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A hauteur d’« Enfants en guerre »

Un livre collectif empathique, sous la direction de Laura Hobson Faure, Manon Pignot et Antoine Rivière, sur la vulnérabilité enfantine durant les conflits du XXᵉ siècle.

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« Enfants en guerre. “Sans famille” dans les conflits du XXe siècle », sous la direction de Laura Hobson Faure, Manon Pignot et Antoine Rivière, CNRS Editions, 418 p., 26 €, numérique 19 €.

Parmi les figures les plus émouvantes qu’ont léguées les conflits contemporains se trouvent, assurément, celles des enfants brutalement séparés de leurs ­familles. Depuis le début du XXe siècle, les guerres multiplient ces arrachements : innombrables orphelins, enfants cachés ou ­confiés, sans parvenir ensuite à retrouver leurs proches, ainsi que tous ceux délibérément pris pour cible par des politiques crimi­nelles, voire génocidaires. Des pratiques réactivées au présent, comme le souligne le mandat d’arrêt récemment délivré par la Cour pénale internationale contre Vladimir Poutine et Maria Lvova-Belova (« commissaire aux droits de l’enfant » du régime russe) pour la déportation illégale de milliers d’enfants de l’Ukraine vers la Russie et vers les territoires ukrainiens contrôlés par l’armée d’occupation.

Le livre collectif dirigé par Laura Hobson Faure, Manon Pignot et Antoine Rivière éclaire de façon subtile cette actualité, en multipliant les regards sur la vulnérabilité enfantine lors des guerres du siècle passé. Subtile, parce que, à travers des contributions variées dans leurs terrains et leurs méthodes, couvrant la guerre d’Espagne, la seconde guerre mondiale, mais aussi la guerre d’indépendance algérienne et le génocide des Tutsi au Rwanda, l’ouvrage se place constamment à hauteur d’enfant pour saisir l’expérience de la séparation et ses effets dans le temps.

On découvre en particulier la complexe construction identitaire d’enfants juifs sauvés de la Shoah parce qu’ils ont pu être accueillis en très bas âge dans des familles polonaises catholiques, mais pour qui la révélation de leur judéité après-guerre constitue un choc en retour, boule­versant les repères stéréotypés, parfois même antisémites, qu’ils avaient pu se construire, comme pour Ludwik Jerzycki, 9 ans en 1947 : « Je pleurais, je ne voulais pas retourner chez les juifs, parce qu’on disait que les juifs tuaient les enfants. » D’autres ne connurent jamais leurs origines exactes, comme Joseph Nadanowska, né à Paris, en 1938, confié à l’Assistance publique en 1942, et qui crut jusqu’à sa mort, en 2004, que sa mère l’avait abandonné, parce que l’institution refusait de lui révéler qu’elle avait été déportée à Auschwitz.

Les dilemmes des adultes

Si les émotions enfantines et leurs effets tout au long de la vie sont au cœur de ce travail, celui-ci éclaire également les dilemmes des adultes. Sauver les enfants, bien sûr, mais comment et quand ? A qui les confier, à quel moment les faire partir, par exemple, pour un pays neutre ? Comment espérer ou garantir que la séparation ne soit pas définitive ? Plusieurs contributions rappellent utilement que, loin des évidences rétrospectives, ces choix furent d’une extrême difficulté, tant pour les parents que pour les membres d’associations philanthropiques et d’œuvres de secours mobilisés dans l’urgence et l’incertitude.

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