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« A poings fermés », de Jean-Manuel Roubineau : la chronique « histoire » de Roger-Pol Droit

Roger-Pol Droit

L’historien livre une description méticuleuse et vivante, d’une étonnante précision, du pugilat, cette boxe pratiquée dans l’Antiquité.

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« A poings fermés. Une histoire de la boxe antique », de Jean-Manuel Roubineau, PUF, 410 p., 30 €.

TOUT SAVOIR SUR LE PUGILAT CHEZ LES GRECS

Sur la boxe, on se trompe ­souvent. Ce serait une affaire ­moderne, une invention anglo-saxonne. Ou bien un vestige de l’animalité. Ou encore un moyen, pour les plus affamés, d’échapper à la misère. Voilà autant d’erreurs. Parce que les boxeurs contemporains sont plutôt issus des classes moyennes que des plus démunies. Parce que, en fait d’animalité, la capacité de fermer com­plètement la main, d’en faire un poing pour frapper, se trouve ­propre à l’espèce humaine et ne se rencontre pas même chez les grands singes. Enfin, et surtout, parce que la boxe n’a rien de récent, de britannique ni d’amé­ricain : il y a deux mille cinq cents ans, au moins, elle était déjà bien installée, sous forme de combats publics, dans les cités grecques, sous le nom de « pugilat ».

Du siècle de Périclès jusqu’au temps des empereurs romains, les adversaires, toujours des hommes, commencent par se mettre entièrement nus, le pénis retenu par une cordelette. Leurs mains sont entourées de fines lanières de cuir soigneusement entre­lacées. Pas de catégories de poids, peu de coups interdits, ni ring ni rounds. Les combattants sont massifs, lourds, musculeux. L’affrontement dure jusqu’à la victoire d’un des protagonistes. Le sang coule vite, les blessures au visage se multiplient. Les spectateurs crient, exultent ou fulminent – comme toujours.

Les centaines de vases où les combats sont représentés

De cette face de l’Antiquité, plutôt méconnue, Jean-Manuel Roubineau livre une description méticuleuse et vivante, d’une étonnante précision. Son histoire de la boxe antique, intitulée A poings fermés, analyse, par exemple, geste après geste, ce qu’apprennent du déroulement des combats les centaines de vases où ils sont représentés. L’historien, maître de conférences à l’université Rennes-II, à qui l’on doit déjà plusieurs enquêtes, dont Milon de Crotone ou l’invention du sport (PUF, 2016), convoque également monnaies, peintures murales, mosaïques et, bien sûr, textes en tout genre. Son but : brosser un tableau aussi complet que possible de ce que fut jadis le pugilat, où la percussion est reine, par opposition au pancrace, lutte où dominaient préhension et corps-à-corps.

Lire aussi (2017) : Article réservé à nos abonnés

Le résultat impressionne, tellement rien n’est laissé de côté. Les styles, l’entraînement, l’ascèse, les spectateurs, les rémunérations, tout y passe. Ainsi apprend-on comment les pugilistes se couvraient le corps de ­poussière, s’entraînaient déjà avec des sacs dans les gymnases, mangeaient gras, appréciaient les figues et devenaient, parfois, objets d’une sorte de culte. Plutôt qu’exotisme et distance, il faut retenir la permanence des mêmes pratiques, la proximité des mêmes émotions.

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