France
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« Ailleurs si j’y suis » de François Pirot : un rêve d’évasion

Ailleurs si j’y suis *

de François Pirot

Film helvéto-belge, 1 h 43

Trop, c’est trop. De tous les côtés, les pressions s’accumulent sur Mathieu (Jérémie Renier). Son patron (Jean-Luc Bideau) n’a qu’une obsession, baisser encore et toujours les coûts de sa petite entreprise de BTP. Un parti pris qui conduit à des avaries et à des retards énormes auxquels Mathieu, en tant que chef de chantier, doit sans cesse trouver des solutions. Mais faire travailler sept jours sur sept ses ouvriers non déclarés, c’est non.

Chez lui, Catherine, sa femme (Suzanne Clément), réclame depuis des mois leur séparation et qu’il lui rachète sa part de leur belle maison en lisière de forêt. Mathieu n’en a pas les moyens et ne se résout pas à une vente. Et puis il y a Jean-Marie, son père (Jackie Berroyer), qui pourtant remis d’un cancer s’imagine à l’agonie, et Stéphane (Samir Guesmi), l’ami envahissant qui vient de s’installer tout à côté.

Trop, c’est trop. Alors quand Mathieu aperçoit un cerf majestueux non loin de la maison, il le suit. En s’enfonçant avec lui dans les bois, il découvre un superbe lac aux eaux turquoise. Une baignade, le gazouillis des oiseaux, la tranquillité enfin. Mathieu a trouvé son havre de paix et n’entend pas le quitter de sitôt, au grand désarroi de ses proches.

Un effet domino

Réalisateur de Mobile Home en 2012, François Pirot s’attache une nouvelle fois à des personnages qui rêvent d’ailleurs, englués dans un quotidien trop pesant. Le pas de côté de Mathieu a un effet domino. À chacun son départ. Catherine se voit déjà vivre auprès de tribus d’Amazonie avec son prof de yoga qui deviendrait son amant. Jean-Marie construit son cercueil. Stéphane part avec sa voiture et son sac à dos pour échapper aux projets d’enfant de sa compagne et à un emploi inintéressant.

Le réalisateur dépeint ce petit monde avec tendresse et ironie, avec des emprunts au fantastique servis par une photographie élégante. Les acteurs excellent dans le double registre des états d’âme et du burlesque. Avec un solide sens de l’absurde, Ailleurs si j’y suis délivre de jolis messages sur le ralentissement nécessaire face à un système en roue libre, sur le courage et nos petites lâchetés, sur la liberté aussi. Dommage que les ressorts de l’intrigue s’essoufflent à mi-chemin et que le récit semble dès lors tourner en rond.