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Acheter ou louer grand : mission (quasi) impossible à Angoulême

Certains pensent qu’ils n’auront aucun mal à trouver une location, on les récupère parfois en pleurs.

En étendant la requête à l’ensemble de la ville, seule une annonce apparaît : un bien de sept pièces de 178 m² dans le secteur de Saint-Cybard au style intérieur et extérieur des années 1970 ; loyer mensuel : 950 euros hors...

Certains pensent qu’ils n’auront aucun mal à trouver une location, on les récupère parfois en pleurs.

En étendant la requête à l’ensemble de la ville, seule une annonce apparaît : un bien de sept pièces de 178 m² dans le secteur de Saint-Cybard au style intérieur et extérieur des années 1970 ; loyer mensuel : 950 euros hors charges.

Trouver avant même de vendre

Signe que le marché pour ce type de biens est ultra-tendu à Angoulême, celui-ci commence à s’étendre aux autres communes de l’agglomération comme Vindelle où l’annonce pour la location d’une maison avec quatre chambres et jardin mise en ligne il y a quelques jours par Lafontaine Immobilier a été prise d’assaut : « On l’a publiée le vendredi soir, le lundi matin on avait reçu 80 mails et une trentaine d’appels, on a préféré la retirer, témoigne le patron, Matthieu Lafontaine, président de la Fnaim 16. Chaque été depuis deux ans c’est la panique, les gens reçoivent leur mutation et pensent qu’ils n’auront aucun mal à trouver une location, on les récupère parfois en pleurs. »

Autre phénomène observé par le professionnel : les propriétaires, en majorité retraités, qui vendent - souvent vite - une maison devenue trop grande pour eux, avant de chercher une location le temps d’acheter un nouveau toit. « Sauf qu’ils ne trouvent rien à louer, observe Matthieu Lafontaine. Je leur conseille de trouver leur future maison avant de vendre la leur. »

Une rareté qui s’explique par l’addition de plusieurs facteurs selon Robin Gouiran, consultant chez Human Immobilier. Le premier est financier. « Qui dit grands espaces dits frais d’entretien et de remise en état coûteux après une location », pose l’agent. S’ajoute une taxe foncière élevée à Angoulême payée par le bailleur : environ 2000 euros pour 150 m². « La facture peut vite grimper, les propriétaires le savent et préfèrent rentrer du cash en vendant. »

Côté locataires, si la demande est bien présente, elle n’est pas légion, note Robin Gouiran : « Le montant du loyer [autour de 1500 euros pour 150 m²] est souvent supérieur ou équivalent aux mensualités de remboursement ; il est alors préférable d’acheter. » En clair, quitte à dépenser beaucoup autant devenir propriétaire.

Le consultant observe également que les ménages venus des grandes métropoles passent peu par la case location. Illustration avec ce couple de région parisienne reçu récemment en agence. La vente de leur T3 dans les Yvelines 400.000 euros leur a permis de s’orienter confortablement vers un achat. « Lorsque les fonds sont disponibles, c’est la meilleure des options. »

Sauf que, conséquence de l’engouement depuis deux ans pour Angoulême, les biens de grandes tailles disponibles à l’achat eux aussi se font rares. La présence de plus en plus marquée d’investisseurs attirés par une rentabilité élevée et un jeu de défiscalisation, n’y est pas étrangère. « On leur conseille d’investir dans une seule et même maison puis d’y aménager plusieurs appartements de petite taille, ce qui revient beaucoup moins cher que d’en acheter à l’unité, développe Robin Gouiran. Ces maisons se trouvent plus facilement que des immeubles déjà divisés. »

Celle que Damien Ghedir, responsable de l’agence Stéphane Plaza à Angoulême, a mise en vente est partie « en deux semaines, sans publication en ligne, juste au panneau ». Une maison à Saint-Yrieix de 200 m² sous compromis après une offre au prix à 190.000 euros. L’acquéreur, un entrepreneur charentais, veut la diviser en deux logements.

Jusqu’à 400 m² pour un couple ou en solo

Autre tendance : la colocation, à la mode à Angoulême qui en compte désormais plusieurs dont deux XXL, l’une dans le quartier de la Madeleine, l’autre rue Saint-Roch. « Ça permet d’optimiser encore plus la rentabilité », appui Matthieu Lafontaine. Exemple : une maison de cinq chambres se louera entre 1200 et 1500 euros. En coloc, chaque locataire paiera entre 400 et 450 euros soit un total compris entre 2000 et 2250 euros.

La dernière explication est quant à elle plus surprenante : « L’une des spécificités du plateau d’Angoulême est que de grandes familles y vivent depuis plusieurs générations. Il y a aujourd’hui des biens de 250 à 400 m² habités par des couples ou même des personnes seules qui ont les moyens d’entretenir une telle surface. Ça bloque le marché », dévoile Matthieu Lafontaine.

Un marché qui, à Angoulême, ne va cesser de se contracter, selon Damien Ghedir de Stéphane Plaza. « À terme, le parc de grandes maisons baissera significativement. »

(1) Recherche effectuée le 24 septembre. Deux annonces correspondent aux critères d’espace et de lieux recherchés mais elles ne sont proposées qu’à la location courte durée comme l’informe la conciergerie qui les gère.