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Alerte aux dangers du gaz hilarant : "Il en consomme 150 fois par jour, j'ai l'impression d'avoir perdu mon fils"

Le nombre de consommateurs de protoxyde d'azote explose depuis plusieurs années. Mais désormais, des cas graves, problèmes neurologiques ou psychiatriques, se déclarent et inquiètent les autorités sanitaires.

"Du protoxyde d’azote, il peut en prendre 100 à 150 fois par jour, il commande des grosses bonbonnes sur internet... On fait tout pour l’aider, mais il rechute tous les deux, trois mois... ça me fait mal, si mal".

Laurence, mère de famille d'Occitanie, témoigne en sanglots quand elle nous contacte "pour alerter les jeunes" sur les dangers du protoxyde d’azote. Son fils Pierre (*), âgé de 31 ans, est devenu totalement accro à ce gaz hilarant détourné de son usage domestique. Comme des milliers de jeunes utilisateurs, il inhale ce gaz habituellement utilisé dans les capsules pour siphon culinaire, surtout à crème chantilly.

Le nombre de cas graves multiplié par trois

D’où le constat, par de nombreux riverains, de ces cartouches traînant sur le bitume. L’utilisation n’est pas nouvelle contrairement à ses conséquences sur la santé en cas d’absorption massive.

L’agence du médicament (ANSM) vient de tirer la sonnette d’alarme : le nombre de cas graves a été multiplié par trois, passant de 82 en 2020 à 265 en 2021. Même constat dans l’ex Languedoc-Roussillon, selon les chiffres du centre régional d’addictovigilance : 64 cas en 2022 avec complication sévère ou non sévère contre 17 cas en 2021 et 13 en 2020.

"C’est terrible parce que ça paraît anodin, ça fait rigoler. Quand j’ai amené mon fils il y a cinq ou six ans chez le psychologue, personne ne connaissait" se rappelle Laurence. Pendant ses études, Pierre a commencé à vider des ballons de “proto” pour s’amuser avant qu’une blessure touchant ce handballeur de bon niveau ne casse son élan sportif et social. Et qu’il consomme toujours plus, lui qui n’a jamais bu, ni fumé.

"On a même essayé l'hypnose"

"Je me suis bagarrée pour qu’il s’en sorte, je l’ai amené chez des médecins, on a même essayé l’hypnose" poursuit Laurence. Sans succès. Depuis plusieurs années, c’est rechute sur rechute, lorsque celui qui est fonctionnaire et père de famille, va prendre le gaz hilarant dans sa voiture, sur un parking.

"Il pleure quand il a des épisodes comme ça, il a des envies de mourir, ce n’est plus le même, j’ai l’impression d’avoir perdu mon fils... Mais il ne peut pas s’en empêcher, il me dit que ça dure deux secondes et c’est le même effet que s’il faisait un très, très grand match de hand" rapporte la mère de famille. Le mal est fait psychologiquement, Pierre, suicidaire, multipliant les messages insultants à ses proches quand il est sous "proto".

"Je lui dis qu'il va devenir un légume"

Mais Laurence craint le pire, elle connaît les risques neurologiques : "Un jour, ça finira mal, il sera handicapé, je lui dis qu’il va devenir un légume...".

Ce cas n’est pas isolé. Au centre de rééducation fonctionnelle neurologique Propara de Montpellier, on confirme un passage plus soutenu de personnes touchées par des paralysies liées au protoxyde d’azote. Idem dans le bureau de l’addictologue héraultaise Hélène Donnadieu, même si chez ses patients, la consommation de gaz hilarant se greffe le plus souvent à d’autres addictions.

"J’ai un cas gravissime, avec une addiction au "proto", trois ou quatre grosses bonbonnes consommées par jour et en continu, et avec beaucoup de complications. Nous en avons quelques-uns comme cela et c’est inquiétant" confirme la spécialiste. "Ce phénomène nous inquiète depuis plus de 5 ans et beaucoup de choses ont été mises en place notamment pour les jeunes".