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À la synagogue Beaugrenelle, séminaristes et rabbins réunis pour un office de shabbat

À l’entrée de la synagogue de Beaugrenelle, dans le XVe arrondissement de Paris, des séminaristes du diocèse de Paris franchissent la double porte, un à un, accueillis par des « shabbat shalom ». Ils se voient remettre une kippa, pour assister, ce vendredi 23 septembre, à l’office du shabbat, sur une invitation des rabbins libéraux de Judaïsme en Mouvement (JEM).

Cette « rencontre fraternelle » avec les futurs prêtres, a été organisée à la veille de Roch Hachana, le début de la nouvelle année juive 5783, célébrée du 25 au 27 septembre. « C’est une belle période pour les juifs, une période de réconciliation entre fidèles, se réjouit le rabbin Philippe Haddad, du mouvement libéral JEM et prix de l’amitié judéo-chrétienne de France en 2021. C’est donc une période propice aux rencontres. »

« Réalité concrète »

L’occasion aussi, pour les futurs prêtres, d’« envisager le judaïsme pas uniquement comme un héritage ancien, du fait de nos racines juives », mais aussi comme une « réalité concrète », se félicite le père Jean-Baptiste Arnaud, formateur du séminaire et curé de Saint-Louis en l’île. C’est d’ailleurs le premier office auquel assiste Henri, 24 ans. Dans le cadre de sa formation, il a déjà eu des cours sur le judaïsme, des cours d’hébreu ou encore d’étude des livres de l’Ancien Testament, mais cette rencontre permet, à ses yeux, « de mieux connaître le Christ ». « On se sent chez soi avec ceux qui lisent la Bible », sourit-il.

Dans la salle de prière, le rabbin Delphine Horvilleur accueille les enfants de la communauté pour son « office signature », un shabbat pour les petits, en musique, « comme une messe des familles » explique-t-elle. Sous les regards des séminaristes, elle chante, tape dans ses mains, raconte des histoires… « Ça donne envie d’appréhender différemment les enjeux de la catéchèse aux enfants, s’amuse Albert, séminariste de 27 ans. Dans nos paroisses, nous sommes parfois encore dans un contenu très descendant, ce serait intéressant de creuser la place donnée aux chants, aux gestes. »

Présence symbolique

Les séminaristes assistent ensuite à un « kabbale shabbat », une forme particulière de l’office du vendredi, aux côtés des fidèles de la communauté, venus nombreux. Albert est marqué par cette liturgie juive tournée vers « la bénédiction de Dieu par l’assemblée, et l’attente de sa bénédiction », en résonance avec la célébration eucharistique. Il est également touché par le cantique du « lekha dodi », pendant lequel tous les fidèles se tournent vers la porte d’entrée, pour accueillir la présence de Dieu, physiquement. Une invitation qui le « met en face » de sa foi, et le « fait réfléchir à la manière dont on vit ce désir de Dieu ». « Comment fait-on désirer Dieu dans nos paroisses et nos apostolats ? »

La présence des séminaristes en cette veille de fêtes est également symbolique. « J’ai été frappé par la double porte à l’entrée, témoigne Maxime, 34 ans, ordonné diacre dans quelques semaines, en référence au dispositif de sécurité mis en place devant chaque lieu de culte juif. Je pense que notre venue est aussi un beau signe d’amitié, un moyen de dire : on est là pour vous. »