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Agence spatiale européenne : « J’ai douté jusqu’au bout », raconte la nouvelle astronaute Sophie Adenot

A la base aérienne 120 de Cazaux (Gironde),

En 2008, c’est en tant que jeune lieutenant que Sophie Adenot intègre la base aérienne 120 de Cazaux, en Gironde. Elle y est revenue ce lundi après avoir été sélectionnée parmi 23.000 candidats par l’Agence spatiale européenne (ESA) pour devenir astronaute, aux côtés de quatre autres recrues. L’aboutissement de toute une vie pour cette travailleuse acharnée, aujourd’hui âgée de 40 ans, et bardée de diplômes.

Pilote d’hélicoptère puis pilote d’essais pour l’armée de l’Air, elle a suivi des études d’ingénieur à l’Institut supérieur de l’aéronautique et de l’espace (ISAE-Supaero) à Toulouse avant d’intégrer le prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), aux Etats-Unis. C’est avec une grande fierté que la base aérienne 120 sur laquelle elle a travaillé pendant huit ans l’a reçue, aux côtés d’Arnaud Prost, astronaute de réserve de l’ESA.

Un fort esprit d’équipe

Si elle ne minimise pas sa satisfaction parlant d’une « sérénité immense et d’une profonde joie » à l’annonce de la sélection, après deux ans de préparation, elle confie aussi n’avoir pas voulu vraiment y croire « pour se protéger ». « Moi, j’ai douté jusqu’au bout, cela n’a jamais été mon style d’avoir trop confiance, commente-t-elle. C’est ce qui m’a poussé à apprendre de nouvelles choses, à acquérir de nouvelles compétences et à donner le meilleur de moi-même. »

C’est son esprit d’équipe qui a aussi fait la différence dans la sélection, si on en croit ses pairs. Et on n’a pas de peine à y croire en l’entendant répondre à une question sur la concurrence entre astronautes européens pour voyager vers la Lune. « Il n’y a pas de compétition, les astronautes européens sont un corps. Cela signifie qu’on sera tous là pour celui qui ira. Et celui ou celle qui sera le premier européen sur la Lune aura besoin de toute l’équipe pour y arriver ».

Le début d’une aventure

Seule certitude de calendrier pour Sophie Adenot, elle commencera une nouvelle vie professionnelle à partir du 3 avril 2023 à Cologne en Allemagne, au centre de formation des astronautes européens. Après « trois ans d’entraînements incompressibles », un premier départ possible pour la Station spatiale internationale serait envisageable à partir de 2026 mais aucune certitude à ce stade. Elle estime qu’elle est « au pied de l’Everest » et qu’il lui reste énormément à apprendre.

Le programme qui l’attend est chargé. L’entraînement de base consistera à apprendre « la mécanique spatiale, les systèmes en orbite, etc., toutes les matières de base pour pouvoir opérer à bord de l’ISS », résume-t-elle. L’attend ensuite un entraînement de survie si l’atterrissage a lieu en milieu hostile. « Et quand on est assigné à une mission, on rentre dans la science et dans la technologie des expériences qui nous seront confiées, précise-t-elle. C’est le but d’être chercheurs dans ce labo en orbite. » Les astronautes ont des profils variés et une même formation polyvalente. Leur mission ne leur est pas assignée en fonction de leurs compétences professionnelles initiales.

« Je vais m’inscrire dans une lignée d’astronautes européens »

Elle ne cache pas une forme d’appréhension mais aussi d’excitation devant la concrétisation de son rêve d’enfant. « C’est un grand bond dans l’inconnu mais je m’y prépare activement, auprès des équipes de l’ESA. Et, j’ai eu une super formation au sein de la DGA [Direction générale de l’aviation] où j’ai appris à faire face à des situations imprévisibles. » Férue de yoga, elle pratique aussi la plongée en bouteille et en apnée, « une discipline qui nécessite une bonne préparation mentale et un grand calme ». Elle est la deuxième femme française astronaute, après Claudie Haigneré, dont le parcours l’a beaucoup inspiré mais elle ne tient pas à cette étiquette de femme astronaute : « Je vais m’inscrire dans une lignée d’astronautes européens, sans parler de la question du genre. »

Elle marche dans les pas de Thomas Pesquet, qui a su communiquer avec le grand public avec brio. Et, elle espère trouver son style le moment venu, consciente du rôle d’ambassadrice pour les sciences qu’elle va devoir jouer. Elle a quitté le Bassin d’Arcachon cet été mais entend faire un clin d’œil à ce territoire quand elle sera à bord de l’ISS. « Vous pouvez vous attendre à ce que je la photographie la dune du Pilat. »