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A Rambouillet, des bactéries marines illuminent pour la première fois la ville

On en trouve au fond des océans, la voilà dans nos villes. La bioluminescence, cette lumière bleutée caractéristique des abysses que l’on trouve naturellement chez certains poissons et calamars, est aussi l’œuvre de micro-organismes marins. Son potentiel terrestre a été développé par la start-up francilienne Glowee et a fait son apparition vendredi à Rambouillet, dans les Yvelines. Aucun animal n’a été maltraité pour cette innovation : ce sont des bactéries qui vont éclairer pendant six mois le nouveau panneau d’affichage du programme de la salle de spectacle la Lanterne, sur une place publique de la ville.

Les bactéries utilisées sont naturellement constituées de luciférine, un composé chimique capable de générer de la luminescence. Ces micro-organismes sont d’abord prélevés dans leur milieu naturel, puis reproduits à l’infini en laboratoire. Ils sont ensuite cultivés à l’intérieur même du mobilier urbain : «Le système est automatisé : des nutriments sont réinjectés tous les jours, ce qui permet de nourrir les bactéries et de les faire pousser. Quand il n’y a plus de nutriment, quelqu’un vient remettre du stock», détaille Sandra Rey, fondatrice de Glowee. L’air du dispositif doit être renouvelé régulièrement. Quant aux rinçages et nettoyages, ils «sont également automatiques, pour éviter les contaminations». Le mobilier ne s’éteint donc jamais, et la lumière bleue resplendit en pleine nuit. «Le plus dur a été d’atteindre des niveaux de lumière satisfaisants, mais aujourd’hui, c’est chose faite.»

La mairie ne tarit pas d’éloges sur cette innovation, qui est une fierté de la commune depuis quelques années. Tout commence en 2019, quand Rambouillet décide de soutenir la start-up basée à Evry (Essonne) dans le développement de la bioluminescence. «Cela a deux intérêts selon nous : aider une jeune entreprise française et donc éviter les fuites de nos cerveaux à l’étranger, et apporter une première réponse aux problématiques environnementales, notamment de pollution lumineuse», argumente la maire de Rambouillet, Véronique Matillon. Si l’expérimentation s’avère concluante, elle souhaiterait l’étendre à d’autres points de la commune. «On n’en est pas encore à l’étape de l’éclairage public, mais cela peut servir sur du mobilier urbain de signalétique ou de mise en valeur du patrimoine architectural», imagine-t-elle.

Remettre en question le lampadaire traditionnel

«Quand j’ai découvert la bioluminescence, j’ai tout de suite vu un potentiel pour la ville, raconte Sandra Rey. En plus d’éclairer et d’indiquer, cette lumière crée un univers imaginaire et poétique.» Un élément primordial pour réinventer l’éclairage de demain et imaginer des zones entièrement éclairées aux bactéries lumineuses. «L’approche traditionnelle du lampadaire a besoin d’être remise en question, car elle est surtout pensée pour les véhicules. Aujourd’hui, de plus en plus de zones se piétonnisent et se végétalisent. Nous avons affaire à une nouvelle forme d’urbanisme.» Le petit mobilier urbain de Rambouillet n’est qu’un début, mais marque celui d’un changement à venir dans la perception de nos villes et l’appréhension du monde de la nuit dans nos imaginaires.