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Affaire Adrien Quatennens : que sait-on des SMS envoyés à son ex-compagne ?

Affaire Adrien Quatennens : que sait-on des SMS envoyés à son ex-compagne ? QUATENNENS. Adrien Quatennens a été entendu, lundi 26 septembre, au commissariat de Lille, après une nouvelle main courante de son ex-compagne, qui l'accuse de harcèlement par SMS, indique l'avocate du député, ce samedi.

[Mise à jour le 1er octobre à 20h09] Ce samedi 1er octobre, l'avocate du député Adrien Quatennens a indiqué que son client avait été entendu, lundi, au commissariat de Lille, dans l'enquête pour violences conjugales qui le vise. Une nouvelle main courante a été déposée par Céline Quatennens pour  harcèlement par SMS. 

Jade Dousselin, l'avocate du député précise dans un communiqué, transmis au Parisien que cette nouvelle main courante "se borne à évoquer des SMS transmis par mon client dans le cadre de leur séparation", qui "ne contiennent aucun message à caractère malveillant ou menaçant". Selon les informations du JDD, Adrien Quatennens a été entendu dans le cadre d'une audition libre.

Le parquet de Lille avait indiqué le 19 septembre avoir ouvert une enquête après la première main courante déposée contre le député par son épouse, dans le cadre de sa "politique pénale volontariste pour le traitement des violences conjugales." Dans un communiqué le 13 septembre, après l'article du Canard Enchaîné, Céline et Adrien Quatennens avaient dit avoir appris "par voie d'avocats" que le parquet s'était saisi des faits. Adrien Quatennens s'est dans la foulée mis en retrait de sa fonction de coordinateur de La France Insoumise, reconnaissant des violences envers son épouse dans un communiqué publié sur Twitter. Il a notamment admis lui avoir "donné une gifle", il y a "un an", "dans un contexte d'extrême tension et d'agressivité mutuelle", affirmant avoir "profondément regretté ce geste."

Les réactions au sein de La France insoumise

Adrien Quatennens avait annoncé le 18 septembre se mettre en retrait de ses fonctions nationales au sein de La France insoumise. Deux jours plus tard, sur le plateau de BFM TV, la députée LFI, Danièle Obono, a fait savoir qu'il s'était mis "en retrait de son travail parlementaire". Invitée à s'exprimer sur l'affaire Quatennens qui secoue la gauche, la députée de Paris a expliqué la position du parti sur le sujet : "Nous considérons qu'il doit être mis en retrait, ça veut dire ne pas avoir de prise de parole publique." Pour autant, Adrien Quatennens "n'est pas interdit d'hémicycle". "Il sera en retrait de son travail parlementaire" comme "de sa fonction de coordinateur du groupe", a précisé Danièle Obono sur le plateau de la chaîne d'information en continu, mais restera député. Une démission ne semble pas à l'ordre du jour pour le moment.

Du côté de LFI, l'affaire est un véritable "choc", a estimé mardi soir la députée de Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain, sur le plateau de BFM TV. "C'est une épreuve pour notre mouvement, c'est difficile sur le plan humain... On n'est pas des machines", a-t-elle déclaré, affirmant au passage que "la mise en accusation de La France insoumise [lui] paraît d'une injustice totale car [elle] ne connaî[t] pas d'autres mouvements qui aient pris autant de mesures conservatoires et aussi fortes". 

Mardi soir, en réaction à l'affaire Quatennens, des militantes féministes ont publié une tribune dans les colonnes de Libération. "Si Adrien Quatennens ne fait à ce stade pas l'objet d'une condamnation judiciaire, bien qu'une procédure pénale ait été engagée, ses aveux le rendent politiquement responsable", est-il affirmé. Les plus de 500 militantes, parmi lesquelles figurent des femmes issues de partis politiques, appellent "à une relève féministe", "face à une solidarité masculine qui protège les agresseurs pullulant dans nos sphères politiques".

Quid du plan judiciaire de l'affaire ? Adrien Quatennens, numéro 2 de LFI, voit sa carrière politique prendre un coup, mais plus qu'une éventuelle sortie des sphères politiques ce sont des poursuites judiciaires qu'encourt le député. L'homme fait l'objet d'une enquête ouverte par le parquet de Lille le 19 septembre et donnant suite au dépôt de la main courante de sa femme, mais pour l'heure, il "n'a pas été entendu". "La procureure n'a pas lancé d'audition" a fait savoir l'avocate qui ajoute par ailleurs que les déclarations du couple ne font pas mention des tous les éléments de l'affaire. Les investigations se poursuivent mais le politique pourrait ne pas ressortir indemne car la parquet a précisé que "l'absence de dépôt de plainte par la victime entendue dans le cadre de la procédure pénale [...] ne fait évidemment pas obstacle à des poursuites".

