France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Alain Ughetto, réalisateur : « L’histoire de mes grands-parents italiens, restée sous silence, s’est en fait transmise de main en main »

Rencontre avec le réalisateur d’animation, qui retrace dans « Interdit aux chiens et aux Italiens » l’histoire de ses grands-parents.

Article réservé aux abonnés

Né en 1950, Alain Ughetto a réalisé plusieurs courts-métrages d’animation, dont La Boule (récompensé en 1985 d’un César), et un long-métrage, Jasmine (2013), qui racontait son histoire d’amour avec une Iranienne, à Téhéran, à la fin des années 1970. Il revient aujourd’hui au cinéma avec Interdit aux chiens et aux Italiens, dans lequel il retrace l’histoire de ses grands-parents italiens, partis du Piémont au début du XXe siècle pour s’installer en France. Après neuf ans de travail, ce film tourné en stop motion (image par image) arrive en salle, couronné de deux prix : celui du jury du Festival d’Annecy et celui du meilleur film d’animation des European Film Awards.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés

A partir de quel moment vous êtes-vous interrogé sur l’histoire de vos grands-parents ?

Dès ma jeunesse, j’ai capté des bribes d’une histoire que pourtant tout le monde s’attachait à gommer. Je n’ai pas connu mon grand-père Luigi mais j’ai connu ma grand-mère Cesira jusqu’à l’âge de 12 ans. Cependant, elle avait tellement œuvré à devenir plus française que les Français, qu’elle ne m’a jamais rien raconté de son passé italien. Or, je m’appelle Ughetto. Une anecdote, à ce propos : j’avais 11 ans quand un copain m’a dit un jour « va voir au cinéma, il y a un film sur toi ». Le film s’appelait Le Temps du ghetto [de Frédéric Rossif (1961)]. Je n’ai pas pu le voir, car il était interdit aux moins de 16 ans, mais je me demandais pourquoi ils avaient fait une telle erreur sur mon nom. C’est dire combien cette question me travaillait ! Puis, durant mes études, j’ai toujours choisi en option des matières ayant trait au cinéma italien. Le choix était inconscient. Quand je l’ai compris, j’ai désiré creuser cette histoire et, il y a dix ans, j’ai entrepris des recherches, questionné des cousins, des cousines pour retracer le parcours de mes grands-parents.

Quel a été le déclic qui vous a conduit à tirer un film de leur histoire ?

Quand j’ai lu Le Monde des vaincus, du sociologue Nuto Revelli [ouvrage sur la vie des paysans du Piémont, de la fin du XIXe siècle à nos jours, paru aux éditions La Découverte, 1980]. L’auteur y rapportait des paroles de paysans qui racontaient la misère, les guerres, avec leurs mots à eux. J’y ai entendu la voix de mon grand-père. C’était un cadeau. Dans ma tête, c’est devenu un film.

Dans votre film, vous mettez aussi en scène sa fabrication et faites intervenir votre propre main. Ce parti pris s’est-il imposé dès le début ?

Oui. J’ai d’abord choisi de raconter l’histoire de mon grand-père à travers ma grand-mère et le dialogue fictif que j’établis, dans le film, entre elle et moi. Et tout de suite après, je me suis interrogé sur la façon dont j’allais m’intégrer au récit. Il m’est alors apparu que cette histoire, restée sous silence, s’est en fait transmise de main en main. Mon grand-père fabriquait ses outils lui-même, il a toujours travaillé de ses mains. Mon père avait une passion pour le bricolage, il a construit lui-même sa maison. Et moi, je suis un artisan, je fabrique de l’animation en volume qui commence toujours par du bricolage de matériaux. Je voulais raconter ce savoir transmis.

Il vous reste 44.97% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Découvrir les offres multicomptes
  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.