« Profaner l’image de cet homme, c’est nier son engagement courageux, c’est profaner la mémoire des Juifs d’hier et d’aujourd’hui. » Mgr Guy de Kerimel, archevêque de Toulouse (Haute-Garonne), a vivement réagi dans un communiqué publié lundi 20 mars au matin, à la dégradation du buste du cardinal Jules-Géraud Saliège.
Ce dernier a osé rompre le silence durant l’occupation allemande et protesté contre les déportations des juifs vers les camps d’extermination dans une lettre le 23 août 1942 qui a rencontré un large écho.
Remise en état
Sa statue a été taguée dans la nuit du 19 au 20 mars avec l’inscription « Ni Dieu ni maître », accompagnée du symbole du mouvement anarchiste. Ce buste se trouve sur la place de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse. Selon la municipalité, l’Atelier de restauration de Toulouse a débuté la remise en état.
Le diocèse de Toulouse exprime « un sentiment de consternation très fort » et dénonce « quelque chose de vraiment grave », à l’encontre du symbole d’une « figure importante tant à l’échelle nationale qu’internationale ».
La mairie de la ville, comme le diocèse s’interroge sur la date de cet acte de vandalisme. En effet, il a été commis onze ans jour pour jour après les attentats de Mohamed Merah, visant notamment l’école juive Ozar Hatorah, faisant quatre morts dont trois enfants.
Une « période d’agitation sociale »
Dans son communiqué, Mgr de Kerimel évoque « cette période d’agitation sociale » qui secoue Toulouse dans le cadre des manifestations contre la réforme des retraites. Mais, l’archevêque s’interroge également alors « que cela s’est produit le jour de la commémoration des attentats de 2012 ». « Est-ce intentionnel ? », s’interroge-t-il.
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Midi-Pyrénées, Franck Touboul, a également dénoncé cet acte de vandalisme. « Le Crif Toulouse se tient aux côtés de nos frères chrétiens et de l’ensemble des Toulousains qui sont choqués par cet acte qui s’attaque à la mémoire de celui qui fut Juste parmi les nations et un exemple de courage durant la Seconde Guerre mondiale ».
Le 23 août 1942, dans une lettre de protestation lue au cours des messes dans son diocèse, il écrivait : « Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Tout n’est pas permis contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. » En 1986, pour honorer la mémoire du cardinal Saliège, la mairie de Toulouse a fait installer son buste sur la place de la cathédrale.
