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Afrique du Sud : les habitants de Johannesburg sans électricité… et maintenant sans eau

« Une casserole, un pot de yaourt, un vase, tout doit être rempli ! » Au dixième étage de leur résidence, Rebecca Lebea et sa famille montrent leurs astuces pour conserver l’eau. Cela fait maintenant quinze jours qu’ils n’ont plus d’eau courante, ou par intermittence. « Parfois, elle revient pendant une demi-heure, alors vite on remplit tout ce qu’on peut. »

Dans la salle de bains, la baignoire elle aussi est pleine. Pour se laver, cette famille de six doit se contenter d’un baquet en plastique. « C’est bien pire que les coupures d’électricité !, soupire Rebecca, son fils de 6 mois sur les genoux. On peut s’adapter aux coupures d’électricité, mais l’eau, il n’y a rien à faire, on en a besoin. Rien que pour stériliser les biberons du bébé, aller aux toilettes ou faire la vaisselle, on ne peut pas en manquer. »

Des quartiers entiers affectés

Ces coupures d’eau, c’est la nouvelle hantise des 6 millions d’habitants de Johannesburg. Comme les Lebea, nombreux sont ceux à se trouver régulièrement privés d’eau pendant plusieurs jours, en plus des délestages électriques quotidiens. Le 29 janvier, une station de pompage qui alimente la ville est tombée en panne pendant vingt-quatre heures, entraînant une réaction en cascade.

« Le temps que l’eau soit à nouveau redistribuée aux réservoirs affectés, ça a mis notre système de distribution sous pression », explique Puleng Mopeli, de Johannesburg Water, qui gère l’eau de la ville. Un réservoir sur sept s’est retrouvé à sec ou à des niveaux critiques – certains le sont encore après deux semaines –, affectant des quartiers entiers et 10 000 habitants, selon Johannesburg Water.

Le président privé d’eau

Certaines écoles ont dû renvoyer les enfants chez eux. Ni les hôpitaux, ni les quartiers chics n’ont été épargnés ; pas même celui du président de la République, Cyril Ramaphosa, qui s’est retrouvé sans eau pendant deux jours.

28 réservoirs mobiles ont été envoyés dans les zones les plus touchées, mais la reprise est d’autant plus difficile que les délestages se poursuivent avec quatre à huit heures par jour de coupure d’électricité. Ils affectent les pompes, qui ne disposent pas toutes d’un générateur, mais aussi les tuyauteries, qui n’ont pas été conçues pour encaisser des changements de pression si importants. Sans compter le vandalisme de ces mêmes tuyauteries, qui se revendent à prix d’or sur le marché noir.

Escalier transformé en cascade

Mais les délestages ne sont pas les seuls responsables. « Depuis trente ans, le réseau s’est délabré faute d’entretien, explique Anja Du Plessis, spécialiste en gestion des ressources en eau, professeure associée à l’université de Johannesburg. Certaines tuyauteries ont plus de 100 ans ! »

Johannesburg Water affirme investir 18 millions d’euros pour augmenter les capacités de stockage, mais les habitants sont sceptiques. De plus en plus frustrés, ils supportent mal la communication du fournisseur d’eau, qui met en cause la consommation des particuliers en cette période de fortes chaleurs, alors même que les barrages alimentant la ville sont remplis à plus de 100 %. « Près de 50 % de l’eau est perdue dans des fuites avant d’arriver à eux », conteste Anja Du Plessis.

D’autres mauvaises surprises attendent les victimes des coupures d’eau. À l’extérieur de l’appartement des Lebea, l’escalier s’est transformé en cascade. L’eau est revenue pour quelques heures, alors qu’une résidente s’était absentée en laissant un robinet ouvert.