en place de nombreux autres.”

Liberté d’expression

Un homme interrogé va même jusqu’à expliquer que, sous Saddam Hussein, le pays était tenu par une main de fer et réellement gouverné, se moquant de la “démocratie” qui avait été promise.

Cependant, les libraires sollicités par le média panarabe ne sont pas nostalgiques du raïs. Comme le rappelle Al-Jazeera, sous son règne, “la censure était stricte […] des livres étaient bannis et l’expression étranglée”.

“Il y a une vraie différence entre (la rue) Al-Mutanabbi avant et après 2003”, dit l’un d’eux, malgré les récents tours de vis du pouvoir contre les “contenus décadents” sur les réseaux sociaux et l’alcool.

Aujourd’hui, les libraires de la rue sont confrontés à un autre enjeu. Depuis des travaux de rénovation effectués en 2021, les loyers ont fortement augmenté, “rendant intenable leurs conditions de vie” au vu des difficultés économiques du pays.

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