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À Shin-Okubo, un avant-goût de la Corée en plein Tokyo

Surnommé la “Terre sainte de la hallyu” [la “vague coréenne”], le quartier tokyoïte de Shin-Okubo foisonne d’enseignes en hangul [système d’écriture coréen] et de produits K-pop clinquants, attirant les jeunes en nombre. On y compte de nombreux restaurants coréens et de plus en plus d’établissements servant des spécialités chinoises et d’autres régions d’Asie, devenues populaires en Corée du Sud avant de gagner Shin-Okubo. Ce quartier serait-il un modèle de “diplomatie de la table” ?

Le 14 mars, dans Okubo-dori, l’artère principale de Shin-Okubo, je tombe sur une enseigne qui proclame : “BTS raffole des yangkochi !” Lorsque j’entre dans le restaurant, nommé Kintatsurai Shin-Okubo, l’odeur du charbon de bois et des épices chatouille mes narines. Il y a quelques années, les membres de BTS, boys band coréen populaire à travers le monde, ont fait connaître les yangkochi – des brochettes d’agneau – à leurs fans japonais en déclarant qu’ils adoraient ça.

Ce restaurant sert des plats coréens, mais aussi des spécialités de Yanbian, préfecture autonome coréenne de la province de Jilin, dans le nord-est de la Chine, dont le patron est originaire. Les quelque 2 millions de Coréens qui vivent en Chine apprennent le chinois et une seconde langue, notamment le japonais, dans le cadre de la scolarité obligatoire, mais parlent coréen à la maison. À Shin-Okubo, Corée, Chine et Japon se rencontrent dans des restaurants comme celui-ci.

Les yangkochi sont originaires de Chine, où elles sont appelées yang’rouchuan. C’est une spécialité de la région autonome ouïgoure du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine. Là-bas, on assaisonne les brochettes uniquement avec du sel et du cumin, mais à Yanbian, on utilise diverses épices pour masquer la forte odeur de la viande d’agneau. “Les brochettes du Xinjiang sont renommées, mais celles de Yanbian ont une saveur différente, et elles sont délicieuses”, assure en cuisine Kyokai Kyoku, 43 ans, originaire de Chine.

La nostalgie des brochettes

Il saupoudre sur les brochettes un mélange d’épices comprenant entre autres du cumin et du piment. Un grésillement et de la fumée s’élèvent des braises.Huo da ma ? (‘Le feu est-il fort ?’)”, demande dans un chinois fluide Risa Murai, employée de salle japonaise de 24 ans. Elle m’explique que les clients nippons sont les plus nombreux, suivis des Chinois et des Coréens. Le 9 mars, jour de l’anniversaire de Suga, l’un des membres de BTS, les fans ont commandé des montagnes de yangkochi pour célébrer l’événement.

Risa travaille ici depuis six ans environ. “Comme j’étais fan des groupes coréens, j’ai cherché un job à Shin-Okubo pour apprendre le coréen. Le fait que le personnel de ce restaurant soit entièrement chinois m’a déconcertée au début, mais j’aime travailler ici, et la nourriture est délicieuse.” Mes brochettes sont prêtes. J’en prends une bouchée ; elles sont crous