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RécitLes autorités de la cité ukrainienne, pourtant libérée, incitent la population à fuir les bombardements russes.
Voilà près d’un mois que la ville de Kherson, au sud de l’Ukraine, a été désertée par les troupes russes, repliées de l’autre côté du Dniepr qui borde la cité. Pourtant, ce 5 décembre, en fin de matinée, un ballet d’ambulances et un afflux de civils accompagnés d’enfants et chargés de bagages animent la gare de la ville balayée par un vent glacial. Au son des tirs longue distance que l’on entend dans le ciel partir frapper des sites stratégiques du pays, les autorités ont affrété, ce midi, un train spécial pour Odessa. Elles organisent leur première évacuation massive d’habitants, de blessés et de personnes âgées. Le message semble clair : la reprise de la ville ne veut pas dire que la paix soit revenue.
Le chef de l’administration militaire régionale de Kherson, Yaroslav Yanushevich, assure au Monde que ces départs « ne sont pas obligatoires mais fortement encouragés. C’est pour protéger la population des frappes russes et pour faciliter nos propres opérations militaires de reconquête de notre territoire ». Depuis le 20 novembre, 169 frappes ont été recensées sur cette seule région. Samedi, selon les chiffres officiels, 32 personnes ont été blessées et 7 tuées. Les villages le long de la rive gauche du Dniepr sont les plus touchés par les tirs d’artillerie russe. Une situation qui devrait se poursuivre plusieurs mois et conduit le pouvoir local à vouloir vider la ville pour réduire les pertes.
Inès Chamlay, la directrice du centre régional de médecine d’urgence, le SAMU local, gère une partie de cette évacuation. Elle avait conservé ses fonctions sous l’occupation russe et se réjouit de retrouver cette entraide entre Ukrainiens après des mois de terreur. « Depuis le départ des Russes, des blessés graves avaient déjà été transférés, individuellement, en dehors de Kherson, dit-elle, mais c’est la première fois que nous évacuons ainsi près d’une quarantaine de personnes hospitalisées que nous aurions pu garder et dont certains ont des traumatismes datant de plusieurs mois. Il nous reste des stocks de médicaments mais les coupures d’électricité et les bombardements sont une menace permanente. »
Blessés envoyés à Odessa
Parmi les évacués figurent des personnes blessées alors que les Russes étaient encore là et donc, possiblement, par des frappes ukrainiennes. Yvan Tcharkovski, âgé de 64 ans, habite dans un immeuble en périphérie de Kherson. Le 28 septembre, son immeuble a été touché par deux missiles alors qu’il se trouvait dans un couloir de son appartement. Le bâtiment a été éventré, il est tombé du troisième au premier étage. Les secours l’ont sauvé mais il a été amputé d’une main et a perdu l’usage de l’autre. Trop diminué après une grave blessure au bassin, il voyage allongé.
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