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À Toulouse, Clément Beaune annonce 435 millions dès 2023 pour la décarbonation de l'aviation

« On demande aujourd'hui beaucoup d'efforts au secteur aéronautique pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Nous devons être cohérents. Pour accompagner cette transition, il faut aussi de l'investissement. C'est la raison pour laquelle nous allons réhausser nos engagements budgétaires pour l'année 2023. L'objectif est très clair : viser l'avion bas carbone au début de la prochaine décennie et des avions zéro carbone en 2050 », a lancé ce vendredi 9 décembre le ministre délégué chargé des Transports Clément Beaune depuis la chaîne d'assemblage de l'A350 à Toulouse.

Le ministre des Transports a visité la chaîne d'assemblage de l'A350 à Toulouse. (Crédits : Rémi Benoit)

Accélération du plan France 2030

Le ministre était en déplacement dans la Ville rose pour réunir au sein même des locaux d'Airbus les principaux représentants de la filière de l'industrie aéronautique dans le cadre du Conseil pour la recherche aéronautique civile (Corac) ministériel. Clément Beaune a annoncé que la filière pourra engager dès 2023 la somme de 435 millions euros destinés exclusivement à la décarbonation dans le cadre de France 2030.

En mars dernier, le gouvernement avait dévoilé dans le cadre de France 2030 une enveloppe de 800 millions d'euros sur trois ans à destination du Corac pour soutenir l'émergence d'un avion bas carbone dont 300 millions pour l'année 2022, 300 millions en 2023 et les 200 millions restants en 2024. L'exécutif a donc décidé d'accélérer quelque peu le versement des aides à destination de la filière. Une précédente enveloppe de 1,5 milliard d'euros sur trois ans avait déjà été attribuée au Corac sur l'avion en 2020 dans le cadre du plan de soutien aéronautique. Le prochain salon du Bourget en juin prochain pourrait aussi être l'occasion de revoir les trajectoire d'investissement et de soutien public pour le Corac dans les années qui viennent.

Le Corac ministériel s'est tenu à Toulouse le 9 décembre (Crédits : Rémi Benoit).

Aides massives aux États-Unis

Cela suffira-t-il ? Le patron d'Airbus Guillaume Faury a alerté jeudi à l'occasion d'une rencontre organisée par l'association des journalistes de l'aéronautique (AJPAE) sur les risques de distorsion de concurrence pour la filière face aux aides massives aux énergies vertes mises en place par les États-Unis. Dans le cadre d'une loi pour réduire les effets de l'inflation, des subventions conséquentes ont été attribuées notamment pour les biocarburants, l'hydrogène vert et les batteries qui sont au coeur de la décarbonation de l'aviation. « Il faut que l'Europe réagisse vite pour éviter que s'installe dans la durée un désavantage concurrentiel fort », a notamment pointé Guillaume Faury.

Guillaume Faury a récemment pointé les distorsions de concurrence avec les États-Unis (Crédits : Rémi Benoit).

Ce à quoi répond le ministre des Transports : « Nous ne pouvons pas avoir un tel écart de subventions ou de soutiens divers et variés entre les Etats-Unis et l'Union européenne. Il faut sans doute qu'on fasse davantage côté européen pour éviter une forme de compétition inéquitable avec les États-unis.» Avant d'ajouter : « La meilleure politique face à la concurrence, c'est l'excellence. Si Airbus reste le leader mondial de l'aéronautique sur le plan commercial, opérationnel, technologique, nous garderons cet avantage.»

Airbus risque de reporter son avion à hydrogène

L'autre frein à la décarbonation reste la disponibilité à la fois de l'hydrogène et des biocarburants pour répondre aux futurs besoin du secteur aéronautique. La semaine dernière, Guillaume Faury avait prévenu qu'Airbus pourra retarder son programme d'avion à hydrogène au-delà de 2035 comme il le prévoit aujourd'hui, si les énergéticiens ou les régulateurs ne sont pas à la hauteur. « Lorsque nous devrons prendre une décision sur le lancement de l'avion à hydrogène chez Airbus en 2027 ou 2028, si nous sommes confrontés à une situation où il n'y a aucune certitude sur le fait qu'il y aura assez d'hydrogène dans les bonnes conditions disponibles pour l'entrée en service en 2035, ce pourrait être une raison de retarder le lancement du programme. Même si les technologies sur l'avion lui-même sont matures », a-t-il souligné le 30 novembre à l'occasion du sommet annuel organisé par Airbus à Toulouse.

Airbus menace de reporter son avion à hydrogène si l'écosystème ne s'adapte pas

Guillaume Faury avait ajouté qu'il y aura « besoin d'hydrogène vert disponible en grande quantité dans la seconde moitié de la prochaine décennie, à la bonne place et au bon prix. C'est quelque chose de très important pour nous et c'est pour cela que nous travaillons sur l'écosystème et pas seulement sur les avions ».

Sur cet aspect, Clément Beaune est conscient qu'« en matière d'hydrogène, il y a une question de disponibilité », arguant que « c'est aussi l'une des raisons pour lesquelles la France, dans le plan de relance, a mis 7 milliards d'euros sur la filière hydrogène ».