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A l’Opéra-Comique, la « Lakmé » historique de Sabine Devieilhe

Après l’orientalisme de Lilo Baur en 2014, Laurent Pelly met en scène une nouvelle production du chef-d’œuvre de Léo Delibes.

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« Tu m’as donné le plus doux rêve » : Lakmé va mourir et chante l’un des plus beaux et poignants hymnes à l’amour de l’opéra français. Sa voix pure et déjà lointaine émeut aux larmes. Peu d’artistes possèdent ce pouvoir mais Sabine Devieilhe est une artiste qui vient d’une autre planète en ce soir de première à l’Opéra-Comique, dont la nouvelle production du chef-d’œuvre de Léo Delibes a été confiée au metteur en scène Laurent Pelly. La soprano colorature avait déjà triomphé dans la production de janvier 2014 régie par Lilo Baur, s’inscrivant naturellement dans la succession des grandes titulaires du rôle, de Lily Pons à Mady Mesplé, de Mado Robin à Christiane Eda-Pierre, en passant par l’inoubliable Natalie Dessay. Elle va plus loin et affirme ici une maturité nouvelle et une plus grande liberté dans l’expression.

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On a déjà loué l’incroyable palette de couleurs et de virtuosité déployée par la soprano française dans le fameux Air des clochettes, bras armé de la vengeance totalement investi dramaturgiquement. Promenée dans la foule sur une charrette, telle une condamnée à mort, la « petite déesse » a en effet été contrainte par son père, le prêtre Nilakantha, à chanter la fameuse Légende sacrée de la fille du paria afin de démasquer l’étranger sacrilège qui l’a séduite, humiliant et offensant son peuple.

Amour impossible

A son cœur défendant, la voix de Lakmé est un piège tendu. Hélas perturbée par la sonnerie d’un portable (il y a aussi des profanateurs dans le public), la mélopée orientalisante s’est élevée après un long silence, peut-être moins finement ourlée qu’à l’accoutumée, portant le poids de la tragédie à venir. Puis la soprano a déroulé, avec cet art parfait de la prosodie qui la caractérise, les ornements, trilles, roulades et vocalises du célèbre morceau de bravoure qu’elle a couronné d’aigus lumineux aussi impalpables que l’air. Derrière elle, un petit dispositif de théâtre d’ombres jouait l’histoire de la jeune paria, à qui le sauvetage d’un étranger égaré dans la forêt – non pas l’officier anglais, Gérald, mais le dieu Vishnou, fils de Brahma – vaudra d’accéder à l’essence divine.

Cet amour impossible entre deux êtres issus de communautés antagonistes, la fille de Brahmanes et le colonisateur anglais, Laurent Pelly l’a installé dans un orient épuré : dans sa cage de bambou à l’acte I, Lakmé, toute de blanc parée, ressemble même à une petite Turandot. Décor composé de grandes feuilles de papier blanc aux déchirures étudiées telles dans l’art du Chigiri-e, personnages vêtus et maquillés à l’instar de danseurs butô, les actes II et III convoqueront pleines lunes, ciels colorés et cohortes de lanternes en tissu dansant au bout d’un bâton. De basiques costumes du XIXe siècle habillent la gent occidentale en goguette chez les « barbares ».

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