L'auteur présumé de l'attaque à Annecy, qui a blessé six personnes dont quatre enfants le 8 juin, a été placé en garde à vue. Abdalmasih H., demandeur d'asile d'origine syrienne, doit être entendu par les enquêteurs et soumis à une expertise psychiatrique.
[Mise à jour le 9 juin à 8h48] Le profil d'Abdalmasih H. continue de se préciser, mais les motivations de l'auteur de l'attaque au couteau perpétrée à Annecy restent mystérieuses. L'homme de 31 ans qui s'en est pris à six personnes dont quatre enfants doit être entendu par les enquêteurs ce vendredi 9 juin, au lendemain du drame en Haute-Savoie. Interpellé et placé en garde à vue jeudi matin, le mis en cause n'a pas pu être auditionné plus tôt compte tenu de son été "très agité", a fait savoir le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, jeudi soir sur le plateau du journal de TF1. Selon une source proche du dossier à la première chaîne, les premières heures de la garde à vue ont été difficiles : l'homme se roulait au sol et poussait des hurlements.
Non seulement d'être entendu, Abdalmasih H doit être soumis à une expertise psychiatrique ce vendredi matin. Les spécialistes doivent déterminer si l'état de l'auteur présumé de l'attaque à Annecy est compatible avec le régime de la garde à vue. L'examen pourrait aussi servir à l'enquête pour établir les motivations et le mobile du mis en cause. Le trentenaire, inconnu des services de police, est "un réfugié politique sans domicile fixe" qui était arrivé en France en fin d'année 2022. Sont état de santé est "extrêmement fragile" selon la procureure de la République d'Annecy qui estime qu'un "acte insensé" ne peut pas encore être exclu. La magistrate a toutefois précisé que l'assaillant n'était ni "sous l'emprise de stupéfiants, ni sous l'emprise d'alcool" au moment des faits. L'enquête ouverte pour tentative d'assassinat a été confiée à la direction centrale de la police judiciaire.
Il vivait depuis 10 ans en Suède
L'auteur de l'attaque au couteau est un homme âgé de 31 ans, né en 1991 à Hassake, en Syrie, et qui vivait depuis 2013 en Suède, à Trollhättan à 75km au nord de Göteborg indique BFM TV. Il avait obtenu le 26 avril 2023 le statut de réfugié dans ce pays, précise Le Parisien. Quelques mois plus tôt, en novembre 2022, l'homme avait engagé des démarches pour obtenir l'asile en France et il avait reçu une réponse négative à sa demande le 4 juin 2023, soit quatre jours avant l'attaque à Annecy. Un refus en raison du statut de réfugié dont il bénéficiaire déjà. Son statut de réfugié est une donnée d'importance puisque cela lui octroyait la libre-circulation dans l'espace Schengen. Ainsi, l'homme est entré tout à fait légalement sur le territoire français. Il était, jusqu'à aujourd'hui inconnu des services de police et de justice de l'Hexagone. C'est sa pièce d'identité, retrouvée sur lui lors de son interpellation, qui a permis de l'identifier. L'homme n'était pas suivi ou connu par les principales associations d'aide aux réfugiés de Haute-Savoie, ajouté le Dauphiné Libéré.
"Chrétien de Syrie", marié et père de famille
Côté vie personnelle, le suspect s'était déclaré "Chrétien de Syrie" au moment de sa demande d'asile, avance Franceinfo qui ajoute par ailleurs que l'homme portait une croix au moment de son interpellation. De son côté, Le Parisien indique que l'individu était marié à une Suédoise âgée de 50 ans, elle aussi réfugiée syrienne. Tous deux se sont rencontrés en Turquie en 2018 précise BFM TV. Une union lors de laquelle est née un enfant, aujourd'hui âgé de trois ans. Il y a huit mois, le couple s'est séparé, elle restant en Suède en raison de son travail croit savoir la chaîne d'info. Ils ne seraient plus en contact depuis quatre mois. Enfin, BFM TV affirme que l'homme, tout comme son ex-compagne, suivaient des études à distance pour devenir infirmiers.