Quels faits de violences Adrien Quatennens a-t-il reconnu ?

Dans le communiqué diffusé le 18 septembre, Adrien Quatennens est revenu sur les faits de violences qui pèsent contre lui. Le député LFI a avoué avoir "donné une gifle" à sa compagne, il y a un an, "dans un contexte d'extrême tension et d'agressivité mutuelle." Par ailleurs, il a expliqué avoir "saisi le poignet" de sa compagne lors d'une dispute. Puis, lors d'une autre -la dernière selon ses dires-, il a indiqué avoir pris le téléphone de sa femme, laquelle lui a alors sauté sur le dos. "Je me suis dégagé et, en me relâchant, elle s'est cognée le coude", a-t-il détaillé.

Que risque Adrien Quatennens pour avoir donné une gifle à sa femme ?

L'épisode de la gifle donnée par Adrien Quatennens à sa femme est le plus marquant. Si politiquement, l'avoir reconnu pourrait ne pas être sans conséquences pour celui qui était le numéro 2 de LFI, judiciairement, un risque existe également. Car même s'il est simplement cité dans une main courante et non visé par une plainte, des poursuites judiciaires peuvent être initiées par le parquet.

Dans la loi, il existe plusieurs types de gifle. D'abord, celle étant jugée "simple", "comme violence légère." Elle est définie par l'article R 624-1 du code pénal qui encadre les violences volontaires n'ayant entraîné aucune incapacité totale de travail. Elle est sanctionnée d'une amende maximum de 750 euros.

Par ailleurs, une gifle peut également être qualifiée de "violence volontaire plus ou moins aggravante", cette appréciation étant évaluée selon le nombre d'ITT (plus ou moins de huit jours). Ainsi, les violences ayant entraîné une ITT inférieure ou égale à huit jours (même 0) sont punies de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende lorsqu'elles sont commises sur conjoint. Les violences ayant entraîné une ITT pendant plus de huit jours sont punies cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende lorsqu'elle est commise sur conjoint.

Quelles réactions chez LFI et du côté de la Nupes ?

Au sein de la Nupes, les réactions face à l'affaire Quatennens ont été pour le moins éclectiques ces derniers jours. Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a carrément suscité un tollé en apportant dans un premier temps son soutien à Adrien Quatennens, préférant davantage accabler la police, les médias et les internautes que le numéro 2 de LFI. "La malveillance policière, le voyeurisme médiatique, les réseaux sociaux se sont invités dans le divorce conflictuel d'Adrien et Céline Quatennens. Adrien décide de tout prendre sur lui. Je salue sa dignité et son courage. Je lui dis ma confiance et mon affection", a ainsi estimé dimanche matin sur Twitter l'ex-candidat à la présidentielle. Une remarque jugée "glaçante", "d'un autre monde" ou encore "lamentable" et sur laquelle Jean-Luc Mélenchon est finalement revenu un peu plus tard dans la journée, précisant que son "affection pour lui [Adrien Quatennens ndlr.] ne veut pas dire [qu'il est] indifférent à Céline". "Mais je le dis : une gifle est inacceptable dans tous les cas", a assuré le leader insoumis.

De son côté, Clémentine Autain, députée de Seine-Saint-Denis, a qualifié d'"inévitable", mais "juste" la mise en retrait d'Adrien Quatennens, tandis que Sandrine Rousseau a appelé, sur les ondes de Radio J, l'élu à se mettre totalement "en retrait de toute parole publique". "Ce n'est pas possible de représenter les hommes et les femmes […] quand on s'est rendu coupable de tels actes", a estimé la députée EELV qui attend désormais des "sanctions" de la part de LFI. Une position qui l'oppose à Mathilde Panot, pour qui la décision d'Adrien Quatennens était "courageuse", mais qui prône désormais un temps de discussion et de réorganisation. Toujours sur le plateau du Grand Jury de RTL-LCI-Le Figaro dimanche, Mathilde Panot n'a cependant pas fermé la porte à un éventuel retour sur le devant de la scène d'Adrien Quatennens : "Nous qui sommes attachés à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles ne pensons pas qu'un homme, même s'il a commis à un moment un acte de violence, est un homme qui est violent à vie, que ce serait naturel."

