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Affaire McKinsey : Véran répond à Le Maire qu'il n'y a eu ni « dérive », ni « abus » dans le recours aux cabinets de conseil

 Ni « dérive », ni « abus ». C'est ce qu'a assuré Olivier Véran, ce lundi à propos du recours aux cabinets de conseil. « Je ne sais pas ce que c'est qu'une dérive ou un abus, je sais que quand j'ai eu besoin de rattraper l'Allemagne dans la campagne vaccinale (contre le Covid-19, ndlr), j'ai fait appel à une entreprise qui venait de conseiller l'Allemagne dans l'élaboration des centres de vaccination », a déclaré le porte-parole du gouvernement, ancien ministre de la Santé entre févier 2020 et mai 2022.

Il répondait ainsi au ministre de l'Economie Bruno Le Maire qui a reconnu « bien volontiers, nous sommes allés trop loin, depuis des années, c'est ce gouvernement, les gouvernements précédents, des majorités précédentes... On avait pris sans doute trop l'habitude de dire "l'administration n'est pas capable de faire ce travail, on va externaliser et demander à des cabinets de conseil" ». Des propos tenus dimanche sur France 3. « Je pense qu'il y a eu effectivement une dérive, que cette dérive a été corrigée », a-t-il ajouté, et ce, notamment par une circulaire de la Première ministre Elisabeth Borne demandant au gouvernement de réduire de 15% le recours aux cabinets de conseil. Selon lui, Bercy a réduit de 34% le recours à ces sociétés entre le 1er semestre 2021 et le 1er semestre 2022. « Je pense que c'est la même tendance ailleurs », a-t-il encore dit, à propos des autres ministères. « Il y a eu certainement des abus. On doit d'abord s'appuyer sur son administration, surtout quand on a une administration de la qualité exceptionnelle du ministère de l'Economie et des Finances, réduire le recours aux cabinets de conseil », a-t-il encore précisé.

Interrogé sur BFMTV sur ces déclarations de son ministre de tutelle, le ministre délégué chargé des Comptes publics, Gabriel Attal, a pour sa part évoqué « des exemples qui avaient été donnés effectivement sur certaines missions qui avaient été réalisées et dont on ne comprenait pas trop l'objet ou ce que ça apportait ».

« On n'avait vraiment, vraiment pas le choix »

« Ce n'est pas que je dis que je ne suis pas d'accord ou non » avec Bruno Le Maire, c'est que dans la crise Covid, « on n'avait vraiment, vraiment pas le choix », a rétorqué Olivier Véran, ce lundi, évoquant des procédés « qui sont super clairs et transparents » dans les attributions.

Rappelant le mot d'ordre du président Emmanuel Macron de « réduire la voilure sur les contrats passés avec les cabinets privés », il a regretté que l'État n'ait « plus les compétences suffisantes pour tout seul arriver à tout gérer ». « Il y a eu les programmes de réduction des fonctionnaires dont certains présidents se sont faits les hérauts », a-t-il rappelé. À l'époque, « l'Etat a considéré que ce n'était plus à lui de garder des fonctionnaires (...) et qu'il passerait par du privé quand il en aurait besoin », a-t-il déploré.

Un changement de ton

Les propos du ministre de l'Economie, dimanche, manifestent un réel un changement de ton alors qu'en mars 2022, deux semaines avant l'élection présidentielle d'avril 2022, il montait au créneau avec une escadrille de ministres dont notamment l'ancienne ministre de la Transformation et de la Fonction publique, Amélie de Montchalin, pour défendre Emmanuel Macron et son gouvernement face à l'embarrassant rapport sénatorial publié mi-mars dénonçant l'influence des cabinets de conseil privés sur la formation des décisions publiques : « Aucun cabinet de conseil n'a décidé d'aucune réforme et la décision revient toujours à l'État », avait entre autres défendu mercredi 30 Amélie de Montchalin.

Le même jour, sur Europe 1, Bruno Le Maire lui avait emboîté le pas, sur un ton plus martial :

« [Le gouvernement] n'a pas de leçons à recevoir en matière de lutte contre l'optimisation fiscale », avait-il martelé en réponse aux soupçons d'optimisation fiscale pesant sur des filiales françaises du cabinet conseil McKinsey engagé par le gouvernement.

Deux nouvelles enquêtes du PNF

Mais en ce mois de novembre, le contexte juridique a changé avec l'annonce il y a trois jours par le Parquet national financier (PNF) que deux nouvelles enquêtes avaient été ouvertes, le 20 octobre dernier, par la justice sur l'intervention des cabinets de conseil dans les campagnes électorales d'Emmanuel Macron en 2017 et 2022, pour tenter de savoir si celles-ci n'auraient pas indûment bénéficié de financements en retour de contrats publics.

« Je ne commente pas les procédures judiciaires en cours », a dit Bruno Le Maire sur France 3, mais il a néanmoins posé quelques mots d'appréciation sur cette affaire, laissant entendre qu'il ne faut pas se focaliser sur une éventuelle sanction mais sur les mesures correctives apportées depuis :

« Ce qui compte est ce que nous faisons pour répondre aux abus qui ont eu lieu sur le recours à des cabinets de conseil extérieurs », a-t-il assuré.

Dans cet esprit, Bruno Le Maire postulait que cette affaire ne laisserait aucune trace dans la vie politique française :

« À partir du moment où la justice fait son travail, que nous tirons les leçons des abus, et je ne crois pas que ce soit le sujet de préoccupation majeure des Français. »

(avec AFP)