Lors d'une très brève conférence de presse, la procureure d'Annecy a indiqué qu'à ce stade, "aucun mobile terroriste" n'était établi et qu'il n'y a "pas d'éléments qui pourraient nous laisser entendre qu'il s'agisse d'une attaque terroriste." Toutefois, le Parquet national anti-terroriste mène une évaluation de l'enquête pour savoir s'il pourrait requalifier ou non les faits.
Une attaque "au nom de Jésus" ?
Durant sa prise de parole, la procureure d'Annecy n'a pas indiqué si Abdalmasih H. avait été auditionné ou non. Si le mobile reste encore à déterminer, des propos tenus par l'assaillant lors de sa macabre entreprise interpellent. Dans une vidéo enregistrée au moment des faits et diffusée sur les réseaux sociaux, l'homme lance "In the name of Jesus Christ" ("Au nom de Jésus Christ", ndlr), agitant son couteau en l'air. Confirmera-t-il ses dires devant les enquêteurs ?
Un profil psychologique en question
D'après la Première ministre Elisabeth Borne, le suspect interpellé "ne possède aucun antécédent psychiatrique", mais la procureure de la République n'a pas été aussi catégorique et n'exclut pas l'hypothèse d'un "acte insensé". L'assaillant n'était "ni sous stupéfiants ni sous alcool" au moment de son passage à l'acte. La garde à vue du suspect est "difficile", selon des sources proches du dossier, citées par BFMTV. L'interrogatoire des enquêteurs n'a pas encore commencé. L'homme n'est visiblement pas dans son état normal, il se roule par terre, il refuse de répondre à des questions. Reste à savoir si son état psychologique est compatible avec une garde à vue. Il doit rencontrer un psychologue pour évaluer son profil.
Des journées entières passées dans le parc
La personnalité de l'individu se dessine peu à peu au fil des témoignages. Un employé qui travaillait près du parc a confié au Dauphiné Libéré que "ça fait deux mois que ce gars vient s'asseoir sur un banc tous les jours" et surtout, "toute la journée" selon ses dires, par tout temps, dans une tenue simple, toute en noir. "Il ne parlait pas", ou peu, jamais véhément ou vindicatif selon ce témoin. S'il "marmonnait dans sa barbe", l'homme n'était "pas agressif." Décrit comme un SDF par tous, Abdalmasih H. ne semblait pas présenter de signes laissant penser à un tel passage à l'acte.
Selon les témoins, l'homme visait les enfants
Au moment de l'attaque, l'homme était coiffé d'un turban. Une courte vidéo, diffusée sur Twitter, le montre en train d'errer dans le parc, un couteau à la main. Il a été rapidement maîtrisé et interpellé par les forces de l'ordre sur place. Pour l'heure les circonstances et les motivations de cette attaques restent floues. Au moment de l'attaque, l'assaillant visait "manifestement" les enfants selon des témoins de la scène, interrogé par France Bleu. D'autres témoignages décrivent l'individu comme un homme marginal qui "errait depuis plusieurs jours aux alentours du lac". Il vivrait dans la rue et aurait été vu se baignant dans le lac.
Selon plusieurs autres personnes, interrogées par BFM TV, Abdalmasih H. "a sauté, commencé à crier, directement s'est dirigé vers la poussette et a commencé à asséner des coups de couteau à répétition." Un témoin affirme qu'"iI s'attaquait clairement aux bébés car il y avait plusieurs adultes autour. Il n'a pas touché la grand-mère qui essayait de se débattre avec son sac." Mais "quand il a vu qu'il était cerné par les policiers, il s'est dirigé vers un couple et a donné un coup de couteau au mari de la dame", raconte ce même témoin.