Le 20 septembre, la députée Raquel Garrido a renvoyé la question de la mise à l'écart d'Adrien Quatennens aux électeurs au micro de BFMTV : "C'est aux électeurs de donner les mandats et le cas échéant de les reprendre", avant de sous-entendre qu'en l'absence de condamnation par la justice, le député reste légitime dans ses fonctions. "Les violences volontaires, sont un délit. Mais pour arriver à dire que ces faits-là sont un délit, il y a une procédure pénale. Je tiens à l'État de droit, au contradictoire. Je ne suis pas très fan de l'auto-incrimination en général", a-t-elle ainsi déclaré. De son côté, Clémentine Autain s'est à nouveau exprimée sur l'affaire Quatennens. Évoquant "un choc" au sein du parti, la députée de Seine-Saint-Denis est revenue sans tabou sur la situation : "C'est une épreuve pour notre mouvement, c'est difficile sur le plan humain... On n'est pas des machines." Et de fustiger "la mise en accusation de La France insoumise", qui lui paraît "d'une injustice totale" : "Je ne connais pas d'autres mouvements qui aient pris autant de mesures conservatoires et aussi fortes", a-t-elle estimé.

Le journal dans son édition du 14 septembre utilise des termes très explicites pour rendre compte des relations tendues entre Adrien Quatennens et son épouse. "Adrien Quatennens est soupçonné de s'être livré à des violences conjugales.". Le Canard rappelle aussi la démarche de l'épouse du député et sa volonté de ne pas porter plainte. Le journal a également contacté l'avocat du parlementaire, qui insiste sur le fait que cette main courante a été déposée "à la suite d'une dispute dans le but de se prémunir en cas de litige autour de ce divorce". A noter, que le couple Quatennens ne souhaitait pas que cette procédure fuite dans la presse. Mais plus que le divorce c'est l'aspect politique de cette affaire qui fait l'objet de l'article du Canard Enchaîné. "Déjà, la mise en cause par plusieurs femmes d'un fidèle de Jean-Luc Mélenchon, Eric Coquerel [...] avait mis le feu au sein de La France Insoumise", écrit le journal qui cite un élu LFI, manifestement inquiet : "Adrien est l'un de ceux qui incarnent l'avenir du parti, l'après-Mélenchon. Cette nouvelle affaire ne peut que provoquer un tremblement de terre".

Qu'est-ce qu'une main courante, dont fait l'objet Adrien Quatennens ?

Adrien Quatennens n'est pas visé par une plainte. C'est une main courante qui a été déposée à son encontre, par sa compagne Céline. Et la différence est loin d'être anodine. La main courante n'a pas pour objectif "d'engager des poursuites à l'encontre de l'auteur des fait, mais de signaler la nature et la date des faits aux forces de l'ordre", explique le site Service public, donnant même un exemple qui pourrait s'apparenter à la procédure visant Adrien Quatennens : "dater le départ de votre époux(se) du domicile peut par exemple servir en cas de divorce."

Mais le couple Quatennens doit pourtant bien désormais composer avec une exposition médiatique très forte. Pour deux raisons : d'abord parce que le parquet de Lille a été saisi du dépôt de la main courante, comme l'indique BFMTV, bien que celui-ci n'ait pas voulu s'exprimer dans la presse pour commenter l'information. Et comme on pouvait logiquement s'y attendre, le parquet a donné une suite judiciaire à l'affaire en demandant le lancement d'une enquête. Le parquet décide régulièrement d'obtenir les éclaircissements d'une enquête lorsqu'il s'agit d'un conflit familial pour s'assurer que la volonté de ne pas déposer plainte est bien réelle et qu'il n'y a pas de situation d'emprise psychologique. C'est même la procédure à suivre par les fonctionnaire de police en cas de suspicion de violences intrafamiliales. Et cela, même si les deux personnes composant le couple demandent expressément qu'il n'y ait pas de suite judiciaire

Qui est Céline Quatennens, la compagne d'Adrien, député LFI ? 

Adrien Quatennens est toujours resté très discret sur sa vie privée, ne s'affichant jamais publiquement en couple. Pourtant, le député LFI du Nord est bien marié, à une prénommée Céline. Mais le couple est donc en instance de divorce, ainsi qu'il l'a annoncé dans un communiqué. Jamais mentionnée dans les portraits consacrés au trentenaire insoumis, elle semble donc préférer l'ombre. Ensemble, le couple a une fille, comme s'en était fait l'écho La Voix du Nord.